Alija Izetbegović

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Alija Izetbegović (8 août 1925 à Bosanski Samac, Bosnie-Herzégovine- 19 octobre 2003 à Sarajevo, Bosnie-Herzégovine) était un homme politique bosniaque musulman et philosophe dans l'ancienne Yougoslavie.

[modifier] Biographie

Après le déménagement de sa famille à Sarajevo dans les années 30, Alija Izetbegovic y fait ses études au lycée normal pour garçons. Il devient membre de l'Organisation humanitaire musulmane pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1939, il est un des membres fondateurs de l'organisation panislamique Mladi Muslimani (Jeunes Musulmans) au lycée de Sarajevo. [1]

Au printemps 1943, au plus fort de la guerre des partisans dans les Balkans, le SS Führungs Haupt Amt (office supérieur des SS à Berlin) d'Heinrich Himmler décide de lever une nouvelle division de Waffen-SS destinée à renforcer les unités de lutte anti-partisans. Ce sera la 13e division SS de montagne Handschar . A Sarajevo, ce sont les Mladi Muslimani, dirigés par Alija Izetbegovic, qui mènent à bien le recrutement de ces volontaires musulmans de la Waffen-SS.

En avril 1943, Alija Izetbegovic organise dans la capitale de la Bosnie, la visite officielle du grand mufti de Jérusalem, Hadj Amin al-Husseini(cette visite intervient dans le cadre d'un accord officiel avec Adolf Hitler: Husseini édicte une fatwa stipulant que l'enrôlement des quelque 4,5 millions de musulmans des Balkans dans les forces du Reich est une « obligation religieuse »).

Comme en attestent les archives du SS Führungs Haupt Amt de Gottlob Berger à Berlin, Alija Izetbegovic met en place des bureaux de recrutement pour la toute nouvelle division SS bosniaque (appelés Ersatzkommando der Waffen-SS). Il s'agit d'enrôler les milices musulmanes jusqu'alors soumises à l'Etat indépendant de Croatie d'Ante Pavelic. Ce qui ne va pas sans créer quelques frictions avec les Oustachis. Les miliciens de Nasid Topci, les Cadres verts du major Muhammad Hadziefendic ainsi que de nombreux éléments de la Légion islamique d'Huska Miljkovic en Bosnie orientale, comptent parmi les premiers volontaires pour la 13e division SS de montagne Handschar (division SS bosniaque). Alija Izetbegovic organise la réception officielle à Sarajevo lors de la visite d'inspection d'Himmler à la division Handschar en avril 1944. Pourtant, Izetbegovic ne s'engagea jamais sous l'uniforme des Waffen-SS.

En 1946, Alija Izetbegovic est condamné à 3 ans de prison pour « nationalisme et islamisme » par le pouvoir communiste yougoslave.

Il étudie, au sortir de prison, le droit et obtient sa licence en 1956. Il travaille ensuite pour la compagnie "Bosna" pendant les trente années qui suivirent.

En 1970, il publie à Sarajevo une première version de la Déclaration islamique, brûlot destiné à jeter les bases d'une grande Bosnie musulmane et ethniquement purifiée sur les principes de la Charia. Il se rapproche alors des islamistes iraniens.

En 1984, il est condamné à 14 ans de prison (non effectuées dans leur totalité) pour « nationalisme musulman visant à faire de la Bosnie un Etat ethniquement pur ».

En 1990, il devient président de Bosnie-Herzégovine et publie une deuxième éditition de sa Déclaration islamique. [2]

En 1992, il proclame l'indépendance de la Bosnie-Herzégovine. De 1992 à 1995, il dirige la lutte armée contre les Serbes et les Croates avec l'aide des pays musulmans du Golfe persique, de l'Union européenne, des USA et de l'OTAN. Pratiquant la purification ethnique, il est alors perçu par les extrémistes islamistes comme un chef de guerre musulman à soutenir.

En 1995, il édifie une entité musulmane au sein de la Fédération de Bosnie-Herzégovine (FBiH) sur des bases islamistes. Il est devenu depuis le président de cette FBiH. [3]

En octobre 2000, il démissionne de la présidence tripartite de Bosnie-Herzégovine. [4]

[modifier] Œuvre politique

Alija Izetbegović publie en 1970 la Déclaration Islamique dans laquelle sont stipulés les principes d'un État islamique sunnite; la Bosnie en tant que telle n'y est pas spécifiée (l'ouvrage est réédité en 1990). On peut y lire: "Il n'y a pas de paix, ni de coexistence entre la religion islamique et les institutions sociales non islamiques [...] l'islam exclut clairement le droit et la possibilité de la mise en oeuvre d'une idéologie étrangère sur son territoire. Il n'y a donc pas de principe de gouvernement laïc^et l'Etat doit être l'expression et le soutien de concepts moraux de la religion. Le mouvement islamique doit et peut prendre le pouvoir dès qu'il est normalement et numériquement fort à tel point qu'il puisse non seulement détruire le pouvoir non islamique, mais qu'il soit en mesure de construire le nouveau pouvoir islamique [...]. Dans les conditions actuelles, la fonction naturelle de l'ordre islamique étant le rapprochement de tous les Musulmans et de toutes les communautés musulmanes dans le monde, cette tendance implique la lutte pour la grande Fédération Islamique, du Maroc à l'Indonésie et de l'Afrique tropicale à l'Asie centrale..." (Alija Izetbegovic, Islamska Deklaracija, texte original, trad. Nicolas Dostoyanne, Dzumadel-ula, 1990) [5]

En 1983, Alija Izetbegović , aux côtés d'autres Bosniaques, est jugé lors d'un procès-politique sur les bases de "nationalisme musulman" et "propagande ennemie." Il est condamné à purger quatorze années de pénitencier à Zenica.

En 1984, est publié aux Etats-Unis son ouvrage l'Islam entre l'Est et l'Ouest (Alija Izetbegović, Islam between East and West, American Trust Publications, Indianapolis, Ind., USA, 1984). Il y affirme: "l'Islam ne peut en aucun cas coexister avec d'autres religions dans le même Etat, sauf comme un expédient à court terme. Sur le long terme, par contre, après être devenus plus forts, dans un pays quel qu'il soit, les Musulmans ont le devoir de s'emparer du pouvoir et de créer un Etat authentiquement islamique".

Alija Izetbegović est ensuite amnestié et libéré en 1988 lors du courant de libéralisation qui mena à la chute du régime communiste en Yougoslavie. Alija Izetbegović réédite l'Islam entre l'Est et l'Ouest en serbo-croate au lendemain de sa remise en liberté cette même année. A sa sortie de prison, il visite plusieurs pays du Proche-Orient.

En 1989, revenu en Bosnie-Herzégovine, Alija Izetbegović fonde le SDA (Stranka Demoktatske Akcije, Parti de l'Action Démocratique). Cette formation, ouvertement islamiste, a pour but l'islamisation des Balkans. Lors des premières élections libres tenues en Bosnie-Herzégovine, son parti obtient 33% des suffrages, ce qui en fait le parti le plus puissant en Bosnie.

À l'été 1991, alors que la Croatie est attaquée par l'armée serbe, Izetbegovic a refusé de prendre parti contre la politique d'agression serbe, par peur de voir le conflit s'étendre à la Bosnie-Herzégovine.

En mars 1992, la Bosnie-Herzégovine déclare son indépendance de la République fédérale socialiste de Yougoslavie alors en dissolution. L'indépendance de la Bosnie est reconnue par les États-Unis d'Amérique et par les membres de la Communauté Européenne en avril de la même année.

En 1993, à Riyad, Alija Izetbegovic reçoit solennellement - en argent liquide, sous le haut patronage du roi Fayçal - le Prix islamique de 93333 dollars "en récompense en faveur du jihad" (cf. Agence Reuter, Dubaï, 11 sept. 1993).

Alija Izetbegović souhaitait faire de la Bosnie un État unitaire. Ce souhait fut perçu par les Croates et les Serbes de Bosnie comme le désir de la part des Musulmans de dominer la Bosnie par la centralisation.

Il a été le président de la Bosnie-Herzégovine de 1990 à 1996, puis membre de la présidence collégiale de ce pays de 1996 à 2000.

Izetbegovic signe, aux côtés du Président croate Franjo Tudjman et du Président serbe Slobodan Milosevic les accords de paix de Dayton en novembre 1995.

Alija Izetbegović se retire de la vie politique en 2000. Il décède des suites de maladies cardiaques en 2003.

Le 11 août 2006, sa tombe au cimetière de Kovaci à Sarajevo est endommagée par une explosion. Cet acte est probablement d'ordre "politique".