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Histoire de la Corse - Wikipédia

Histoire de la Corse

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La Corse est une île située au cœur de la Méditerranée occidentale — à 200 kilomètres de Nice et à seulement une dizaine de kilomètres de la Sardaigne et de l'île d'Elbe (Toscane). L'île a longtemps occupé une position stratégique sur les routes maritimes. Elle est également une « montagne dans la mer » avec une arête centrale Nord-Sud sur toute sa longueur ce qui est à l'origine de difficultés de communication. Ces différents aspects ont contribué à expliquer sa spécificité et son originalité. Avec ses 8 778 km², elle est la quatrième île de la Méditerranée, derrière la Sicile, la Sardaigne et Chypre.

Sommaire

[modifier] Préhistoire

Les premières traces de présence humaine en Corse dateraient de -80 000 /- 60 000 ans (site de Macinaggio à l’est du Cap Corse), avec notamment des strates de foyers similaires à celles qui ont été retrouvées à l’île d’Elbe. La présence humaine ne laisse pas de traces ensuite.

[modifier] Néolithique

Les traces de l’homme ne se retrouvent ensuite qu’au IXe millénaire avant l'ère chrétienne. L’île ne semble pas avoir été habitée entre temps. La présence d’un groupe humain est attestée au VII-VIe millénaire, chasseurs-cueilleurs et certainement pêcheurs, se nourrissant entre autres du lapin-rat (pika endémique, du genre Prolagus) et également de coquillages. De cette époque ont été datés plusieurs sites et notamment celui de l’Araguinna Sennola, près de Bonifacio. Ce site, dont les fouilles ont commencé en 1966, a révélé un squelette féminin datant de -6500. Le néolithique va perdurer très longtemps en Corse, mais débute également plus tôt que dans les autres régions tyrrhéniennes.

D. Binder et J. Guilaine font en effet remarquer dans leur rapport Radiocarbone et processus de la néolithisation en Méditerranée centrale et occidentale que « dans la zone tyrrhénienne (Sardaigne, Corse, Latium, Toscane, Ligurie), les premiers horizons néolithiques dans la première moitié du VIe millénaire montrent généralement des styles céramiques structurés du Cardial et de l’Impressa ». La datation au carbone 14 a en effet donné de 5750 à 5350 av. J.-C., soit les dates les plus anciennes connues en Méditerranée. Contrairement à ce qui est attesté en Sicile, on ne trouve pas trace du mésolithique dans l’aire tyrrhénienne où surgit un néolithique précoce ou pré-néolithique. Ce « néolithique ancien cardial » a été identifié en divers endroits comme à Saint-Florent, Vizzavona ou Filitosa. En Corse et en Sardaigne, ce « pré-néolithique » est selon D. Binder et J. Guilaine « largement antérieur à la diffusion du néolithique dans les Balkans et en Méditerranée centrale ».

Le premier néolithique en Corse appartient à la grande culture céramique de type Cardial ou Impressa (Gabriel Camps, 1988), à la seule exception du site de Curacchiaghiu, très proche des sites sardes de la même période. Ce premier néolithique est diffusé à travers toute l'île a des caractéristiques très proches de la facies toscane méridionale, dite de Pienza. Gabriel Camps conclut : « C'est donc avec la Toscane voisine que la Corse présente [...] les plus grandes ressemblances », il insiste sur « la primauté des relations entre la Toscane et la Corse. » Cette primauté des relations remonte sans nul doute déjà au mésolithique et explique les dernières découvertes qui permettent de conclure sur cette période, sur le premier peuplement de la Corse : dès le néolithique les Corses seraient une population de langue italique, en provenance du continent, qui aurait parlé une langue proche des langues parlées en Toscane et Ligurie (sous-groupe dit tyrrhénien). Cette variante aurait été ensuite successivement influencée par la Sardaigne en ce qui concerne la Corse du Sud, par l'Italie des Osques et des Ombriens (indo-européens) pour toute la Corse mais surtout le sud-ouest et par les Celtes pour toute l'île mais surtout la Corse septentrionale. Les anciens parlers en Corse, avant l'occupation romaine, avaient donc un fonds commun tosco-ligure, et ont ensuite été profondément romanisés. Ils ne constituent au plus qu'un lointain substrat au corse moderne qui est inconstestablement un dialecte du toscan archaïsant comme le gallurais. L'interjection répandue Ajo ! en est sans doute un reliquat.

À partir de -5000 le peuplement de l’île s’intensifie avec l’arrivée de migrants vraisemblablement Ligures venus par cabotage par l’archipel toscan. Dès le VIe millénaire, ces nouveaux groupes néolithiques amènent avec eux les céréales et les animaux domestiques (le chien), pratiquent le défrichage ce qui conduira à l'extinction d'une partie de la faune endémique. De nombreux échanges existent entre Corse et Sardaigne. Ils concernent l'approvisionnement des néolithiques corses en obsidienne et silex sardes, roches utilisées pour confectionner de nombreux outils. Des influences continentales sont aussi décelables. Au IVe millénaire la production lithique et céramique de l'île s'inscrit dans le courant chasséen du néolithique de l'ouest méditerranéen. À la fin du IVe millénaire, une métallurgie du cuivre local apparaît sur le site de Terrina. On peut dire qu'à cette époque existe une véritable société insulaire organisée en villages ayant entre eux un réseau d'échanges et où l'île entretient des rapports commerciaux constants avec ses voisins.

Les vestiges laissés par la préhistoire en font en outre l'un des endroits privilégiés de l'Europe pour l'étude de cette période, et l'île représente aussi la plus grande concentration de statues-menhirs et menhirs de toute la méditerranée.

  • Les constructeurs de mégalithes
Alignement de menhirs de Palaghju, Corse du Sud
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Alignement de menhirs de Palaghju, Corse du Sud

Les statues-menhirs qu'on trouve en divers endroits de l’île ; érigées entre -1500 et -1300, sont dues aux premières vagues de nouveaux migrants. Celles-ci représentent des guerriers portant épées courtes, ceintures ou baudriers, cuirasses sculptées en bas-relief. Celles-ci sont généralement tournées la face vers la mer, semblant monter la garde dans l’attente d’éventuels envahisseurs, comme pour en conjurer la venue. Une nouvelle vague de migrants arrive effectivement alors, et ce sont eux que ces statues-menhirs représentent. Voler l’image de l’ennemi équivaut effectivement à lui voler son âme dans les sociétés primitives, et ces statues-menhirs sont sans doutes autant de conjurations contre cet ennemi que de victoires dans un premier temps remportées sur lui.

Mais les nouveaux venus, très probablement nombreux, finissent par s’établir sur l’île. C’est l’époque, vers la moitié du second millénaire avant l'ère chrétienne, où les Peuples de la Mer déferlent en Méditerranée. On connaît ces envahisseurs du nom que leur ont donné les égyptiens : les Shardanes. Ils laisseront du reste leur nom à la Sardaigne voisine où ils s'établissent antérieurement.

Les modes de vie de ces deux groupes humains sont différents. La population pré-existante pratique l’inhumation tandis que les nouveaux arrivants pratiquent l’incinération, ce qui tend à indiquer la prépondérance d'élément indo-européens. En outre, pour affronter ainsi massivement la mer jusqu’à ces îles lointaines de la méditerranée occidentale, depuis l’Égypte où ils sont pour la première fois mentionnés, ce sont certainement de bons constructeurs de bateaux et de bons navigateurs. Contrairement à cette population proto-corse, les nouveaux venus ne représentent pas la figure humaine. Ils vont cependant laisser le témoignage de leurs constructions cyclopéennes : la civilisation mégalithique.

Casteddu d'Araghju, Corse du Sud
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Casteddu d'Araghju, Corse du Sud

Ceux-ci sont les fameux constructeurs de « Tours », que les Sardes appellent « nuraghes » (voir culture nuragique). Avant de se fondre en une seule population, les conflits durent être nombreux entre les « proto-corses » et les constructeurs de mégalithes qui dressent des murs d’enceinte souvent à proximité de leurs tours. Le fait que les constructions mégalithiques en Corse sont toutes situées au sud d’une ligne allant d’Ajaccio à Solenzara, limite de leur expansion, tandis que l’on trouve des statues-menhirs dans la partie la plus septentrionale, comme à Patrimonio par exemple, induit à penser que les proto-corses aient reflué vers le nord de l’île devant l’invasion des nouveaux arrivants. Les deux populations auront néanmoins fusionné lorsque les Phéniciens « découvriront » l’île . Quoi qu'il en soit, ce type de constructions mégalithiques apparaît en Sardaigne à partir du XVIIIe siècle, tandis qu'elles apparaissent dans le sud de la Corse à partir de 1500 Av.J.C., ce qui induit à penser que les nouveaux venus débarquent le plus vraisemblablement de Sardaigne où ils étaient déjà préalablement installés.

[modifier] Proto-histoire

L'île est sans doute connue des Phéniciens, auxquels elle devrait son nom de Kyrnos. Les Phéniciens propagent dans leur sillage l'agriculture : la vigne et le vin, l'olivier et l'huile, le blé et le pain ; leur organisation de la cité et l'écriture. Ils exploitent et commercent dans le monde antique les mines de cuivre, de plomb, d'étain, d'argent et de fer.

Les Phéniciens sont considérés comme parmi les meilleurs navigateurs du monde antique de cette époque. Ce sont avant tout des commerçants, non des colons, ils ne s’installent qu’entre terre et mer, sur des îlots, dans des criques protégées, dans l’arrière-pays desquelles ils cultivent ce qui est nécessaire à l’alimentation de leurs comptoirs et au remplissage de leurs entrepôts pour le ravitaillement de leur navires. Malte, les îles Pélagie, Utique et Motya en Sicile, Tharros et Nora dans le sud-est de la Sardaigne sont autant d’étapes sur leur route. Il n'est guère possible qu’ils n’aient abordé les rivages corses, même si il ne subsiste aucune trace de leur passage sur l’île. Les cités côtières étrusques et ses ports, comme Pyrgi ou Populonia, sont autant de comptoirs pour eux et, pour conserver de bons rapports avec le pays des tyrréniens, sans doutes jugent-ils préférable de leur laisser la prérogative du commerce avec l’île d’Elbe et la Corse dont ils trouvent les produits sur les marchés d’Étrurie.

Les Étrusques entreprennent réellement l'exploitation de la Corse. Ils se sont en effet tacitement partagé la domination de la Méditerranée occidentale avec les Carthaginois (voir Carthage) pour en contrôler le commerce. Aux Carthaginois reviennent la Sardaigne, l'Afrique du nord et le sud de l'Espagne, aux Étrusques la Corse et le littoral gaulois.

  • Le monde tyrrhénien

Selon Servius (Aen. X, 172), mentionné par Mario Torelli dans son Histoire des Étrusques, il est fait allusion à la fondation de Populonia (du nom du dieu étrusque Fufluns -Bacchus-), grand port et principal centre métallurgique de l'Étrurie, par les Corses, chassés par la suite par les habitants de Volterra. Ceci suggère qu'avant la naissance de l'Étrurie, lors de la période de la culture de Villanova, la population corse et la population de l'Italie centrale face à la Corse doit être sensiblement la même, et que pour le moins ils entretiennent des rapports étroits et se connaissent bien.

Le même texte fait également allusion à une histoire de piraterie sarde et corse dans l'aire tyrrhénienne, et ce durant le premier âge de fer. La barque votive figure dans les bronzes sardes et semble assez populaire dans ces îles de la méditerranée occidentale. Les échanges commerciaux entre l'Étrurie, la Sardaigne et la Corse semblent avoir été particulièrement intenses à cette période. Sur cette toile de fond viennent s'insérer les Phéniciens, probables médiateurs, et tirant les ficelles des relations commerciales de la région.

Le latrocinium (la piraterie) qui est relaté par les sources anciennes, n'est que l'autre facette du commerce maritime, et semble marquer les relations de deux entités qui d'une part s'affrontent et d'autre font du commerce : d'une part la légendaire occupation corse de Populonia, et d'autre la relative domination étrusque le long de la côte orientale de la Corse à l'époque historique.

Les sources écrites, principalement grecques, sont souvent contradictoires et, en en recomposant le puzzle de bribes éparses qu'elles forment, on parvient à situer la Corse et son histoire dans le monde méditerranéen et particulièrement sa place et son rôle en Méditerranée occidentale, mais on ne sait que relativement peu de chose sur la vie de sa population. C'est davantage grâce aux fouilles archéologiques effectuées dans l'île qu'on peut en avoir une idée plus précise.

[modifier] L'antiquité

Les Phéniciens, venus de Tyr, commercent avec la Corse, mais ne s’y arrêtent pas.

Les Grecs de Phocée, chassés d’Asie Mineure par les Perses, essaiment en Méditerranée Occidentale et fondent une nouvelle Phocée (Marseille), puis, vers 565 av. J.-C. Alalia, sur la côte orientale corse. Les colons grecs contrastent avec la population locale. Ils construisent une cité en dur, introduisent la vigne, l’olivier et le blé, enseignent l’écriture, exploitent les gisement d’argent, de fer et de plomb, tandis que les autochtones se replient sur les hauteurs, le maquis et la forêt pour y vivre de l’agriculture, de la récolte du miel et surtout de l’élevage (chèvre). Cependant, le commerce existe entre les deux.

Après l’invasion de l’île d’Elbe, les Etrusques, venus de Toscane, s’allient aux Carthaginois, héritiers des Phéniciens et maîtres des rivages nord-africains et de la Sardaigne. En 535 av. J.-C., leurs flottes affrontent celle des Phocéens au large d’Alalia. Après cette bataille, la population du comptoir devient largement cosmopolite, et les trois peuples y cohabitent.

Cependant, en 453 av. J.-C., les Syracusains débarquent sur l’île et chassent les Etrusques. Ils aménagent un port dans un golfe du sud de la plaine orientale : Port Syracusain (Porto-Vecchio). Plus tard, vers 280 av. J.-C., les Carthaginois, reviennent prendre la place des Syracusains. Seuls maîtres de l'île et de sa plus grande ville, Alalia, ils déciment la Corse en détruisant nombre d’arbres fruitiers et de plantes comestibles et en interdisant toute agriculture.

[modifier] L'époque romaine

Lors de la première guerre punique, Rome conquiert Alalia et chasse les Carthaginois. Les affrontements débutent en -259 avec le débarquement des troupes romaines du consul Publius Cornelius Scipion. Sur le littoral et dans les vallées, la colonisation est féconde. Rome respecte les us locaux (dieux, tribus, etc.). En -221, la Corse est réunie à la Sardaigne dans la province romaine de Corse-Sardaigne. Plus tard, Auguste l'érige en province impériale, son procurateur vivant à Alalia, devenue Aleria. En tant que colonie de peuplement, des terres corses sont donnés aux vétérans de l’armée (notamment à Mariana, près de Bastia). De la conquête romaine, la Corse garde sa langue latine, quelques routes et ponts, des stations thermales (ex. Orezza et Speloncato), des ports et des villes. La Corse exporte granite, minerais, huile d’olive, miel, liège, etc. Certains Corses, à même d’acquérir la citoyenneté, émigrent parfois pour servir dans les administrations romaines ou l’armée. C’est une province calme qui se christianise aux premiers siècles après J.-C., non sans martyres (Sainte Dévote à la fin du IIIe siècle, Sainte Julie vers 450, Sainte Restitude, etc.)

[modifier] Moyen Âge

À la chute de Rome, le déferlement des peuples « barbares » sur l’Europe n’épargne pas la Corse. Les Vandales sont les premiers à arriver, depuis le sud de l’Espagne, en passant par le Maghreb, la Sicile et la Sardaigne. Ils ne sont à l’origine que de massacres, terreur, incendies, famine. Les Corses se réfugient dans les montagnes pour leur échapper. Les Vandales rapportent aussi d’Afrique la malaria ou paludisme.

Les Vandales sont chassés, en 533, par les Byzantins dont les fonctionnaires vivent de rapine, de corruption et de fraude. Puis les Ostrogoths s'aventurent dans l'île. Enfin les Lombards, venus des Alpes, n’occupent l’île que trois décennies mais parviennent à codifier l’usage local de la « dette de sang », future « vendetta ».

Lorsque Charlemagne devient Roi des Lombards, en 774, il confirme une partie de la donation de Quierzy que son père avait fait au pape Etienne II. La Corse entre alors dans l’obédience du Saint-Siège, sans effet réel et immédiat pour le successeur de celui-ci, Adrien Ier.

À partir du VIIIe siècle, les Sarrasins d’Espagne et d’Afrique du Nord (Maures, Berbères ou Arabes) multiplient les attaques sur les côtes corses et mettent les ports à sac, coupant l’île du continent durant près de trois siècles sans vraiment vouloir l’envahir. La population recule à nouveau dans les montagnes et fait appel au pape, supposé propriétaire de l’île. C’est la Marche de Toscane, déléguée par le pape, qui vient à son secours. Selon certains historiens, le blason et le drapeau à la tête de Maure tireraient leur origine de cette époque.

Ces luttes pourraient être à l’origine de la féodalité et de la noblesse en Corse. En effet, les déplacements de population dus aux invasions (émigration, repli dans les hauteurs) cloisonnent les Corses dans les hautes vallées. L’Église officialise ces « pièves » (pievi), regroupements de population plus ou moins isolés les uns des autres, et, vers l’an mil les seigneuries se constituent sous l’autorité du pape : la gestion insulaire est déléguée à un comte (le premier selon la tradition est Ugo Colonna, à l’origine de la noblesse corse), qui nomme des juges locaux. Les seigneurs dressent de petits châteaux ou donjons, assurent la paix et la justice, prélèvent une redevance (accattu). Les vassaux sont surtout liés à leur suzerain par des liens d’amitié et de parenté (clienti) même si la pyramide féodale tend à s’imposer. Certains comtes s’arrogent les droits et privilèges des comtes carolingiens, comme Arrigu Bel Messere, installé dans son « palais » de Poghju-di-Venacu. La disparition de ce dernier marque l’émiettement du pouvoir féodal.

[modifier] L'époque Pisane et Génoise

En raison des désordres que connaît la Corse, au XIe siècle, le pape accorde à l’évêque de Pise l’investiture des évêques corses et les Pisans commencent deux siècles de domination sur l’île. Sous le gouvernement des juges et des seigneurs pisans, des constructions sont édifiées (églises, ponts, etc.). Mais, Pise perd la protection pontificale et des rivalités internes l’affaiblissent. Gênes entre alors en conflit contre son ancien allié dans la lutte contre les Sarrasins. En 1284, à la bataille navale de Meloria, la flotte pisane est détruite. Plusieurs campagnes de Gênes (1289-1290) lui rallient les féodaux, alors que les Pisans renoncent à la Corse. La trêve signée par Pise en juillet 1299 accorde la domination totale de l’île par Gênes. Celle-ci devient génoise pour six siècles, en dépit du Saint-Siège, qui tente en 1297 de confier la direction de la Corse à la maison d’Aragon (Royaume de Sardaigne et de Corse). Les Génois doivent cependant défendre leur nouvelle conquête face aux menaces des Sarrasins (les tours qui ceinturent l’île sont construites plus tard dans ce but), des Aragonais, installés en Sardaigne, des Français, pour qui la Corse est un avant-poste contre l’Espagne. Mais Gênes fonde sa conquête sur sa puissance bancaire.

Gênes partage l’île en dix provinces, elles-mêmes divisées en pièves (les soixante-six pièves reprises du système féodal). Les Génois construisent (urbanisation : Bastia devient siège du Gouverneur, ponts, routes, etc.), développent les vergers, importent de Corse vins, huiles, bois, huîtres, poix, mais imposent lourdement la Corse et s’assurent la quasi-exclusivité du commerce avec l’île. La langue et certains usages (religieux notamment) corses sont grandement influencés par l’occupant.

En 1297, le pape Boniface VIII tente de réaffirmer son autorité sur la Corse et la Sardaigne en y investissant Jacques II, roi d’Aragon, et en 1305, le pape Clément V renouvelle cette tentative. Les Aragonais ne s’attaquent qu’à la Sardaigne pisane, dans un premier temps. Les Génois, craignant de voir la Corse envahie, s’allie aux Pisans pour lutter contre les Aragonais en Sardaigne. Mais bientôt, Jacques II renonce à ses droits sur la Corse en échange de la paix en Sardaigne, et s’y installe. Cependant, en 1346, les troupes du roi d’Aragon Pierre IV débarquent vers Bonifacio, et une guerre éclate entre les Génois et les Aragonais et leurs alliés Vénitiens. Gênes sort victorieuse du conflit mais doit alors faire face à la montée de la puissance de la noblesse corse.

La rivalité entre les féodaux corses, les clans génois et le pape Eugène IV se conclut en 1453 par la session du gouvernement de l’île à une banque, l’Office de Saint Georges. L’Office bâtit de nouvelles tours sur le littoral ainsi que des villes fortifiées : Ajaccio (1492), Porto-Vecchio (1539).

En 1553, les Corses, menés par Sampiero Corso, alliés aux Français et aux Turcs, entament une révolution qui prend Gênes par surprise. Bastia tombe en quelques heures, Corte se rend sans combattre, Saint-Florent et Ajaccio ouvrent leur porte aux révolutionnaires. Bonifacio et Calvi, peuplées de Ligures fidèles aux Génois, résistent à l’abri de leur citadelle. La première tombe, la seconde n’est jamais conquise. L’amiral génois Andrea Doria contre-attaque avec une armada face aux Français, qui ont dégarni la Corse après la victoire et le retrait de leurs alliés turcs. Le général français De Thermes voit les villes tomber tour à tour : Bastia tient huit jours, Saint-Florent résiste trois mois. Sampiero récupère Corte et Vescovato. La Guerre de Corse s’enlise en guerre d’usure : De Thermes et Sampiero sont écartés par la France au profit du général Giordanno Orsini. Le moral des Corses révoltés est entretenu par une suite de guérillas, malgré des représailles jusqu’à la trêve de Vaucelles (5 février 1556), quand Henri II de France rend à Gênes certaines places fortes. Les Génois ne reprennent possession de l’île toute entière qu’avec le traité de Cateau-Cambrésis (3 avril 1559).

L’Office de Saint Georges, qui reprend le commandement de la Corse, impose une série de mesures jugées dictatoriale. La révolte du peuple corse repart lors du débarquement de Sampiero, aidé par Catherine de Médicis, au golfe de Valinco (12 juin 1564). Les insurgés reconquièrent l’intérieur de l’île, laissant les villes côtières aux Génois. Malgré les renforts envoyés rapidement, Gênes n’inflige aucune défaite décisive à Sampiero. Des villages sont détruits, Cervione brûlé, mais Corte se rend aux insurgés. La République doit faire appel aux Espagnols pour reprendre certaines places (1566), tandis que les renforts envoyés par la France à Sampiero s’avèrent inefficaces. Après nombre de trahisons et de désertions dans les rangs insurgés, Sampiero est tué près de Cauro (guet-apens d’Eccica-Suarella, 17 janvier 1567). Son fils de 18 ans ne continue la lutte que deux ans avant de s’exiler en France (1er avril 1569).

La République de Gênes exploite le Royaume de Corse comme une colonie, moyennant des droits à payer à l’Office de Saint Georges. L’administration est réorganisée autour de paroisses démocratiques, une crise ravage l’économie, Calvi et Bonifacio bénéficient de franchises et d’exemption pour leur fidélité aux Ligures, le gouverneur de la colonie instaure un système juridique corrompu. Les Statuts (décembre 1571) garantissent un minimum de justice et le Syndicat défend, pour un temps, les autochtones. Le maquis devient le refuge des condamnés par contumace, mais l’insécurité est réduite par une redevance sur les ports d’armes. Les impôts comme le commerce sont iniques et les Génois se réservent des monopoles. Après 1638, une nouvelle politique économique est alors instaurée : plantation d’arbres et de vignes, accroissement du cheptel, etc. mais aucun Corse ne peut accéder à la propriété. Les bergers corses sont chassés peu à peu des plaines, les autochtones grondent. En 1729, éclate la Guerre d’Indépendance.

[modifier] Les guerres d'indépendance corses

[modifier] Émeutes de 1729

Les émeutes spontanées de 1729 éclatent suite à l'incident de Bustanico, à savoir le prélèvement des impôts par le gouverneur en dépit de la décision de Gênes d'arrêter leur levée. Elles se cristallisent sur le refus de l'impôt, mais les causes profondes sont multiples : la pression fiscale en général, taille et gabelle jugées excessives pour le contexte économique de crise ; mais aussi, les abus des percepteurs génois envers les Corses ; et enfin, l'insécurité exacerbée par la disette, due à des bandits isolés ou à des bandes audacieuses. Cette troisième raison entraîne la demande de rétablissement du port d'armes, dans un souci traditionnel en Corse d'assurer soi-même sa propre sécurité et de se faire sa propre justice. Gênes interprète cette revendication comme un refus de payer l'impôt de deux seini.

Les premières émeutes démarrent en novembre 1729, dans la région du Bozio. La rébellion s'étend par la suite à la Castagniccia, la Casinca, puis le Niolo. Saint-Florent et Algajola sont alors attaquées, Bastia mise à sac en février 1730, et en décembre de cette même année, lors de la consulte de Saint-Pancrate, la Corse élit ses généraux : Luigi Giafferi, Andrea Ceccaldi et l'abbé Raffaelli. Gênes fait alors appel aux troupes de l'empereur Charles IV. Cette intervention impériale de 1731 est repoussée une première fois mais quelques semaines plus tard, de puissants renforts viennent à bout des rebelles. En juin 1733, Gênes accorde au peuple corse certaines concessions garanties par l'Empereur, mais jugées insuffisantes dans l'île. La rébellion reprend quelques mois plus tard, sous le commandement cette fois de Hyacinthe Paoli, le père de Pascal.

[modifier] Théodore de Neuhoff

Voir l’article Théodore de Neuhoff.

Le 15 avril 1736, Théodore de Neuhoff, choisi par des partisans Corses, est élu roi et promulgues des lois qui le rendent populaire. Cependant il ne parvient pas à s'imposer aux monarchies génoise, française, britannique. Dépité au bout de 7 mois, il repart sur le continent. Il tentera un retour en 1738 puis en 1743, avec les Britanniques, sans succès.

[modifier] Les interventions françaises

En 1737, par la convention de Versailles, la France s'engage à intervenir en Corse si Gênes en fait la demande.

Lors de la première intervention, de 1738 à 1741, les troupes françaises, alors alliées à Gênes, débarquent en Corse, où elles sont vaincues à Borgo le 13 décembre 1739. Quatre mois plus tard, le gouvernement français envoie sur l'île des renforts commandés par le marquis de Maillebois, qui obtient la reddition des insurgés en juillet 1740. S'ensuit le départ en exil des chefs de cette rébellion, notamment Giafferi et Hyacinthe Paoli, qui emmène avec lui son fils, Pascal.

En 1745, une coalition anglo-austro-sarde, opposée aux Français, aux Espagnols et aux Génois dans la guerre de succession d'Autriche s'empare de Bastia, avec l'aide de Rivarola, alors chef d'une faction corse. La deuxième intervention française de 1746 permit à Gênes de reprendre la ville, grâce à une discorde entre les chefs Rivarola, Gaffori et Matra. En 1748, Bastia est attaquée par la même coalition, appuyée par les insulaires, mais les assiégeants doivent se retirer avec la paix d'Aix-la-Chapelle.

À partir de 1748, l'île est administrée, pour le compte de Gênes, par le marquis de Cursay. En octobre 1752, les patriotes corses rejettent les règlements proposés par Cursay et adoptent un nouveau système de gouvernement sous le commandement de Gaffori. Cursay est renvoyé en décembre de la même année. Un an plus tard, Gaffori est assassiné. Il s'établit alors une régence présidée par Clémente Paoli, qui rappelle Pascal Paoli en Corse. Le 14 juillet 1755, ce dernier est élu général en chef de Corse à la consulte du couvent Saint-Antoine de la Casabianca d'Orezza. En novembre, sa constitution est adoptée par une consulte de Corte : elle prévoit la séparation des pouvoirs et le vote des femmes. Considérée comme la première constitution démocratique des Temps Modernes, Jean-Jacques Rousseau, Voltaire, James Boswell et de nombreux penseurs des Lumières en présentent les mérites.

[modifier] Pascal Paoli, général de la Corse

En 1757, les Matra, appuyés par Gênes, Colonna de Bozzi, allié de la France, soulève une révolte. Pascal Paoli, alors élu général de la Nation, les écrase. Il crée une marine qui lui permet de soumettre le Cap Corse en 1761 et de s'emparer de Capraia en 1767, mais échoue cependant dans sa tentative de prendre d'assaut les villes côtières génoises.

En 1756, les Français signent le traité de Compiègne qui accorde à Gênes des subsides et des troupes pour occuper Ajaccio, Calvi et Saint-Florent jusqu'en mars 1759. En 1758, Pascal Paoli fonde l'Île-Rousse. Quatre ans plus tard, il fait adopter le drapeau à la tête de Maure et crée une monnaie. Le 6 août 1764 est signé le second traité de Compiègne. Les troupes françaises s'engagent alors à tenir garnison dans les trois villes déjà occupées ainsi qu'à Bastia et à Algajola pendant quatre ans. En 1765, Corte devient la capitale de la Corse, et une université y est créée.

Bien que Pascal Paoli continue à correspondre avec le duc de Choiseul dans l'espoir d'assurer l'indépendance de la Corse, le 5 mai 1768, par le traité de Versailles, Gênes cède à la France la souveraineté sur l'île.

[modifier] La pacification royale

En juillet 1768, suite au traité de Versailles, la France prend possession de la Corse. Les troupes françaises occupent le Cap Corse, et un mois plus tard, le marquis de Chauvelin débarque avec de nombreuses troupes sous son commandement. Les Français sont vaincus à Borgo en octobre. Mais, au printemps 1769, le comte de Vaux débarque avec 24 000 hommes et bat les patriotes le 8 mai à Ponte Novu.

Pascal Paoli quitte la Corse le 13 juin 1769. Napoléon Bonaparte naît un mois plus tard (le 15 août 1769). En 1774, les nationalistes se révoltent, mais sont réprimés dans le Niolo. C'est le début d'une longue série d'amnisties (1776), dont Paoli, alors à Londres, refuse de profiter.

La Corse est gouvernée par Marbeuf et devient pays d'États. Les États de Corse, assemblés et composés de 23 députés de chacun des trois ordres, choisis par élection indirecte, se réunissent huit fois entre 1770 et 1785. L'assemblée n'a qu'un rôle consultatif : toute décision dépend des commissaires du roi, l'intendant et le commandant en chef. L'administration confie peu de postes aux Corses sauf dans les échelons subalternes de la magistrature. L'administration des communes reste toutefois aux mains des autochtones. L'ordre de la noblesse est créé, des titres sont accordés à plus de 80 familles (parmi lesquelles les Bonaparte). Les nobles ne bénéficient pas de privilèges féodaux, mais peuvent obtenir divers avantages : concessions de terres, places d'officiers dans des régiments formés pour les Corses, bourses pour leurs enfants dans des geôles du continent.

Les tentatives de développement agricole et industriel sont peu efficaces. Les impôts directs, perçus dès 1778 en nature, pèsent surtout sur les pauvres. Les premières routes sont construites (de Bastia à Saint-Florent, et de Bastia à Corte) et le plan Terrier est mis en œuvre. Les recensements démontrent un accroissement continu de la population. En 1789, alors que la Révolution éclate en France, l'Assemblée nationale, incitée par une lettre d'un comité patriotique de Bastia, décrète que la Corse est désormais partie intégrante de la monarchie française. Les Corses exilés sont alors autorisés à rentrer en France. Le 15 janvier 1790, la Corse devient un département avec Bastia comme chef-lieu et siège de l'unique évêché.

[modifier] La Révolution et le Royaume Anglo-Corse

En juillet 1790, les révolutionnaires français autorisent le retour de Pascal Paoli sur le territoire insulaire. En septembre, il est élu commandant en chef des gardes nationales Corses, puis président du Conseil général du département. En juin 1791, une émeute religieuse éclate à Bastia, après la déposition de l'évêque qui refuse de prêter serment à la Constitution civile du clergé. Paoli la réprime et, en 1792, transfère le chef-lieu à Corte, s'attirant ainsi l'hostilité des Jacobins Corses, dont Christophe Saliceti et les frères Bonaparte.

Le 1er février 1793, la Convention décide d'envoyer trois commissaires (dont Saliceti) en Corse pour surveiller la conduite de Pascal Paoli. Le même mois, ce dernier est tenu pour responsable de l'échec d'une expédition contre la Sardaigne à laquelle participait Napoléon Bonaparte. Le 2 avril, la Convention décrète son arrestation, ainsi que celle de Charles André Pozzo di Borgo: Lucien Bonaparte les accuse de despotisme. Face aux menaces des Paolistes, les commissaires en Corse depuis le 5 avril, hésitent cependant à exécuter l'ordre. Fin mai, une consulte à Corte condamne le gouvernement français et proclame Paoli Père de la Patrie. Ses partisans s'imposent à Ajaccio et saccagent la maison Bonaparte. Avec l'appui de Napoléon Bonaparte, les commissaires tentent d'attaquer Ajaccio par la mer, ce qui se solde par un échec.

En juillet, la Convention met Paoli et Pozzo di Borgo hors la loi, alors que la milice Paolienne tient les troupes républicaines enfermées à Calvi, Saint-Florent et Bastia. Paoli cherche appui auprès des Britanniques qui envoient Sir Gilbert Elliot, accompagné de conseillers militaires, en janvier 1794. Bientôt, des forces britanniques assiègent et occupent Saint-Florent (février), Bastia (avril-mai), et Calvi (juin-août). Les patriotes et les députés, réunis en consulte à Corte le 10 juin 1794, proclament le Royaume Anglo-Corse, promulgue sa Constitution et élèvent Paoli au rang de Babbu di a Patria (Père de la Patrie).

Pourtant, Sir Gilbert est désigné vice-roi, au mécontentement de Paoli. Ce dernier soulèvera alors une émeute en 1795 dirigée contre Sir Gilbert et Pozzo di Borgo. Mais il est rappeler en Grande-Bretagne où il s'exile le 13 octobre 1795. En avril 1796, des émeutes provoquées par le parti républicain éclatent, Sir Gilbert reçoit l'ordre d'évacuer la Corse. Des troupes de l'armée napoléonienne d'Italie occupent par la suite l'île sans rencontrer d'opposition.

[modifier] Premier Empire

En 1796, la Corse est divisée en deux départements, le Golo et le Liamone, dont l'organisation est confiée à Christophe Saliceti. En 1798, le clergé déclenche la Révolte de la Crocetta dans le nord de l'île. En décembre, une coalition de Corses exilés, royalistes, Paolistes et pro-britanniques, suscitent un soulèvement au Fiumorbo avec l'appui de la Sardaigne et de la Russie. Les répressions sont sévéres.

En 1801, Napoléon suspend la Constitution en Corse. Il y envoie Miot de Melito comme administrateur général. Celui-ci mettra en place des concessions fiscales, les Arrêtés Miot. Ensuite, le général Morand gouverne l'île avec une dureté. Le Décret impérial mis en place en 1810 permet de nouveaux dégrèvements fiscaux. Puis l'île est réunie en un seul département, avec Ajaccio pour le chef-lieu. Le général Morand est alors remplacé par le général César Berthier, frère du futur Louis-Alexandre Berthier -maréchal.

L'exil de Napoléon à l'île d'Elbe provoquera des réjouissances à Ajaccio. Bastia accueillera alors des troupes britanniques commandées par le général Montrésor. En mars et avril 1815, des agents de Napoléon envoyés de l'île d'Elbe réussissent à s'imposer en Corse. Durant les Cent Jours, l'île est administrée jusqu'à Waterloo par le Duc de Padoue. En février 1816, a lieu un dernier soulèvement Bonapartiste, la guerre du Fiumorbo, mené par le Commandant Poli. Malgré leur importance et leur résolution, et après une farouche résistance, les partisans de Napoléon, pourtant invaincus, mais assurés de l'amnistie général, quittent la Corse.

[modifier] Époque contemporaine

[modifier] Première Guerre mondiale

Les Corses font preuve d'enthousiasme lors de la mobilisation. Parmi les quelques 40 000 mobilisés, on compte de nombreux engagés volontaires. La Corse est le seul département français à mobiliser des pères de famille comptant six enfants. L'île est privée de main d'œuvre. Le patriotisme ne faiblit pas malgré le retour des premiers blessés (septembre 1914) à bord du Numidia. Parmi les combattant corses de la Marne, de Verdun et des autres batailles meurtrières, se sont illustrés : le 173e régiment de ligne, le général Grossetti et les aviateurs Jean Casale et Marius Ambrogi. En 1918, le torpillage du Balkan, en août, au large de Calvi, entraîne la mort de plus de 500 personnes.

L'arrivée irrégulière des bateaux entraîne de graves problèmes de ravitaillement : le pain, le sucre, le pétrole sont rationnés. La pénurie est aggravée par l'hébergement de 2 000 prisonniers de guerre allemands, cantonnés dans les couvents et pénitenciers, puis utilisés comme mains-d'œuvre dans les campagnes. De plus, la Corse devient une terre d'asile pour les réfugiés (4 000 Serbes et Syriens). Pour subvenir aux besoins de la population, les terres abandonnées à la friche sont remises en culture suivant les pratiques traditionnelles. En septembre 1918, la grippe espagnole ravage certains villages et oblige le préfet à prendre des mesures pour limiter l'épidémie (cercueil plombé, ensevelissement profond).

L'armistice est accueilli dans l'allégresse et l'anxiété du retour des blessés. Des souscriptions permettent d'élever des monuments en l'honneur des 15 000 morts dans les moindres villages. En 1933, la Borne de la Terre Sacrée est inaugurée à Ajaccio. Cependant, en plus des pertes humaines, les départs massifs ou le refus des anciens combattants de rentrer au pays marquent la vitalité de l'île, ce qui accentue le déclin économique.

[modifier] Seconde Guerre mondiale

Le 30 novembre 1938, l'Italie fasciste prétend annexer Nice, la Savoie et la Corse. Le célèbre et pathétique serment de Bastia du 4 décembre 1938, prononcé par Jean Baptiste Ferracci devant 20 000 personnes lui répond en réaffirmant l’attachement de la Corse à la France et le rejet de l’irrédentisme mussolinien : « face au monde, de toute notre âme, sur nos gloires, sur nos tombes, sur nos berceaux, nous jurons de vivre et de mourir français.» Dés le lendemain des comités antifascistes sont créés à Ajaccio et Bastia. À Paris les étudiants corses défilent aux cris de La Corse contre le fascisme !, À mort Mussolini !. Après la défaite et l'armistice du 22 juin 1940, la Corse est rattachée à la zone libre jusqu’en 1942. L'autorité du Régime de Vichy se met en place et la propagande irrédentiste s'amplifie. Deux réseaux de résistance essaient de s'organiser :

Fred Scamaroni établit les premiers contacts avec Londres dès 1941. Dans sa tentative d'unification des mouvements, il est capturé, torturé et se suicide en janvier 1942.

Le 11 novembre 1942, l'Allemagne occupe la zone libre, rompant l'armistice de 1940. Commence alors l'occupation par les troupes italiennes, à raison de 85 000 soldats pour 220 000 habitants, auxquels se joignent 15 000 Allemands. Un occupant pour deux habitants, jusque dans le moindre village, réquisitionnent des maisons et une partie du ravitaillement. Le 14 novembre, le préfet rappelle la souveraineté française et qualifie les troupes d'opération de troupes d'occupation.

La contre-propagande active (tracts sur ronéo, journaux clandestins) apporte le soutien de la population, ce qui permet à certains patriotes de se cacher dans le maquis. À partir du printemps 1943, la résistance est aidée depuis Alger par la France libre : de l'armement est acheminé par parachutage et par les missions du sous-marin Casabianca. Attentats et coups de mains contre les Italiens engendrent arrestations et exécutions (notamment Jules Mondoloni, Jean Nicoli, etc.).

Le 8 septembre 1943, à l'annonce de la capitulation de l'Italie, les Corses se soulèvent. Le 9, les résistants corses, appuyés par les divisions italiennes Cremona et Friuli, passées de leur coté, neutralisent les éléments fascistes. Ajaccio et Sartène sont libérés. En revanche Bastia voit l'arrivée massive des Allemands, renforcés par le repli de la division blindée de Sardaigne qui veut regagner l'Italie par la Corse. Les patriotes et régiments italiens se rallient à la cause de la liberté. De Gaulle envoie des bataillons de choc qui rejoignent les patriotes pour harceler les troupes allemandes le long de la plaine orientale. Ces dernières détruisent ponts routiers et chemin de fer pour protéger leur retraite et le 4 octobre évacuent Bastia. Le 5 octobre, la Corse est le premier département français libéré, et ce par la seule action des patriotes (français et italiens) et des Forces Françaises Libres. L'île devient une base pour la poursuite des opérations en Italie puis pour le débarquement en Provence (août 1944).

[modifier] La Guerre d'Algérie

À partir de 1957, 15 000 à 20 000 rapatriés venus d'Afrique du Nord se sont installés en Corse, soit environ 9% de la population autochtone. La plupart d'entre eux étaient d'anciens Corses. Partis travailler dans les colonies, ils revenaient sur leur île. Les évènement d'Aleria sont notamment liés à la présence Pied-Noir.

[modifier] Évènements d’Aleria

Le 21 août 1975, quelques dizaines d'hommes occupent la ferme d'un viticulteur pied-noir d'Aleria. Ils forment l'Action Régionaliste Corse (ARC), sous la direction d'Edmond Simeoni, et entendent dénoncer un scandale financier. Michel Poniatowski, ministre de l'Intérieur, alors seul représentant du gouvernement (période estivale !) envoie 1 200 gendarmes, les CRS, les hélicoptères et même des auto-mitarilleuses pour les déloger. Deux gendarmes sont tués dans la fusillade. Afin d'éviter un drame plus important, le Dr Edmond Simeoni, leader de l'ARC se rend le 22 août. Les autres militants réussissent à prendre la fuite. Durant la nuit, de violents affrontements éclatent dans Bastia. La ville est alors sous état de couvre-feu et occupée par les blindés et les gendarmes mobiles. L'ARC est dissoute le 27 août. Cette crise marque le point de départ du durcissement du nationalisme corse moderne.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • Francis Pomponi (sous la direction de) Le Mémorial des Corses (7 volumes), SARL Le Mémorial des Corses, 1981
  • D. Binder et J. Guilaine, Radiocarbone et processus de la néolithisation en Méditerranée centrale et occidentale, rapport
  • Prosper Mérimée, Colomba (histoire d'une jeune corse qui pousse son frère à venger la mort de son père)
  • Histoire de la Corse, Collection que sais-je ?, PUF
  • Pierre Antonetti, Histoire de la Corse, Robert Laffont
  • Jean-Ange Galetti, Histoire illustrée de la Corse, Jeanne Lafitte
  • Jean-Victoir Angelini, "Histoire secrète de la Corse, Albin Michel
  • Janine Renucci, La Corse, Collection que sais je ?, PUF
  • Michel Vergé-Franceschi, Histoire de la Corse (2 volumes), éditions du Félin

[modifier] Articles connexes

Préhistoire

[modifier] Liens externes

Préhistoire
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