Massif du Luberon
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Le Luberon (en occitan provençal: Leberon selon la norme classique ou Leberoun selon la norme mistralienne) est le nom donné à un massif montagneux français peu élevé qui s'étend d'est en ouest entre les Alpes-de-Haute-Provence et le Vaucluse : ce massif comprend trois « montagnes » : le Luberon oriental, le Grand Luberon et le Petit Luberon, séparées par deux voies de communication nord-sud : la route départementale 907 et la route départementale 943. Cette dernière relie Lourmarin à Bonnieux et Apt, par la combe de Lourmarin.
Les dictionnaires français des noms propres (Larousse, Robert...) admettent une double forme, Luberon ou Lubéron. Mais certains affirment que les seules orthographe et prononciation correctes sont Luberon, avec un « e » prononcé comme dans « venir ».
Le terme Lubéron, est devenu connoté depuis les années 1980, la plupart du temps avec l'accent sur sa deuxième lettre, et est synonyme de villégiature pour une société généralement aisée, souvent parisienne, internationale ou intellectuelle, plutôt cataloguée à gauche de l'échiquier politique, en recherche de valeurs authentiques, de soleil et d'isolement. Cet article ne traite que du massif montagneux et de ses abords immédiats.
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[modifier] Géographie
Le massif du Luberon est délimité :
- au nord, par la sous-préfecture du Vaucluse, Apt, et la vallée du Calavon qui sépare le massif des Monts de Vaucluse.
- à l'Est par la ville de Manosque.
- au sud, la Durance entoure tout le massif d'Est en Ouest en partant de Manosque, descendant jusqu'à Pertuis et remontant jusqu'à Cavaillon.
- à l'Ouest, par la ville de Cavaillon.
Le point culminant de la montagne du Luberon est le « Mourre Nègre » dans le grand Luberon, sommet arrondi qui s'élève à 1124 mètres d'altitude.
[modifier] Luberons
- Le Luberon oriental est l'extrémité Est du massif, toute proche de Manosque
- Le grand Luberon, c'est le triangle Apt, Lourmarin, Manosque situé dans la partie Est du massif et à l'Ouest du Calavon.
- Le petit Luberon, c'est le triangle Cavaillon, Apt, Lourmarin (cf. carte du Petit Luberon) situé dans la partie Ouest du massif et à l'Est du Calavon.
[modifier] Géologie
Sur l'échelle des temps géologiques, le Luberon se situe de la fin de l'ère secondaire au milieu de l'ère tertiaire.
Le massif montagneux est formé de terrains secondaires (crétacé inférieur), la plaine qui l'entoure est principalement tertiaire.
Cette région est pour cette raison connue comme riche en fossiles de la fin de l'ère secondaire
[modifier] Petit Luberon
Il est constitué d'une zone très large de calcaires marneux coupés par des bancs de calcaire plus durs (Néocomien) formant de grandes falaises. Sur le versant nord, c'est le barrémien qui occupe la plus grande surface.
[modifier] Grand Luberon
Formé de calcaires marneux qui lui donnent son aspect arrondi (Hauterivien).
Autour de Grambois, de Montfuron, de Forcalquier, l'Oligocène composé de calcaires en plaquettes, gypse, lignite, argile, dolomie a donné lieu à des exploitations minières.
En 2000 s'est ouvert à Saint-Maime le musée « Mines et mineurs de Haute Provence » sur le thème de l'évocation de l'exploitation des mines de lignite en Haute Provence et de la mémoire ouvrière.
Tout au nord, près de Manosque, la société Géostock a exploité la présence de couches épaisses de sel pour réaliser un stockage d'hydrocarbures liquides pour la réserve stratégique de pétrole. Vingt six cavités ont été creusées par lessivage du sel, les profondeurs se situant entre 338m et 1153 m. La capacité de stockage est de 422 000 mètres cubes. Geostock et Gaz de France se sont associés pour créer la société Géométhane qui stocke le gaz naturel dans sept cavités, dans les mêmes couches de sel, dont le volume total est de 500 000 mètres cubes.
Après trois ans d'études, la construction d'un nouvel oléoduc souterrain va démarrer en septembre 2006 pour garantir un déstockage complet en moins de six mois. Le chantier, évalué à 115 M €, durera un an.
Enfouie sous 1,20 m de terre, la future canalisation suivra l'ancienne sur la majeure partie du tracé. Mais elle n'a pas eu l'autorisation, contrairement aux deux premières, de traverser l'étang de Berre qu'elle contournera par la plaine de la Crau. Ce détour a provoqué la colère des arboriculteurs et des viticulteurs, qui se voient amputés de terres productives.
[modifier] Région d'Apt
On y trouve de l'Aptien, du Gargasien (correspondant à la réserve géologique de Gargas) et de l'Albien qui forme la vallée d'ocres du Colorado provençal.
Entre Bonnieux et Auribeau, une zone de Burdigalien composé de marnes, molasses et calcaires gréseux forme les célèbres falaises de Buoux.
[modifier] Flore et faune
La grande richesse floristique et faunistique de cette région classe ce territoire parmi les sites d'intérêt national et européen. On peut situer le nombre d'espèces à environ 1 500 pour les végétaux (soit 30 % de la flore française) et près de 2 300 pour le lépidoptères (près de 40 % des espèces vivant en france), à 135 pour les oiseaux (50 % de l'avifaune de l'hexagone), etc. Le nombre des espèces rares ou menacées y est très important.
Le Luberon présente une grande variété biologique : à mi-chemin entre Alpes et Méditerranée, on y rencontre un mélange de caractères alpins et méditerranéens. D'autre part son orientation est-ouest conduit à une grande différence d'ensoleillement entre les faces nord et sud. (Le versant sud est huit à dix fois plus ensoleillé que le versant nord.) Enfin la combe de Lourmarin et la vallée de l'Aiguebrun correspondent aussi à des biotopes différents.
[modifier] Versant sud
Il se caractérise par une grande sécheresse, à laquelle flore et faune ont du s'adapter. Il n'y a pratiquement pas de sources. L'élément végétal dominant est le chêne vert, qui atteignait autrefois jusqu'à 15 m de haut. Il n'en subsiste plus que des taillis de 3 à 4 mètres. Les coupes excessives l'ont fait disparaître par endroits soit au profit du pin d'Alep, soit pour être remplacé par une garrigue à plantes odorantes (thym, romarin, germandrée, millefeuille...). On trouve aussi le genévrier cade en Provence, et dont l'huile aux propriétés cicatrisantes et dermatologiques est utilisée en pharmacie et pour des savons (Cadum). Le buis, qui peut vivre plusieurs siècles, l'alaterne, la garance, le chêne kermès, le ciste cotonneux, l'aphyllanthe de Montpellier, etc.
Depuis la Durance, on aperçoit de hautes falaises qui constituent un milieu très hostile où seules les espèces les plus rustiques peuvent vivre.
Des insectes : sauterelle, mante religieuse, cigale... Arthropodes, comme la grande scolopendre et le grand scorpion jaune, tous deux très venimeux. Des reptiles : Vipère aspic, venimeuse mais qui fuit au moindre bruit, la couleuvre à échelons, la couleuvre de Montpellier, seps, le lézard ocellé, le plus grand lézard d'Europe, pouvant atteindre 90 cm de long.
Les oiseaux : des rapaces, comme le circaète Jean-le-Blanc, le plus grand des rapaces du Luberon le grand-duc, le vautour percnoptère et l'aigle de Bonelli. Toutes espèces menacées. Il ne reste plus qu'un seul couple d'aigles de Bonelli dans le Vaucluse, sur la commune de Cheval-Blanc.
Des mammifères: le sanglier, bien sûr, l'écureuil, des rongeurs.
Bien qu'il n'appartienne pas vraiment au Luberon : le castor, qui a survécu dans la Durance. Toutes les colonies de castors existant en France sont issues de celles ayant survécu dans la région.
[modifier] Les crêtes
Entre 600 m et 1 100 m d'altitude. Elles sont constituées de grandes pelouses, les vents violents rendant difficile la vie des arbres. Ces pelouses servent depuis des siècles de paturages aux troupeaux de moutons, qui en retour apportent la fumure. Elles constituent aussi un pare feu.
Une exception : la forêt de cèdres de l'Atlas dont l'introduction en 1861 a été une remarquable réussite. Ces cèdres se répandent naturellement, surtout vers le versant nord, moins sec.
La flore des crêtes du Luberon est imménsément riche : Iris nain, joubarbe des toits, scille automnale, plumet, genêt de villars, etc.
La faune, en plus des espèces déjà citées : papillons, comme l'apollon, le machaon ; des oiseaux : Alouette lulu, bruant ortolan, pipit des arbres, bec des sapins... ; mammifères : le lièvre gris, trop chassé.
[modifier] Versant nord
Plus humide et moins chaud, a une allure plus montagnarde.
Il est couvert en grande partie par une chênaie pubescente. Mais le chêne pubescent (ou chêne blanc, ou blaque selon le nom local) a besoin de terrains plus riches que le chêne vert du versant nord, et demande de l'ombre pendant les premières années de sa vie. Ce sont d'autres espèces qui lui préparent le terrain : amélanchier, buis, genêt, genévrier commun, pin sylvestre. Ce dernier fournit une ombre permettant à d'autres végétaux de se développer : Chêne blanc, mais aussi érable de Montpellier, érable champêtre, alisier blanc, etc.
En plus des espèces vivant dans le versant sud, on trouve le merle noir, le rouge-gorge, le troglodyte (localement nommé la pétouse), le pinson des arbres, le geai des chênes, la mésange bleue, la mésange à longue queue, la fauvette à tête noire, l'épervier d'Europe, prédateur des précédents.
[modifier] Histoire
La forme la plus ancienne connue du nom : Louerion est donnée par le géographe grec Strabon, qui écrivait à l'époque de l'empereur Auguste : « Les auteurs grecs les plus récents nomment les Salyens Celto-ligures et leur attribuent tout le pays de plaine qui s'étend jusqu'au Louérion et au Rhône » (Géographie, 4,1,3). Selon Charles Rostaing, le nom du Luberon viendrait d'une racine Lup-, hauteur, suivi du double suffixe -air-one, que l'on retrouve dans le nom du Cithéron, montagne de l'ancienne Béotie.
Parmi les étymologies fantaisistes, on trouve celui de « vallée des loups », peut-être lié a la présence de très nombreux loups dans le Luberon, qui attaquaient les troupeaux de moutons. Le dernier loup fut aperçu en 1922.
La chaîne constitue une barrière entre la région d'Aix-en-Provence et la vallée du Calavon. Le seul franchissement commode se fait par la combe de Lourmarin, entre Lourmarin et Apt. Ce passage a été fortifié depuis la haute antiquité .
Un peuplement humain du massif est attesté dès le Paléolithique supérieur.
À part sur le plateau des Claparèdes et dans la vallée de l'Ayguebrun, le Luberon proprement dit n'a jamais été peuplé, les traces d'habitat se trouvent en périphérie - comme actuellement. On trouve cependant de nombreuses grottes sépulcrales sur tout le pourtour du massif, et dans les gorges du Régalon.
Si de nos jours la montagne n'est parcourue que par des chasseurs ou des promeneurs, elle a fourni pendant des siècles des ressources importantes aux populations vivant à sa périphérie : lieu de pacage des ovins qui fournissaient viande et laine ; bois de chauffage, surtout sous forme de charbon de bois - on voit encore souvent les traces de meules des charbonniers - en un temps où le bois était le seul combustibles pour le chauffage, la cuisine, la verrerie, la poterie...
C'est pour cette raison que toutes les communes de la périphérie ont une partie de leur territoire sur la montagne.
De nombreux vestiges de l'époque médiévale témoignent de l'importance stratégique qu'avait alors le massif. Le rôle du Luberon s'atténue à l'époque moderne et le massif n'est pas touché par l'industrialisation.
À plusieurs reprises, la montagne a servi de refuge : au XVIe siècle, aux Vaudois pourchassés par les catholiques, sous Napoléon Ier, à ceux qui fuyaient la conscription militaire, à des résistants lors de la dernière guerre.
[modifier] Aujourd'hui
La montagne est depuis 1977 au cœur du parc naturel régional du Luberon, qui attire un important tourisme vert et culturel en été. Ce tourisme bénéficie de la présence de nombreux villages et châteaux historiques, dont celui de Lacoste, qui fut un des lieux de résidence du marquis de Sade. Le Luberon est également devenu un lieu emblématique de la haute Provence : de nombreuses résidences secondaires luxueuses, appartenant à des personnalités françaises et étrangères y ont été construites ou achetées depuis la fin des années soixante-dix.
Les villages les plus connus du Luberon sont Roussillon, Ménerbes et bien sûr Gordes qui appartient plus exactement au plateau du vaucluse et non au massif du Lubéron], connu pour son village unique de « bories », maisons de pierres sèches caractéristiques de la région dont l'origine exacte est incertaine. Tous trois font partie des plus Beaux Villages de France. Voir aussi Bonnieux, Lacoste, Oppède-le-Vieux, Cucuron, Lourmarin, Mirabeau...
Les terroirs du Luberon sont encore connus pour leurs ocres (« ocres de Roussillon » et « Colorado » provençal : voir Rustrel) et pour leurs fromages de chèvre. Enfin, en viticulture, une appellation d'origine contrôlée (AOC) « Côtes du Luberon » regroupe de nombreux crus
(cf. 1). Cette appellation ne concerne que les cépages implantés dans la partie sud du Luberon (délimitée par la RN 100). Au nord, ils appartiennent à l'AOC « Côtes du Ventoux » (cf. 2).
[modifier] Sismicité
Les cantons de Bonnieux, Apt, Cadenet, Cavaillon, et Pertuis sont classés en zone Ib (risque faible). Les autres cantons du département sont classés en zone Ia (risque très faible). Ce zonage correspond à une sismicité ne se traduisant qu'exceptionnellement par la destruction de bâtiments.
Dans le passé, des séismes d'intensité VIII ont eu lieu dans la région de Manosque : à Manosque en 1708, à Beaumont-de-Pertuis en 1812, à Volx en 1913. Soit environ tous les cent ans : on peut donc statistiquement s'attendre à un séisme dans cette zone dans les prochaines années.
Le tremblement de terre du 14 novembre 1887 est le mieux connu, il s'est manifesté à Cavaillon avec le plus d'intensité.
[modifier] Représentations du Luberon
[modifier] Littérature
L'écrivain le plus marqué par le Luberon est Henri Bosco, qui relate ainsi sa première rencontre avec le Luberon, dans un article paru en 1936 (Le feu) :
- Un soir que je m'étais arrêté au nord de la Durance, tu m'es apparu. Je te voyais au loin comme une muraille grisâtre et çà et là bleutée. Parfois, tes masses me paraissaient se modeler sur les formes d'un corps allongé au-delà du fleuve, parfois, tu prenais le poli d'une pensée humaine... Tu proposais au mouvement de mon esprit des itinéraires moraux apparemment faciles, mais tu offrais aussi, avec une insistance grandissante, l'obsession de l'autre versant et l'attrait des quartiers invisibles.
Bosco incarne bien, tel le Clodius du Mas Théotime, le coté sévère du Luberon, ses courbes nettes, ses fermes carrées, bien loin des représentations folkloriques de la Provence « à la Pagnol ».
Jean-Paul Clébert, Luberonnais d'adoption depuis des lustres, a écrit de nombreux livres très intéressants, malheureusement souvent indisponibles.
[modifier] Peinture
- Paul Guigou, né à Villars en 1834, mort en 1871 fut un précurseur.
- Jorge Soteras dit Soteras, né en Espagne en 1917, mort à Bonnieux en 1990.
- Rahim Najfar, né le 24 octobre 1945 à Téhéran, exposant dans sa galerie à Bonnieux.
[modifier] Cinéma
- Les Babas cool (autre titre : Quand tu seras débloqué, fais-moi signe) de François Leterrier (1981)
- Manon des sources et Jean de Florette tournés à Mirabeau et Vaugines en 1986 par Claude Berri
- Le Hussard sur le toit tourné en partie à Cucuron (d'après le roman éponyme de Jean Giono)
- Grosse Fatigue de Michel Blanc
- Swimming Pool de François Ozon (2003)
[modifier] Voir aussi
[modifier] Bibliographie
- Randonnées pédestres dans le Luberon, de Pierre Giffon, édité par Edisud, excellent guide auquel cet article doit beaucoup.