Alexis Carrel
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Le docteur Alexis Carrel, de son vrai nom Marie Joseph Auguste Carrel-Billiard, est un chirurgien, biologiste et neuro-physiologiste français né à Sainte-Foy-lès-Lyon le 28 juin 1873 et mort à Paris le 5 novembre 1944.
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[modifier] Une grande carrière médicale
Docteur en médecine de la faculté de Lyon, il s'orienta dès l'internat vers la recherche en chirurgie, sur la compatibilité des tissus et les sutures. Catholique militant, il défendit la thèse d'un miracle survenu à Lourdes et rencontra l'hostilité des milieux laïques. Il choisit alors de s'expatrier aux États-Unis de 1901 à 1939, où il fut un chercheur renommé au sein de l'Université de Chicago et de la Fondation Rockefeller (1908-1939). Il obtint le prix Nobel de physiologie et de médecine en 1912 grâce à ses travaux sur la chirurgie thoracique et sur la culture de tissus. Il développa de nouvelles techniques de sutures vasculaires, et fut un pionnier de la transplantation d'organes.
Pendant la guerre de 1914, il revint en France, où, avec le chimiste anglais Henry Drysdale Dakin, il développa la méthode de Carrel-Dakin de traitement des brûlures qui, avant le développement des antibiotiques, sauva la vie de nombreux blessés de guerre. C'est alors qu'il se lia au futur maréchal Pétain. De retour aux États-Unis, il continua des travaux précurseurs sur le cœur artificiel, qui lui valurent l'amitié et le soutien de Charles Lindbergh, dont les sympathies pro-nazies faisaient scandale et avec qui il écrivit La culture des organes.
Une expérience d'Alexis Carrel qui a beaucoup marqué son époque a été le cœur de poulet qu'il a fait vivre in vitro, dans un liquide nutritif, pendant une durée de plusieurs décennies (âge que n'atteint aucun poulet). Il ouvrait ainsi la voie à deux thèmes de recherches :
- La conservation d'organes vivants à des fins éventuels de greffes
- La limite exacte de la durée de vie des différents organes
En ce qui concerne la durée pendant laquelle ce cœur a effectivement battu, les informations divergent, de 28 à 37 ans.
On attribue à Carrel la phrase : "Une cellule bien hydratée, bien nourrie, bien débarrassée de ses déchets se renouvelle perpétuellement", suggérant à long terme une possible immortalité des organismes. Ce thème sera souvent repris par Jean Rostand.
[modifier] L'eugénisme
En 1935, il publia L'Homme, cet inconnu (Plon), qui fut l'objet de multiples traductions et rééditions, et dont le succès mondial durera jusqu'aux années 1950. Il y plaidait pour un eugénisme éclairé, mais n'évitait pas certains "dérapages", par exemple en faveur de l'euthanasie des fous criminels et l'utilisation du fouet contre les délinquants. Des passages misogynes ou mystiques peuvent également choquer le lecteur moderne.
Jean Rostand, biologiste et humaniste, recommandait lui aussi l'eugénisme, sous une forme non-violente.
En France, Carrel prit une part active aux "Entretiens de Pontigny" dirigés par Jean Coutrot et adhéra au Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot, parti pro-nazi. En 1941, ses relations avec le Maréchal Pétain et ses positions eugénistes lui valurent d'être nommé "régent" de la Fondation française pour l'étude des problèmes humains chargée de "l'étude, sous tous ses aspects, des mesures les plus propres à sauvegarder, améliorer et développer la population française dans toutes ses activités". Fonctionnant de manière autonome, la Fondation eut pour secrétaire général François Perroux, avant que celui-ci ne se brouillât avec Carrel. Elle fut notamment à l'origine de la loi instaurant la médecine du travail, le certificat prénuptial (loi du 16 décembre 1942) et le livret scolaire. Elle se livra à des travaux sur la démographie (Robert Gessain, Paul Vincent, Jean Bourgeois), sur la nutrition (Jean Sutter), sur l'habitat (Jean Merlet) et aux premières enquêtes par sondage (Jean Stoetzel).
À la libération de Paris, Carrel fut destitué et la Fondation dissoute. Carrel mourut avant la tenue d'un procès. Beaucoup des chercheurs de son équipe furent récupérés, en octobre 1945, par l'INED d'Alfred Sauvy, d'autres par l'"Institut national d'hygiène", futur INSERM, de Robert Debré. Après un temps d'oubli, le rôle et la personnalité d'Alexis Carrel furent à nouveau objets de polémiques, lorsque Bruno Mégret le cita comme le "premier Français vraiment écologiste" lors d'une controverse avec les Verts sur la politique d'immigration (1991). Les positions eugénistes de Carrel paraissaient rétrospectivement complices du racisme nazi. A la suite de ce débat, la faculté de médecine "Alexis-Carrel" de l'université Lyon I-Claude Bernard fut rebaptisée "Laennec" et de nombreuses municipalités débaptisèrent des rues portant son nom.
[modifier] Bibliographie
[modifier] Œuvre
- L'Homme, cet inconnu, Plon, 1935
- La Prière, 1944
- Réflexions sur la conduite de la vie (1950, posthume)
[modifier] Biographie
- Henriette DELAYE-DIDER-DELORME : Alexis Carrel - Humaniste chrétien 1873-1944 - Prix Nobel 1912, Apostolat des Éditions, 1963
[modifier] Critique
- Robert Soupault : Vie d'Alexis Carrel (Plon, 1952)
- Alain Drouard : Une inconnue des sciences sociales, La Fondation Alexis Carrel (1941-1945), INED, Paris, 1992.
- Alain Drouard : Alexis Carrel (1873-1944), De la mémoire à l'histoire, L'Harmattan, Paris, 1995
- Patrick Tort et Lucien Bonnafé : L'Homme cet inconnu ? Alexis Carrel, Jean-Marie Le Pen et les Chambres à gaz (Syllepse, 1996).
[modifier] Liens externes
[modifier] Sites neutres
[modifier] Sites défavorables
- Monde diplomatique
- Ras l'front
- Didier Daeninckx dans Amnistia
- L'Humanité
- Communiqué de presse du MRAP
- Communiqué de presse du "Collectif contre Alexis Carrel et ses clones"
- Site personnel
- Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes
- Libération
- La municipalité d'Orléans renomme la rue Alexis Carrel en rue Hubert Curien (compte-rendu du conseil municipal du 27/12/05, en pdf) Sauvegarde des Documents du Conseil Municipal d'Orléans