Antoine Meillet
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Paul Jules Antoine Meillet, né le 11 novembre 1866 à Moulins, Allier, mort le 21 septembre 1936 à Châteaumeillant, Cher, est le principal linguiste français des premières décennies du XXe siècle.
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[modifier] Biographie
D'origine bourbonnaise, fils d'un notaire de Châteaumeillant (Cher), il fait ses études secondaires au lycée Théodore-de-Banville de Moulins. Étudiant à la Sorbonne à partir de 1885, il suit notamment les cours de Michel Bréal au Collège de France et de Ferdinand de Saussure à l'École pratique des hautes études. En 1890, une mission d'un an dans le Caucase lui permet d'étudier l'arménien moderne. À son retour en France, il assure à la suite de Saussure le cours de grammaire comparée, qu'il complète à partir de 1894 par une conférence sur l'iranien.
En 1897, il soutient sa thèse de doctorat (Recherches sur l'emploi du génitif-accusatif en vieux-slave). En 1902, il obtient la chaire d'arménien de l'École des langues orientales. En 1905, il occupe la chaire de grammaire comparée au Collège de France, où il consacre ses cours à l'histoire et à la structure des langues indo-européennes.
Secrétaire de la Société de linguistique de Paris, il est élu à l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1924.
Il a formé toute une génération de linguistes français, parmi lesquel Emile Benveniste, Marcel Cohen, Georges Dumézil, André Martinet, Aurélien Sauvageot, Lucien Tesnière, Joseph Vendryes.
Il a influencé aussi un certain nombre de linguistes étrangers. Il est notamment l'inspirateur de la définition de la phrase adoptée par le linguiste américain Leonard Bloomfield. Il a également été le premier à identifier le phénomène de la grammaticalisation.
[modifier] Antoine Meillet et les études homériques
À la Sorbonne, Meillet surveille le travail de Milman Parry. En 1923, un an avant que Milman Parry ne commence son travail avec Meillet, Meillet écrit ceci (cité dans la première des deux thèses de Milman Parry, à savoir, celle qui traite de l'épithète homérique) :
« L'épopée homérique est entièrement composée de formules, transmise de poète en poète. Un examen de n'importe quel passage revélera vite qu'il est fait de vers et de fragments de vers qui sont reproduits mot pour mot dans un ou dans plusieurs autres passages. Et même des vers, dont les parties ne se retrouvent pas dans un autre passage, ont un le caractère d'une formule, et c'est sans aucun doute par un pur hasard qu'ils ne sont pas attestés ailleurs. »
Meillet offre à son étudiant l'opinion, nouvelle à cet époque, que la structure formulaïque de l'Iliade serait une conséquence directe de sa transmission orale. Ainsi il le dirige vers l'étude de l'oralité dans son cadre natif et lui suggère d'observer les mécanismes d'une tradition orale vivante à côté du texte classique (l'Iliade) qu'on a censé résulter de une telle tradition. En conséquence, Meillet présente Parry à Matija Murko, savant originaire de Slovénie qui avait longuement écrit sur la tradition héroïque épique dans les Balkans, surtout en Bosnie-Herzégovine.[1] À partir de ses recherches éventuelles, dont les résultats sont à présent hébergés par l'Université de Harvard, Parry et son élève, Albert Lord, ont profondément renouvelé les études homériques.
[modifier] Notes
- ↑ Mathias Murko, La poésie populaire épique en Yougoslavie au début du XXe siècle (Paris: Champion, 1929); Albert Lord, The singer of tales (Cambridge, Mass.: Harvard University Press, 1960), pp. 11-12; Andrew Dalby, Rediscovering Homer (New York, London: Norton, 2006. ISBN 0393057887), pp. 186-187.
[modifier] Principaux ouvrages
- Esquisse d'une grammaire comparée de l'arménien classique, 1903.
- Introduction à l'étude comparative des langues indo-européennes, 1903.
- Les dialectes indo-européens, 1908.
- Aperçu d'une histoire de la langue grecque, 1913.
- Linguistique historique et linguistique générale, 1921.
- Les origines indo-européennes des mètres grecs, 1923.
- Esquisse d'une histoire de la langue latine, 1928.
- La méthode comparative en linguistique historique, 1928.
- Dictionnaire étymologique de la langue latine, 1932 (en collab. avec Alfred Ernout (1879-1973), éd. augmentée, par Jacques André (1910-1994), Paris : Klincksieck, 2001, ISBN 2-252-03359-2 Notice n° : FRBNF37707942)