Clément VI
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Pierre Roger de Beaufort (1291-1352) devient pape sous le nom de Clément VI.
Le fils d'un chevalier limousin et moine bénédictin à la Chaise-Dieu étudie à Paris. Maître en théologie et fort d'une grande culture à la fois classique et sacrée, il est vite renommé comme prédicateur.
Il devient abbé de Fécamp en 1326, évêque d'Arras en 1328, archévêque de Sens en 1329, puis de Rouen en 1330. Il est conseiller et à plusieurs reprises ambassadeur de Philippe VI en Angleterre et à Avignon. En 1329, il est porte-parole du clergé à l'assemblée de Vincennes sur les juridictions ecclésiastiques. En 1333, il est chargé par Jean XXII de prêcher la Croisade. Cardinal du titre des Saints-Nérée-et-Achillée en 1338, il est élu pape le 7 mai 1342.
Clément VI donne à la Curie romaine un rôle accru dans le gouvernement de l'Église et à la cour pontificale un lustre sans précédent. Il conserve comme camérier Gasbert de Valle, qui a déja rempli cette fonction sous ses deux prédécesseurs, et qu'il nomme en 1341 archevêque de Narbonne. Il renforce l'administration pontificale et alourdit la fiscalité. Après avoir acheté la seigneurie d'Avignon à la reine Jeanne Ire de Naples, il manifeste son intention de ne pas tenter une installation en Italie par la construction spectaculaire d'un nouveau palais, auquel il fait travailler des artistes venus de toute l'Europe. Il y multiplie les fêtes et laisse libre cours à son goût pour le faste.
Sa famille tient dans l'Église une place que les contemporains jugent excessive: quatre de ses neveux sont cardinaux — l'un sera le pape Grégoire XI — et un autre archévêque. Un autre neveu est maréchal de l'Église. Néanmoins, ce népotisme apparent est à nuancer dans la mesure où son frère Hugues Roger de Beaufort, élu pape en 1352, renonce à la tiare par « humilité ».
Mais Clément VI donne pendant la Peste Noire de 1348 l'exemple du courage et de la lucidité : il demeure à Avignon en pleine épidémie, condamne le fanatisme des flagellants et tente de protéger les Juifs contre les exactions, particulièrement brutales dans la péninsule Ibérique et dans l'Empire germanique. Il promulgue deux bulles papales en 1348 à cet effet, dont celle du 6 juillet 1348. Néanmoins, près de 900 Juifs sont brûlés quelques mois plus tard à Strasbourg, alors que l'épidémie ne s'est pas encore déclaré dans la ville [1].
Il est le dernier pape à jouer le rôle, déjà très contesté, d'un arbitre des affaires européennes. Il tente vainement de ramener la paix entre la France et l'Angleterre, échoue dans une médiation entre l'Aragon et Majorque, se perd, après la mort de Robert Ier d'Anjou, dans l'imbroglio des querelles italiennes et notamment de la révolte romaine de Cola di Rienzo.
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[modifier] Références
- ↑ Stéphane Barry et Norbert Gualde, La plus grande épidémie de l'histoire, « L'Histoire », n°310, juin 2006, p.47