Dominique Larrey
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Dominique Jean Larrey (7 juillet 1766, Beaudéan, Hautes-Pyrénées – 25 juillet 1842, Lyon) est un médecin militaire français, père de la médecine d'urgence.
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[modifier] Biographie
[modifier] Origine
Né de parents bourgeois dans le petit village de Beaudéan dans les Pyrénées, Larrey fut orphelin à 13 ans. Il est élevé par son oncle Alexis, chirurgien en chef de l'hôpital de Toulouse. Après 6 années d'apprentissage, il vient à Paris étudier la médecine auprès de Pierre Joseph Desault, chirurgien en chef à l'Hôtel-Dieu.
[modifier] Carrière militaire
Larrey commence sa carrière en 1787 comme chirurgien de la marine royale sur la frégate la Vigilante en mer d'Irlande. Second chirurgien interne aux Invalides, il devint le disciple et l'ami du célèbre Sabatier.
En 1792, Il est chirurgien aide-major à l'armée du Rhin, première étape d'une carrière qui le conduisit sur tous les champs de bataille d'Europe, de l'Espagne à la Russie, et même dans les déserts d'Égypte et de Syrie.
Chirurgien de première classe, en 1792, à l'armée du maréchal Luckner, créateur des ambulances volantes, à la tête desquelles il courait enlever les blessés sous le feu des batteries ennemies. Chirurgien principal à l'armée de Custine. Chirurgien en chef de la 14e armée républicaine en 1794. Organisateur de l'École de chirurgie et d'anatomie de Toulon, professeur à l'École militaire de santé du Val-de-Grâce, en 1796. Chargé de l'inspection des camps et des hôpitaux de l'armée d'Italie ; chirurgien en chef à l'armée d'Egypte[1]. A la bataille d'Aboukir, le général Fugières fut heureusement opéré par Larrey, sous le canon de l'ennemi, d'une blessure à l'épaule.[2] Au siège d'Alexandrie, Larrey trouva le moyen de faire de la chair de cheval une nourriture saine pour les blessés, et fit tuer pour cet usage ses propres chevaux.
En 1802, il est chirurgien en chef de la Garde des consuls. Inspecteur général du service de santé des armées, en 1805, et chirurgien en chef de la Garde impériale.
En 1804, Larrey reçut un des premiers la croix d'officier de la Légion-d'Honneur de la main du premier Consul, qui lui dit : C'est une récompense bien méritée.
Il est nommé baron d'Empire en 1809, sur le champ de bataille de Wagram, et inspecteur général du service de santé militaire en 1810[3].
Il fit toutes les campagnes du Premier Empire en qualité de chirurgien en chef de la Garde impériale[4]. En 1813, il prend la défense des conscrits blessés à la main et accusés de se mutiler volontairement, ce qui lui valut une haine farouche de Soult.[5]
Blessé à la bataille de Waterloo[6], prisonnier des Prussiens, il fut sur le point d'être fusillé à cause de sa ressemblance avec Napoléon[7], mais fut relâché sur ordre de Blücher, dont il avait soigné le fils.
La Restauration le tint à l'écart mais il fut rappelé par la Monarchie de Juillet.
Dans ses dernières années membre du Conseil de santé des armées, Larrey a rempli ces fonctions avec un zèle qui ne s'est jamais démenti. Au commencement de 1842, il sollicita une inspection médicale en Algérie et accomplit noblement cette noble mission, seule faveur qu'il ait obtenue depuis 1830. Honoré et fêté sur la terre d'Afrique, l'illustre vieillard avait à peine posé le pied sur le sol de l'Afrique qu'il fut atteint de la maladie à laquelle, huit jours plus tard, il a succombé à Lyon le 25 juillet 1842. Son corps, transporté à Paris, fut inhumé le 6 août au cimetière du Père-Lachaise (37e division).
Plusieurs discours ont été prononcés sur sa tombe. M. Breschet, membre de l'Académie des sciences, a énuméré ses travaux scientifiques en chirurgie, en médecine, en hygiène publique.[8]
[modifier] Médecin du Premier Empire
Il reste la figure médicale la plus célèbre du Premier Empire. À la bataille de la Sierra Negra, il ampute en une journée pas moins de 700 blessés. Il était d'ailleurs considéré comme un bon chirurgien, à une époque où l'anesthésie n'existait pas, car il était capable d'amputer un membre en moins d'une minute. L'amputation était à l'époque la seule aseptie efficace, en l'absence d'antibiotiques, découverts bien plus tard.
Larrey serait à l'origine de la mise en place au sein des armées françaises du système des « ambulances volantes » dans lesquelles il embarquait indifféremment amis et ennemis, afin de les soigner sans faire de distinction ni de nationalité, ni de grade, ce qui lui valut l'estime des officiers et généraux des armées ennemies[9].
Il laissa des mémoires d'un très grand intérêt, rarissimes en édition originale et devenus rares en réédition.
Le Val-de-Grâce a fait élever à Larrey une statue dont l'inauguration a eu lieu en août 1850.
[modifier] Bibliographie
- Dominique Jean Larrey, Mémoires de chirurgie militaire et campagnes, Paris, Smith, 1812-1817, 4 vol. + un 5e sur Waterloo, paru en 1841, Paris, Baillière ; rééd., Paris, Rémanences, 1983.
- Dr André Soubiran, La Baron Larrey, chirurgien de Napoléon, Fayard, 1966.
- Paul Triaire, Napoléon et Larrey, Tours, Mame, 1902.
[modifier] Notes et références
- ↑ Pendant la campagne d'Égypte, on lui donna le surnom de « Providence du soldat ».
- ↑ Se croyant au moment de mourir, il offrit son épée au général Bonaparte, en lui disant : « Général, un jour, peut-être, vous envierez mon sort. » Bonaparte fit présent de cette épée à Larrey après y avoir fait graver le nom de l'habile chirurgien et celui de la bataille.
- ↑ « Larrey est le plus honnête homme et le meilleur ami du soldat que j'aie jamais connu. Vigilant dans l'exercice de sa profession, on a vu Larrey sur le champ de bataille, après une action, accompagné d'une troupe de jeunes chirurgiens, s'efforçant de découvrir quelques signes de vie dans les corps étendus sur la terre. On trouvait Larrey, dans la saison la plus dure, à toutes les heures du jour et de la nuit, au milieu des blessés; il permettait à peine un moment de repos à ses aides, et il les tenait continuellement à leurs postes. Il tourmentait les généraux, et allait les éveiller pendant la nuit, toutes les fois qu'il avait besoin de fournitures ou de secours pour les blessés ou les malades. Tout le monde le craignait, parce qu'on savait qu'il viendrait sur-le-champ se plaindre à moi. Il ne faisait la cour à personne, et il était l'ennemi implacable des fournisseurs. » (O'Meara.)
- ↑ Napoléon dit de lui dans Le Mémorial de Sainte-Hélène : « C'est l'homme le plus vertueux que j'aie rencontré. Il a laissé dans mon esprit l'idée d'un véritable homme de bien. »
- ↑ Après les journées de Lutzen et de Bautzen, en 1813, une calomnie atroce avait trouvé accès auprès de l'Empereur. On accusait d'une mutilation volontaire les jeunes conscrits blessés qui venaient à ces glorieuses journées de relever la noblesse du sang français. Un jury fut assemblé sous la présidence de Larrey, et Napoléon était résolu de sévir contre ceux qui auraient eu la lâcheté de se mutiler. Larrey, opposé à cette idée de mutilation volontaire, présenta à plusieurs reprises des observations à l'Empereur. Napoléon, prévenu, s'irrite de son obstination et finit par dire Monsieur, vous me ferez vos observations officiellement; allez remplir votre devoir. Au bout de quelques jours, un rapport très-circonstancié de Larrey démontra à l'Empereur que les soldats avaient tous été blessés au champ d'honneur. Après l'avoir lu, Napoléon dit à Larrey : « Un souverain est bien heureux d'avoir affaire à un homme tel que vous. On vous portera mes ordres. » Et Larrey reçut le soir même, de la part de Napoléon, son portrait enrichi de diamants, 6 000 francs en or et une pension sur l'État de 3 000 francs sans exclusion, est-il dit au décret, de toute récompense méritée par ses grades, son ancienneté et ses services futurs.
- ↑ Wellington, l'ayant aperçu sur le champ de bataille de Waterloo, aurait, levant son bicorne, murmuré : « Je salue l'honneur qui passe. »
- ↑ Napoléon Ier, dans son testament, daté de Longwood le 15 avril 1821, a consacré de sa main au baron Larrey ce souvenir si glorieux : Je lègue au chirurgien en chef Larrey 100 000 francs. C'est l'homme le plus vertueux que j'aie connu.
- ↑ Larrey avait remplacé Pelletan en 1829 à cette Académie, et on se demande, a dit M. Breschet, comment avec une vie si occupée, M. Larrey a pu écrire les importants ouvrages qu'il nous laisse et qui lui ont mérité le titre de membre correspondant de presque toutes les sociétés savantes de l'Europe, et celui de membre titulaire de l'Institut. » En terminant son discours, M. Breschet a rappelé ces paroles de l'Empereur : « Quel homme, disait Napoléon, quel brave et digne homme que Larrey ! Que de soins donnés par lui à l'armée d'Egypte, soit dans la traversée du désert, soit après l'affaire de Saint-Jean-d'Acre, soit enfin en Europe ! Si l'armée élève une colonne à la reconnaissance^ elle doit l'ériger à Larrey. »
- ↑ « Larrey avait laissé dans mon esprit l'idée d'un véritable homme de bien ; à la science il joignait au dernier degré toute la vertu d'une philanthropie effective. Tous les blessés étaient de sa famille ; il n'était plus pour lui aucune considération dès qu'il s'agissait. de ses hôpitaux. C'est en grande partie à Larrey que l'humanité doit l'heureuse révolution qu'a éprouvée la chirurgie. Larrey a toute mon estime et toute ma reconnaissance. » (Las Cases.)
[modifier] Source partielle
« Dominique Larrey », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail édition](Wikisource)