Hautes Fagnes
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Les Hautes Fagnes forment une région qui s'étend, en Belgique, en province de Liège et, en Allemagne, en Rhénanie-Palatinat et en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. En néerlandais, Hoge Venen, en allemand, Hohes Venn.
Le Signal de Botrange (694 mètres) est le sommet de la Belgique.
Ce sont de vastes étendues (4100 ha en Belgique) de tourbières et de forêts qui présentent une flore et une faune assez exceptionnelles liées au climat froid et humide.
Les tourbières se sont formées il y a 7500 ans, à la fin de la dernière glaciation. La tourbe résulte de la décomposition des végétaux, notamment les sphaignes, en milieu très humide. Son épaisseur peut atteindre sept mètres. Jusqu'au milieu du XXe siècle, la tourbe constitue pour les habitants proches, une source de chauffage appréciable. La surface des tourbières actives ne représente plus qu'une centaine d'hectares.
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[modifier] Histoire
Aux VIIe et VIIIe siècles, la via Mansuerisca est une voie de liaison entre les grandes chaussées Reims-Cologne et Bavay-Cologne. Cette voie est mentionnée pour la première fois en 670, dans un diplôme du roi franc Childéric II.
Longtemps, les frontières administratives passent par la Baraque Michel. Au nord-ouest, le Marquisat de Franchimont (Principauté de Liège), au nord-est, le Duché de Limbourg, au sud-est, le comté, puis le Duché de Luxembourg, au sud-ouest, la principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy.
En 1795, la région devient française (département de l'Ourthe).
Le Congrès de Vienne de 1815 découpe le plateau des Hautes-Fagnes en deux territoires, séparés par une ligne nord-sud passant essentiellement par la Helle et l'Eau Rouge :
- Stavelot et l'ouest du plateau reviennent aux Pays-Bas
- Eupen, de langue allemande, et Malmedy, pourtant de langue wallonne, reviennent à la Prusse. Ces territoires deviennent belges en 1920.
Dès le XIXe siècle, le paysage de tourbières est profondément modifié par la plantation massive d'épicéas qui bouleverse l'écologie du lieu.
En 1924, l'Université de Liège installe une station scientifique pour étudier le haut plateau sous tous ses aspects.
En 1957 est créé le parc national des Hautes Fagnes. Sa superficie est de 4 200 ha.
En 1971 est créé le Parc naturel Hautes Fagnes-Eifel qui s'étend sur 2 400 km², dont 700 km² en Belgique.
À la fin du XXe siècle, la pression touristique est telle que des mesures conservatoires sont prises, notamment en interdisant certaines zones, en limitant l'accès à d'autres. Cela n'empêche pas le haut plateau d'être envahi l'été par des amoureux de la nature et l'hiver par des milliers de skieurs de fond venus de Belgique, mais aussi des régions proches d'Allemagne et des Pays-Bas.
[modifier] Climat
Le climat est anormalement rude par rapport à la faible altitude maximale. Précipitations abondantes (1400 mm d'eau par an à Botrange, 850 mm à Bruxelles), brouillard épais, neige persistante, mais le réchauffement climatique amoindrit la rudesse des hivers depuis quelques annéesréf. nécessaire. Quelques records : 1,15 m de neige le 9 février 1953 ; il neige parfois encore au mois de mai.
[modifier] Monuments et sites remarquables
- Les lacs artificiels de Robertville et de Bütchenbach sur la Warche, dont les barrages contribuent à la production d'électricité.
- Les barrages de la Gileppe, le second construit en Europe (1867 - 1875) et de la Vesdre (1938-1950) ; les lacs sont une réserve d'eau potable.
- Le Signal de Botrange, le point culminant de la Belgique avec 694 mètres ; une butte aménagée (Butte Baltia) permet d'atteindre les 700 mètres. Une tour en pierre y est érigée en 1933 (hauteur : 28 m).
- A 500 m de là, en direction de Robertville, Le Centre nature accueille les visiteurs et leur fait connaître la région (panneaux didactiques, promenades guidées). Le centre organise également,en collaboration avec le Gîte d'étape à Ovifat, des classes vertes (à destination des écoles) et des animations ponctuelles (expositions, marché de Noël,...)
- La Baraque Michel : une des auberges fagnardes ; à ses côtés, la chapelle Fischbach.
- La Croix des Fiancés : souvenir de la mort, le 31 janvier 1871,d'un couple de fiancés partis de Jalhay, dans la neige, chercher les documents nécessaires à leur mariage à Xhoffraix ; on les retrouve à peu de distance l'un de l'autre deux mois plus tard.
- Kreuz im Venn : aux environs de Kalterherbeg, un rocher isolé surmonté d'une croix chrétienne.
- De nombreuses autres croix parsèment la Fagne, témoins de la mort de téméraires qui ont eu la prétention de vouloir défier le pays des tourbières.
[modifier] Géographie
Le plateau des Hautes-Fagnes s'étend d'est-nord-est en ouest-sud-ouest, circonscrit au nord par la Vesdre, et au sud par la Rour, la Warche puis l'Amblève. Les routes qui le traversent du nord au sud et les rivières qui y creusent de profondes vallées, déterminent plusieurs zones de fagnes proprement dites (non boisées). En partant de l'ouest-sud-ouest :
- la Fagne de Malchamps, traversée par la route de Spa vers Stavelot. Elle est limitée à l'ouest par la vallée de l'Amblève, à l'est par les vallées de la Hoëgne et l'autoroute E42. La fagne alimente en eau les sources ferrugineuses de Spa. L'aéroport de la ville se situe en bordure. Le Wayai y trouve sa source.
- les Hautes Fagnes sud-occidentales, aux alentours de la Baraque Michel et du Signal de Botrange. La rivière de la Helle les limite par l'est. Une route reliant d'une part Verviers et Eupen, et d'autre part Malmedy les traverse. Les rivières de la Gileppe, de la Statte, de la Hoëgne, de l'Eau Rouge, du Trôt Marets, du Bayehon, de la Rour, du Schwartzbach, de la Helle et de la Soor y prennent leur source.
- les Hautes Fagnes nord-orientales, limitées à l'est par la Vesdre, et traversée par la route Eupen - Montjoie (en Allemagne). Y prennent source le Spoorbach, la Ghete et la Vesdre
- Un autre plateau proche, ne faisant pas à proprement partie des Hautes-Fagnes, peut cependant y être associé : le plateau de Rocherath. Il héberge notamment le camp militaire d'Elsenborn, dont l'essentiel de la superficie est constituées de landes et fagnes. Prennent source sur le plateau la Warche, l'Olef et la Schwalm (ou Perlenbach). La Rour sépare ces deux plateaux, écologiquement, climatologiquement et géologiquement proches.
[modifier] Faune
- Tétras lyre (coq de bruyère) : le recensement du printemps 2004 fait état de 27 mâles.
- Chat sauvage.
- Lynx.
- Cerfs.
- Chevreuils.
- Sangliers.
[modifier] Flore
[modifier] Plantes remarquables et typiques peu répandues
- Le Rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia), plante carnivore.
- Les linaigrettes : Linaigrette vaginée (Eriophorum vaginatum) et Linaigrette à feuilles étroites (Eriophorum angustifolium).
- Les airelles et myrtilles : airelle (Vaccinium vitis-idaea), myrtille (Vaccinium myrtillus) et myrtille de loup (Vaccinium uliginosum), canneberge (Vaccinium oxycoccos).
- Les bruyères : la Bruyère cendrée (Erica cinerea) et la Bruyère quaternée (Erica tetralix).
- Le fenouil des Alpes (Meum athamanticum) : dans la vallée de la Schwalm.
- La trientale (Trientalis europaea), symbole de la réserve.
- les sphaignes.
- la gentiane des marais (Gentiana pneumonanthe).
[modifier] Plantes répandues
- Les jonquilles (Narcissus pseudonarcissus), qui faisaient autrefois l'objet d'une cueillette intensive ; elles étaient utilisées dans la région de Malmedy pour teindre les œufs de Pâques en jaune. Aujourd'hui leur cueillette est réglementée (1 bouquet par personne) et strictement contrôlée pour prévenir les dévastations.
[modifier] Évènements
- 9 et 10 août 2004 : un incendie ravage 150 ha de fagnes près de la Baraque Michel.
[modifier] Homonymie
- Une autre région de Belgique porte le nom de Fagne. Elle est située dans le sud de la province de Namur de part et d'autre de la vallée de la Meuse.
- D'autres zones de haut-marais existent sur les points culminants de l'Ardenne, généralement également appelés Fagnes, en particulier sur le Plateau des Tailles et à la Barrière de Champlon.
[modifier] Règlementation pour l'accès du public
En tous lieux et tous temps, il est interdit d'y circuler entre le coucher et le lever du soleil.
De jour, les accès dépendent de la protection de la zone :
- Zone A - Libre d'accès
- Zone B - Uniquement sur les chemins balisés
- Zone C - Uniquement avec guides nature reconnus
- Zone D - Interdiction totale
Dans certains endroits sensibles, ces limitations sont encore renforcées en période de nidification, de la mi-mars à fin juillet.
Dans tous les cas : les promenades en Fagne sont interdites lorsque les drapeaux rouges (situés en bordure des grands axes) sont levés : ils signifient qu'il y a risque d'incendie ! (même si le temps vous paraît pluvieux, il se peut que les sous-sols ne soient pas suffisamment humididifiés, donc, respectez les consignes)
[modifier] Bibliographie
- L'article est en partie inspiré par Les Hautes Fagnes, Carl Kamp, Eifelverein Düren, 1971
- Guide du Plateau des Hautes Fagnes, Robert Collard et Vladimir Bronowski, Editions de l'Octogone, 1993
- Aperçu climatique des Hautes-Fagnes, Pascal Mormal et Christian Tricot, Institut royal météorologique de Belgique, 2004
- Les oiseaux des Hautes-Fagnes. Histoire et géographie des oiseaux nicheurs, Metzmacher Maxime. Editions Eole, 2004.
- Guillaume Apollinaire qui vécut à Stavelot en 1899 décrivit la région dans un poème Fagnes de Wallonie
[modifier] Voir aussi
- L'association Les Amis de la Fagne, née en 1935, réunit les amoureux et défenseurs de la région.
[modifier] Liens externes
- Le site du parc naturel
- Le Centre nature de Botrange
- Le site de la Station scientifique du Mont-Rigi
- Un site universitaire sur les tourbières
- Le site internet des Amis de la Fagne
- (de) Haus Ternell : auberge et centre-nature
- Quelques pages sur les Oiseaux des Hautes-Fagnes [1]