Hypothèse de la grand-mère
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L'hypothèse de la grand-mère vise à expliquer pourquoi la ménopause est survenue au cours de l'évolution de l'humanité, alors qu'elle est rare chez les mammifères, et comment cet âge infertile de la vie a pu conférer un réel avantage évolutif aux humains. La ménopause aurait pour origine les risques associés à la grossesse et à l'accouchement ainsi que l'importance relative accordée à l'investissement parental par l'espèce humaine. L'investissement des grands-mères aurait aussi son importance chez les rares espèces animales qui connaissent la ménopause, comme par exemple les baleines. Cette hypothèse est due à Kristen Hawkes et à C.G. Williams, qui a été le premier à avancer que la ménopause pourrait avoir un effet protecteur.
La grossesse aussi bien que l'accouchement sont extrêmement préjudiciables à la santé des femmes et à leur longévité. La grossesse augmente leurs besoins de consommation calorique tandis que l'accouchement les expose à des infections mortelles, surtout lorsqu'elles sont âgées. Aussi certains anthropologues pensent-ils que les femmes âgées des temps préhistoriques étaient moins fécondes que les plus jeunes.
On peut imaginer que, ayant perdu leur capacité de procréation, les mères âgées disposaient de plus de temps pour aider et protéger leurs enfants et petits-enfants et s'occuper de leur éducation. Les béhavioristes qualifient cet investissement de temps d'investissement parental. Les expériences et la simple observation ont montré que les animaux ayant bénéficié d'une telle période de protection et d'instruction avaient plus de chances d'atteindre l'âge auquel ils étaient à même de se reproduire.
Aux temps préhistoriques, les femmes ménopausées auraient donc bénéficié d'une longévité moyenne accrue tout en disposant de plus de temps pour s'occuper de leurs enfants et de leurs petits-enfants. La progéniture de ces femmes ménopausées profitait de ce supplément d'investissement parental et était ainsi plus susceptible d'atteindre l'âge de procréer. Grâce aux gênes maternels dont elle héritait, cette nouvelle génération bénéficiait à son tour de la ménopause et avait une postérité plus nombreuse. À partir de ce raisonnement, les anthropologues ont énoncé une théorie évolutionniste de la ménopause : chez les femmes actuelles, la ménopause serait l'héritage d'une adaptation protectrice qui a permis jadis aux femmes âgées de mieux concentrer leurs ressources maternelles.
Ce modèle a été critiqué notamment par J. Peccei, en particulier parce qu'il est basé sur des données démographiques modernes. Selon cette chercheuse, la ménopause serait un avantage évolutif très ancien, sélectionné chez les jeunes mères pour qu'elles s'investissent dans le suivi de leur progéniture pré-adulte. L'âge de la ménopause aurait ensuite reculé avec l'allongement de la durée de vie moyenne de l'être humain [1].
[modifier] Références
- (en) Alvarez, H.P., « Grandmother hypothesis and primate life histories », American Journal of Physical Anthropology, 2000 Nov. 113(3):435-50.
- (en) Lahdenper, M. Lummaa, V. et Russell, A. F. « Menopause: why does fertility end before life ? », déc. 2004.
- (en) Peccei, J.S., « A critique of the grandmother hypotheses: old and new », American journal of human biology, juillet-août 2001, 13(4):434-52. (résumé)