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Invasions musulmanes en Inde - Wikipédia

Invasions musulmanes en Inde

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Les invasions musulmanes en Inde sont le support de la conquête graduelle du sous-continent indien par les états musulmans de ses marches occidentales. Si le Dravida, l'extrême sud de l'Inde resta quasiment libre de toute influence musulmane, il n'en fut pas de même du reste de la péninsule qui vit l'effondrement d'un bouddhisme qui ne cherchait pas à se défendre et apparaître l'enfermement des femmes rajputes dans les zénanas pour les mettre à l'abri des convoitises musulmanes et la pratique du jauhâr, leur suicide traditionnel en masse pour s'y soustraire en cas de défaites, et la manifestation d'une pudibonderie, inconnue jusqu'alors, et que les Britanniques installèrent définitivement.

Dans son livre Histoire de la civilisation, l'historien Will Durant affirme que cette invasion musulmane de l'Inde est « probablement la plus sanglante de l'histoire ... une parabole du découragement dont la morale évidente est que la civilisation est un bien précieux, dont la liberté et l'ordre complexe et délicat peuvent à tout moment être renversés par des barbares venus du dehors ou se multipliant à l'intérieur. » François Gautier, pour sa part, affirme dans Un autre regard sur l'Inde : « ...les massacres perpétrés par les Arabes en Inde sont sans parallèle dans l'histoire mondiale. Plus terribles encore que l'holocauste des Juifs par les Nazis, ou le génocide arménien par les Turcs, plus considérables même que la tuerie des Incas et des Aztèques aux mains des Espagnols. »

La cruauté de la conquête musulmane de l'Inde, l'une des plus violentes qui ait jamais été, a été cependant quasiment occultée hors du sous-continent où les preuves manifestes en sont toujours visibles, et ce pour des raisons politiques. Au cours du Raj britannique, les Britanniques, désireux de ne pas s'aliéner les musulmans, plus collaborateurs que les hindous, minimisent les dévastations de l'invasion. Durant la lutte pour l'indépendance, les dirigeants du Parti du Congrès, comme Gandhi ou Nehru, font de même pour préserver un front uni contre la puissance colonisatrice.

S'il ne fait pas de doutes que l'arrivée au pouvoir du BJP, parti nationaliste hindou, dans les années 1990 n'est pas étranger à cette nouvelle lecture de l'histoire de l'Inde et que, par suite, on puisse craindre que cette lecture ne soit très partisane, on peut cependant offrir une oreille attentive à l'indianiste français Alain Daniélou lorsqu'il affirme dans son Histoire de l'Inde que : « À partir du moment où les Musulmans arrivent dans l'Inde, l'histoire de l'Inde n'a plus grand intérêt. C'est une longue et monotone série de meurtres, de massacres, de spoliations, de destructions. »

Sommaire

[modifier] Le Sind

Les musulmans commencent leurs attaques en Inde par le Sind au début du VIIIe siècle sous l'impulsion d'Al-Hajjaj, l'administrateur de l'Irak. Le pays, dirigé par des brahmanes, avait à sa tête le roi Dâhir - ou Dâhar - qui avait réussi à repousser les premières incursions des Arabes installés dans le Balouchistan. À partir de 712 - pour mémoire c'est en 711 que Tariq ibn Ziyad franchit le détroit de Gibraltar qui portera son nom et met le pied dans la péninsule ibérique - les pillards commandés par Muhammad ibn-Qâsim, alors adolescent, détruisent des temples, brisent les productions artistiques « idolâtres » et massacrent en masse, comme dans la ville de Debal, aujourd'hui Karachi, où trois jours sont nécessaires pour éliminer la population masculine, les femmes et les enfants étant mis en esclavage. Après cette conquête violente, Qâsim semble avoir relâché son étreinte dans le but d'instaurer loi et ordre, accordant un certain degré de tolérance religieuse, ce qui ne convient pas à Hajjaj qui objecte :

Il semble que les lois que vous avez décrétées pour le confort de vos hommes sont en stricte conformité avec la loi de Dieu. Cependant, la façon d'accorder le pardon, décrite par la loi, est différente de celle que vous avez adoptée, dans la mesure où vous accordez le pardon à tous, petit ou grand, sans faire de différence entre l'ami et l'ennemi. Dieu dit dans le Coran [47.4] : « O vrai croyant, lorsque tu rencontres le non croyant, frappe-le à la tête. » Ce commandement de Dieu ci avant est un grand commandement et doit être respecté et suivi. Ne soyez pas prompt à faire montre de charité, sous peine d'ôter toute vertu à votre action. Dorénavant, n'accordez votre pardon à aucun de vos ennemis et n'en épargnez aucun, sous peine que l'on vous considère comme un homme faible.

Dans une correspondance suivante, Hajjaj répète que tous les hommes doivent être abattus, et que leurs enfants doivent être emprisonnés et retenus comme otages. Qâsim lui obéit, et à son arrivée dans la ville de Brahmanabad fait décapiter tous les hommes en âge de se battre, entre 6 000 et 16 000 hommes, suivant les sources. Il s'empare ensuite de la ville de Multân.

Rappelé à Bagdad, il subit la colère du calife Suleiman et est torturé à mort, ce qui entraîne le retrait de ses troupes.

[modifier] La vallée gangétique

Au début du XIe siècle, Mahmûd de Ghaznî lance 17 raids sur le nord de l'Inde. Mahmûd, guerrier féroce qui a fait vœu de châtier l'infidèle hindou chaque année de sa vie, ne voit pas dans cette terre un lieu de conquêtes mais une énorme réserve de pillage. À la fin de cette période, il ne reste plus un seul temple debout dans les villes de Vârânasî, Mathurâ, Ujjain, Maheshwar, Jwalamukhi, et Dwarka.

La troisième vague d'invasion est menée par l'afghan Muhammad Ghûrî et se déroule de 1191 à 1255. Après un échec au Panjâb, Muhammad Ghûri retourne en Inde à la tête d'une grande armée et défait Prithivîrâja Châhumâna III, le râja originaire d'Ajmer qui règne sur Delhi. Les musulmans descendent, en la pillant, la vallée du Gange, comme Muhammad Khilji qui, en 1193, ravage l'université bouddhiste de Nâlandâ. Arrivés au Bengale, ils dévastent le dernier royaume hindou bengalî dirigé par le râja Lakshmana Sena. Cependant, lorsqu'ils se tournent vers l'Orissa, les musulmans sous la conduite de Tugan Khan sont défaits par les troupes du roi hindou Narasimha Deva Ier qui érige le temple de Sûrya à Konârak pour commémorer cette victoire.

Finalement, les musulmans sont sortis de leur logique de raids et de pillages et Delhi devient dorénavant la capitale de l'empire musulman de l'Inde. À sa mort, Muhammad laisse une situation instable, les râja Chandelâ et des Râjputs sont en révolte. Sans héritier, c'est Qutb ud-Dîn Aibak, son général en chef et esclave turc qui s'empare du pouvoir, inaugurant le dynastie connue sous le nom de dynastie des Muizzî ou des « Esclaves ».

À la fin du XIIe siècle, suite à la conquête islamique de la « forteresse » bouddhiste du Bihar, le bouddhisme entame sa quasi disparition de la terre indienne. Les survivants du massacre se réfugient au Népal ou au Tibet, ou bien trouvent refuge au sud du sous-continent. La destruction en mars 2001 des deux statues géantes de Bouddha, les Bouddhas de Bâmiyân, par les Taliban d'Afghanistan peut être vue comme un dernier écho lointain de cette éradication.

Les envahisseurs semblent montrer un certain ressentiment de guerriers rustres mais victorieux rencontrant une culture dont le raffinement les dépasse. On retrouvera chez Bâbur ce dénigrement (voir plus bas) pour une société dans laquelle il ne veut trouver aucune grâce, mais dont la richesse éveille sa convoitise. Des mosquées sont construites sur l'emplacement de temples rasés (voir Ayodhyâ). Les hindous sont vendus comme esclaves en si grand nombre que l'Hindū-Kūsh, le passage où ils meurent sur le chemin des cours musulmanes de l'Asie centrale est rebaptisé « l'abattoir des hindous ».

Pour la loi islamique, les hindous, mais aussi les bouddhistes ne sont pas des gens du livre, comme les chrétiens ou les juifs qui tirent leur spiritualité à la même source que les musulmans. Pour les musulmans, ils ne sont que des païens polythéistes qui adorent les idoles et que Mahomet condamne au trépas.

La dynastie de « Esclaves » est suivie de plusieurs dynasties musulmanes - les Khaljî, les Tughlûq, les Sayyîd et les Lodî - jusqu'à ce que Babur défasse Ibrahim Lodî à la bataille de Pânipat en 1527.

[modifier] Tamerlan

Tamerlan, un parent éloigné de Gengis Khan, est probablement l'un des hommes les plus sanguinaires que l'Histoire humaine ait connus.

Né en Ouzbékistan en 1336, il monte sur le trône de Samarcande en 1369 et entreprend aussitôt une série de campagnes militaires en Perse, en Afghanistan et en Mésopotamie où il se distingue par sa cruauté (voir Massacre d'Ispahan).

En 1398, Timur entre en Inde sous le prétexte que les sultans de Delhi font montre d'une excessive tolérance envers leurs sujets hindous. Ayant franchi, en septembre, l'Indus, la Râvî et la Jhelam, il se dirige vers Talamba, une ville située à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Mûltan, qu'il met à sac et dont il massacre ou met en esclavage toute la population. Il prend ensuite la direction de Delhi laissant sa trace sanglante de massacres tout le long du chemin et arrive devant la capitale des sultans à la fin de la première semaine de décembre. Il fait aussitôt prisonniers 100 000 hommes qui sont massacrés de sang froid. Le 17 décembre, Mahmûd II, le dernier Tughlûq, a rassemblé, dans la plaine de Pânipat, une grande armée de 10 000 cavaliers, 40 000 fantassins et 120 éléphants de combat, mais la bataille tourne à l'avantage de Tamerlan et Mahmûd s'enfuit pour le Goujerat. Le lendemain, Tamerlan entre dans la ville, massacre la population, épargnant quelques artisans de qualité qu'il ramènera à Samarcande pour travailler sur la mosquée du Vendredi. La ville dévastée mettra plusieurs années à retrouver une vie normale. Sur le chemin du retour, le 9 janvier 1399, il ravage Meerut, défait deux armées près de Hardwâr, puis s'empare des villes de Kângrâ et de Jammu où il massacre une grande partie de la population. Le 19 mars, il franchit l'Indus ayant apporté plus de malheurs en Inde que tout autre conquérant en une seule campagne.

En avril, Tamerlan est de retour dans sa capitale, il n'a jamais eu l'intention de s'installer en Inde. D'après Ruy Gonzáles de Clavijo, l'ambassadeur de Castille venu à la cour de Tamerlan en 1404, 90 éléphants capturés ont été utilisés pour transporter des pierres sculptées qui seront intégrées dans la construction de la mosquée du Vendredi.

[modifier] Les Moghols

Bâbur, descendant de Tamerlan, est le fondateur de la dynastie moghole. Roi de Ferghana, une partie du Turkestan, aujourd'hui en Russie, Bâbur considère qu'il possède un droit légitime héréditaire sur Samarcande. Sa prétention étant mise à mal, il prend et perd la ville plusieurs fois, et ayant abandonné tout espoir de récupérer la Ferghana, il se tourne vers l'Inde et en particulier le Panjab qu'il considère comme son héritage légitime par Tamerlan. Plusieurs incursions préliminaires avaient été déjà faites, quand en 1521 une occasion se présente pour une expédition plus sérieuse. Ibrahim Lodi, le sultan de Delhi, est détesté de tous même par ses nobles afghans et Bâbur s'allie avec un rebelle, Alam Khan. Il rassemble ses forces, 12 000 hommes et quelques pièces d'artillerie et marche sur l'Inde. Ibrahim, avec 100 000 soldats et de nombreux éléphants avance contre lui. La grande bataille a lieu à Pânipat le 21 avril 1526, Ibrahim est massacré et son armée mise en déroute.

Il se proclame alors Padshah Ghazi, empereur de l'Inde, puis avec l'aide de son fils Humâyûn s'empare immédiatement d'Âgrâ. Mais, un ennemi plus formidable encore l'attend, Rana Sangha, le râj râjput de Chittorgarh qui a rassemblé contre lui une énorme armée de 210 000 hommes. Son cas paraît désespéré, il fait le vœu de renoncer au vin, qu'il consomme sans mesure. À Kanwaha, le 10 mars 1527, il remporte une grande victoire, tandis que son fils pacifie la vallée gangétique, et devient alors le maître absolu de l'Inde du nord.

Bâbur ne tient pas la riche Inde en grande estime. Il confie dans le Bâbur Nama, son autobiographie :

L'Inde est un pays qui offre peu de charme. Il n'y a point de beauté chez ses habitants. […] Ils n'ont ni caractère, ni capacité, ni urbanité, ni générosité, ni qualités viriles. Dans leur artisanat et dans leurs œuvres, il n'y a ni ordre, ni symétrie, ni rectitude, ni perpendicularité. Ils n'ont ni bons chevaux, ni bons chiens, ni bon raisin, ni bons melons, ni bons fruits, ni glace, ni eau fraîche. Dans les bazars, on ne trouve ni bons plats, ni bon pain.

A son décès, son corps est d'ailleurs transféré à Kaboul où il est inhumé.

Installés définitivement, les Moghols suivants vont s'indianiser, tempérer leur violence barbare tout en continuant à étendre leur empire dans un mouvement invasif - ou expansif suivant son interprétation - jamais véritablement stoppé. Son fils Humâyûn voit son règne interrompu de 1540 à 1555 par l'afghan Sher Shâh Sûrî, qui est le véritable organisateur de l'Empire.

Akbar monte sur le trône en 1556 et semble prendre quelque distance avec l'islam orthodoxe en créant sa nouvelle religion syncrétique, la Dîn-i-Ilâhî intégrant des éléments chrétien, hindou et jaina. Il est cependant défié par certains râjas râjputs comme celui de Chittor dont la forteresse est prise en 1568. D'après Abûl Fadl, le secrétaire particulier de l'empereur, 30 000 combattants - un nombre qu'il a peut-être exagéré - sont exécutés, leurs épouses s'étant donné la mort par jauhâr.

[modifier] Le royaume de Vijayanâgara

[à rédiger]

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • Valérie Berinstain, L'Inde impériale des Grands Moghols, Découvertes Gallimard, 1977
  • Alain Daniélou, Histoire de l'Inde, Fayard, 1983
  • François Gautier, Un autre regard sur l'Inde, éd. du Tricorne, 1999
  • R.C. Majundar, H.C. Raychaudhuri, Kalikindar Datta, An advanced history of India, Macmillan, 1967

[modifier] Liens internes

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