Jules Dufaure
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Jules Armand Stanislas Dufaure, connu sous le nom de Jules Dufaure (parfois lexicalisé à tort comme Armand Dufaure), né le 4 décembre 1798 à Saujon (Charente-Maritime), mort le 28 juin 1881 à Rueil-Malmaison, est un homme politique français.
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[modifier] Biographie
Après de solides études classiques, Jules Dufaure fit son droit à Paris et, reçu avocat, s'inscrivit au barreau de Saintes, puis à celui de Bordeaux (1820). Premier avocat à plaider sans avoir écrit d'avance sa plaidoirie, il ne tarda pas à acquérir une grande réputation.
Membre de l'Assemblée constituante au lendemain de la révolution de 1848, il est un des artisans de la Constitution de 1848. Il est ministre de l'Intérieur du 13 octobre au 20 décembre 1848 dans le gouvernement de Cavaignac, puis sous la présidence de Louis-Napoléon Bonaparte du 2 juin au 31 octobre 1849, gouvernemment dans lequel il fera entrer son ami Tocqueville au poste de Minsitre des Affaires étrangères.
[modifier] Sous la monarchie de Juillet
Le 21 juin 1834, il fut élu député libéral par le 7e collège électoral de la Charente-Inférieure (Saintes)[1]. Cet arrondissement ne cessa de le réélire jusqu'en 1848 : le 14 août 1836, le 4 novembre 1837[2], le 2 mars et le 8 juin 1839, le 9 juillet 1842[3] et le 1er août 1846[4]. À la Chambre des députés, il siégea avec le tiers parti, se fit bientôt remarquer comme orateur d'affaires et conquit une haute situation parlementaire par ses discours à la tribune ou dans les bureaux et par ses rapports.
En 1836, sous le ministère Thiers, il fut nommé conseiller d'État et cette circonstance détermina le premier renouvellement de son mandat législatif. Il se retira, à la chute du cabinet, avec Thiers, dont il était devenu le collaborateur, et entra avec lui dans une farouche opposition au ministère Molé.
À la chute de celui-ci, il brava la consigne de non-participation donnée par Thiers et entra le 12 mai 1839 dans le ministère Soult comme ministre des Travaux publics. Il eut à soutenir en cette qualité les grandes discussions qui s'ouvrirent au Parlement sur les modalités de réalisation des chemins de fer. Il quitta le ministère le 1er février 1840 et ne fit pas partie du second ministère Thiers, qu'il ne combattit cependant pas. Néanmoins, il attaqua vivement le projet de loi sur les fortifications de Paris. Il se signala également comme rapporteur du projet de loi sur l'expropriation pour cause d'utilité publique.
En 1842, il fut nommé vice-président de la Chambre des députés avec l'appui du gouvernement, et il fut renommé en 1845, cette fois grâce à l'appui de l'opposition.
Cormenin évoquait en ces termes son talent parlementaire : « Lorsqu'il demande la parole à la fin de la séance, c'est que la discussion s'égare et qu'il est temps de conclure. Il la prend, il la ramène dans ses voies ; il trace autour de ses débords les circonvallations (sic) puissantes de son raisonnement ; il dévide, il enroule ses preuves comme une ménagère fait tourner son fuseau sous ses doigts agiles ; ainsi il pousse ses fils dans toutes les directions ; il les rassemble, il les entre-croise et il en compose une maille si souple, si serrée et si forte que son adversaire enveloppé est obligé de mettre un genou en terre devant l'Assemblée et de s'avouer vaincu. »[5]
Il fut rapporteur de la loi sur les chemins de fer de 1842 et joua un rôle déterminant dans le vote de la loi qui créa un tracé général de six lignes partant de Paris. En août 1846, Jules Dufaure se rapproche politiquement d'Alexis de Tocqueville et de quelques autres députés (Corcelle, Rivet, Billault). Ils créent ensemble le parti de la « Jeune Gauche ». Malgré son hostilité grandissante à la politique de Louis-Philippe en 1847, il blâma vivement la « campagne des Banquets » et, lorsque le ministère Guizot fut mis en accusation par l'opposition dynastique, il lança aux ministres en passant devant leur banc : « Si vous aviez laissé faire le banquet, c'est alors que vous auriez mérité d'être mis en accusation ! »
[modifier] Sous la Deuxième République et le Second Empire
Dufaure accepta la proclamation de la République après la Révolution de 1848 et fut élu, le 23 avril 1848, représentant de la Charente-Inférieure à l'Assemblée constituante[6].
Du 13 octobre au 20 décembre 1848, il fut ministre de l'Intérieur sous le général Cavaignac.
Du 2 juin au 31 octobre 1849, ministre de l'Intérieur sous la présidence de Louis-Napoléon Bonaparte.
Il se retire de la vie politique après le coup d'État du 2 décembre 1851, devenant membre du conseil de l'ordre puis bâtonnier du barreau de Paris. Il reviendra à la politique quelques années plus tard, en tant que membre de l'Union Libérale. Malgré plusieurs échecs aux élections législatives - notamment en 1859, en 1862 et en 1867 - il continuera de lutter contre Napoléon III lors de nombreux procès politiques mettant en cause des personnalités de l'opposition libérale ou républicaine tels que le duc d'Aumale, Prévost-Paradol et Émile de Girardin, ou encore lors du célèbre procès de Treize en 1864. Il sera également directeur de campagne de Thiers lors de son élection à Paris en 1869 et s'opposera au référendum plébiscitaire de Napoléon III en 1870.
Le 23 avril 1863, il est élu à l'Académie française en remplacement du duc Étienne-Denis Pasquier
[modifier] Sous la Troisième République
En 1871, élu député par cinq départements.
Député modéré en 1871, il est nommé ministre de la Justice et vice-président du Conseil de février 1871 à mai 1873, et ministre de la Justice dans le cabinet Buffeten 1875. Il est nommé président du Conseil de mars à décembre 1876 puis de nouveau en décembre 1877 après la crise du 16 mai avec le triomphe de la coalition républicaine - après la mort de Thiers, Dufaure devient le leader du parti Centre Gauche, aile modérée du bloc des gauches - qui oblige MacMahon à « se soumettre ».
Il a été nommé sénateur inamovible en août 1876. Les 14 mois pendant lesquels Dufaure gouvernera constitueront une année de calme relatif, avec la tenue de l'Exposition universelle de 1878 et le Congrès de Berlin. Mais endeuillé par la disparition de son épouse et âgé de 80 ans à la fin de l'année 1878, Dufaure préfèrera se retirer lors de la démission de MacMahon en janvier 1879, suite à l'ultimatum posé concernant les nominations dans le domaine militaire en particulier.
[modifier] Mandats électifs
- 1834 : député de la Charente-Inférieure, élu à Saintes
- 1842 : vice-président de la Chambre
- 1845 : vice-président de la Chambre
- 1848 : représentant de la Charente-Inférieure à l'Assemblée constituante
- 1848 : député de la Charente-Inférieure à l'Assemblée nationale
- 1871 : député de la Charente-Inférieure
- 1876 : député de la Charente-inférieure
- 1876 : sénateur inamovible
[modifier] Fonctions ministérielles
- 12 mai 1839-1er mars 1840 : ministre des Travaux publics
- 13 octobre 1848-20 décembre 1848 : ministre de l'Intérieur sous le gouvernement du Général Cavaignac
- 2 juin 1849-31 octobre 1849 : ministre de l'Intérieur dans le second gouvernement Odilon Barrot
- 19 février 1871-18 mai 1873 : vice-président du Conseil et ministre de la Justice (voir gouvernement Jules-Armand Dufaure (1) - le Grand Larousse encyclopédique ne mentionne pas de manière claire le changement de gouvernement du 18 mai comme le fait l'Encyclopedia Britannica)
- 18 mai 1873-24 mai 1873 : vice-président du Conseil et ministre de la Justice (voir gouvernement Jules-Armand Dufaure (2))
- 10 mars 1875-23 février 1876 : ministre de la Justice (voir gouvernement Louis Joseph Buffet)
- 23 février 1876-9 mars 1876 : président du Conseil, ministre de l'Intérieur et ministre de la Justice (voir gouvernement Jules-Armand Dufaure (3))
- 9 mars 1876-2 décembre 1876 : président du Conseil et ministre de la Justice (voir gouvernement Jules-Armand Dufaure (4) - à noter que le Grand Larousse encyclopédique, à la différence une fois encore de l'Encyclopedia Britannica, englobe les gouvernements Dufaure 3 et 4 comme un seul gouvernement)
- 13 décembre 1877-30 janvier 1879 : président du Conseil et ministre de la Justice (voir gouvernement Jules-Armand Dufaure (5))
[modifier] Distinctions
- Bâtonnier du barreau de Bordeaux 1830-1832
- Bâtonnier du barreau de Paris 1862-1864
- Élu en 1863 à l'Académie française
[modifier] Références
[modifier] Liens externes
[modifier] Sources
- « Jules Dufaure », dans Adolphe Robert, Edgar Bourloton et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français (1889-1891), XIXe siècle [détail édition](Wikisource)
Précédé par - |
Président du Conseil | Suivi par Jacques Albert, duc de Broglie |
Précédé par Louis Buffet |
Président du Conseil | Suivi par Jules Simon |
Précédé par Gaëtan de Rochebouët |
Président du Conseil | Suivi par William Henry Waddington |
Précédé par Étienne-Denis Pasquier |
Fauteuil 3 de l'Académie française 1863-1881 |
Suivi par Victor Cherbuliez |
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