Lapsus
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Un lapsus est une faute commise en parlant (lapsus linguae) ou en écrivant (lapsus calami) et qui consiste à substituer un terme attendu par un autre mot.
Freud voit dans le lapsus l'émergence de désirs inconscients.
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[modifier] La mécanique inconsciente du lapsus
C'est dans Psychopathologie de la vie quotidienne que S. Freud détaille le plus précisemment le fonctionnement du lapsus tel qu'il le comprend. Dans cet ouvrage il traite également de plusieurs manifestations de l'inconscient dans notre vie courante comme la question de l'oubli des noms propres ou des noms communs, des questions liées aux souvenirs d'enfance ainsi que des oublis ou des actes manqués. En ce qui concerne les lapsus qu'il s'agisse du lapsus linguae (chapitre 5) ou du lapsus calami (chapitre 6). Freud précise bien que ces deux types de lapsus sont de même nature et que le mécanisme qui explique les premiers est le même que celui qui rend compte des seconds. Comme dans beaucoup de ses ouvrages Freud passe en revue les solutions qui ont été proposées avant lui pour expliquer un phénomène qu'il n'avait pas été le premier à relever puisque les lapsus sont probablement aussi anciens que le langage lui-même. Une des explications qui était en vogue à l'époque de Freud était que les lapsus proviendraient d'une sorte de contamination mécanique des sons entre eux. Il évoque notamment l'ouvrage de Wilhelm Wundt la Psychologie des peuples qui reconnait dans le lapsus la possibilité de certaines influences psychiques, notamment par un processus d'association agissant de deux façons :
- Il y aurait tout d'abord une condition positive qui «consiste dans la production libre et spontanée d'associations tonales et verbales provoquées par les sons énoncés» ;
- Et d'autre part «une condition négative, qui consiste dans la suppression ou dans le relâchement du contrôle de la volonté et de l'attention».
Freud amplifie les remarques de Wundt et fait remarquer que «le facteur positif, favorisant le lapsus, c'est-à-dire le libre déroulement des associations, et le facteur négatif, c'est à dire le relâchement de l'action inhibitrice de l'attention agissent presque toujours simultanément, de sorte que ces deux facteurs représentent deux conditions, également indispensables, d'un seul et même processus.» Autrement dit c'est parce le relâchement de l'action inhibitrice a eu lieu que le libre déroulement des associations peut avoir lieu. Pour Freud les lapsus ne sont donc pas une simple contamination sonore mais trouvent leur origine dans «une source en dehors du discours» et cet élément perturbateur est constitué soit par une idée unique, restée inconsciente, mais qui se manifeste par le lapsus et ne peut le plus souvent être amenée à la conscience qu'à la suite d'une analyse approfondie, soit par un mobile psychique plus général qui s'oppose à tout l'ensemble du discours.»
[modifier] Exemples de lapsus
Avant de donner deux exemples de lapsus donnés par Freud, on peut rappeler un lapsus fameux commis à l'Assemblée nationale française par un député s'adressant à ses collègues et les invitant à : «durcir leur sexe» alors qu'il voulait dire «durcir leur texte».
Le sentiment de honte ou de malaise qui peut survenir après un lapsus est significatif, pour la théorie freudienne, de ce que l'inconscient s'est manifesté en déjouant les barrières de notre censeur interne ou Surmoi. En général ce malaise est passager et l'humour (un humour que la psychanalyse peut d'ailleurs aider à développer) permet de le surmonter sans problème ; en effet nous ne sommes pas responsables de nos pensées, elles nous viennent de l'inconscient et si nous sommes responsables de nos paroles comme de nos actes personne ne devrait en vouloir à quelqu'un d'avoir exprimé une pensée involontaire.
Dans Psychopathologie de la vie quotidienne Freud donne de nombreux exemples de lapsus qui proviennent de la langue germanique ce qui les rend un peu longs à présenter en voici deux parmi les plus courts empruntés à un autre psychanalyste W. Stekel :
- «Un professeur dit dans sa leçon inaugurale : « Je ne suis pas disposé à apprécier les mérites de mon éminent prédécesseur». il voulait dire : «je ne me reconnais pas une autorité suffisante…» geeignet, au lieu de geneigt.»
- «Au cours d'un orageuse assemblée générale, le Dr Stekel propose : «Abordons maintenant le quatrième point de l'ordre du jour.» C'est du moins ce qu'il voulait dire ; mais, gagné par l'atmosphère orageuse de la réunion, il employa, à la place du mot «abordons» (schreiten), le mot «combattons» (streiten).»
[modifier] Bibliographie
Sigmund Freud, Psychopathologie de la vie quotidienne (traduction S. Jankélévitch), Payot, Paris