Les Ensorcelés
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Les Ensorcelés (The Bad and the Beautiful) est un film américain réalisé par Vincente Minnelli, sorti en 1952.
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[modifier] Synopsis
Le portrait du producteur Jonathan Shields par une actrice, un réalisateur et un écrivain qui l'ont aimé puis détestés.
[modifier] Commentaire
Jonathan Shields (Kirk Douglas) est un jeune producteur ambitieux. Programmé héréditairement pour gagner, il dispose d’un environnement plus ou moins soumis à ses intuitions professionnelles, les sujets et les comédiens ne manquent pas. Les films de troisième ordre pullulent dans cette industrie hollywoodienne farfelue des années cinquante. Œuvres sans intérêts tournées à la va vite sont monnaies courantes, pas même le ridicule de certains scénaris ne décourage pas cette faune assoiffée de gloire qui se construit lentement, en traversant ces territoires infestés de navets.
Certains comédiens sont excentriques, qu’importe il ne servent qu’épisodiquement à l’avancée de la carrière d’un homme sans scrupules bâti pour l’environnement de ces métiers où on est encore debout à quatre heures du matin à cogiter sur les scènes à tourner dans la journée qui va poindre.
Les rapports que Shiels entretient avec les producteurs, metteurs en scène, comédiens et écrivains sont ambigus ; construits uniquement sur l’ambition d'un seul homme il s’achèvent tous par la trahison. Ce triste constat prend paradoxalement un aspect constructif. Toutes les personnes lésées rebondissent en faisant abstraction de leurs déceptions.
Shiels est un bienfaiteur qui s’ignore. L’orgueil cicatrise ces blessés qui rebondissent en adoptant les principes de leur prédateur. Pour dominer il faut rester libre et considérer les humains comme éléments manipulables, le but est de se maintenir dans le métier accompagné d’une solide base financière conquise par les projets les plus fous. Pour autant, certains esprits tels que Georgia Lorrison (Lana Turner) sont fragiles. Shields est obligé de se mouvoir intelligemment sur le terrain vaseux de la fausse protection afin de rassurer sa source principale de revenu.
Le dilemme des ensorcelés est simple en apparence. Les années ont passé, Shields va mal, sa carrière de producteur est en chute libre, il a besoin de l’aide de certaines personnes trahies pour redécoller. Faut-il se venger de ce personnage au cœur sec mais qui sans le vouloir a propulsé par une formation musclée des profils adaptés aux métiers réalistes du cinéma?
Ce huis-clos ponctué de flash back où chacun des quatre personnages décisionnaires relatent leur relation ratée avec Shields est passionnant. C’est un véritable procès où le rapport de forces s’est inversé. Shields n’est plus un dominant, il est devenu dépendant de ses proies qu’il n’a pas respectée. Celles-ci sont conscientes de leur nouveau pouvoir, il est alors tentant d’achever cet homme à genoux.
Lana Turner en comédienne débutante poivrote subit, se construit et finalement domine les rouages de la profession. Tout cela semble calqué sur le véritable cheminement du comédien de cinéma qui au début n’est rien puis se façonne par l’enchaînement des déceptions internes subies par la froideur de ces métiers. Kirk Douglas est dans sa période « Bad Guy ». Il porte habilement ce rôle inconscient de formateur d’une nouvelle trempe acérée d’esprits s’imprégnant en reflet des procédures de cet homme qui ne pense que professionnellement.
Tout le monde semble trimer dans ce panier de crabes où il faut être sans pitié pour maintenir sa tête hors de l’eau. Les ensorcelés est un très bon film afin d’ouvrir les yeux sur ce territoire qui attire de nombreuses vocations. Qu’en est-il aujourd’hui ? Le film est daté il est vrai par l’industrie que représentent les grands trusts et enseignes de cette époque où tout le monde est un kleenex en puissance.
[modifier] Fiche technique
- Titre : Les Ensorcelés
- Titre original : The Bad and the Beautiful
- Réalisation : Vincente Minnelli
- Scénario : George Bradshaw et Charles Schnee
- Production : John Houseman
- Musique : David Raksin et Jimmy McHugh
- Photographie : Robert Surtees
- Montage : Conrad A. Nervig
- Pays d'origine : États-Unis
- Format : Noir et blanc - 1,33:1 - Mono - 35 mm
- Genre : Comédie dramatique
- Durée : 118 minutes
- Date de sortie : 1952
[modifier] Distribution
- Lana Turner : Georgia Lorrison
- Kirk Douglas : Jonathan Shields
- Walter Pidgeon : Harry Pebbel
- Dick Powell : James Lee Bartlow
- Barry Sullivan : Fred Amiel
- Gloria Grahame : Rosemary Bartlow
- Gilbert Roland : Victor Ribera, alias Gaucho
- Leo G. Carroll : Henry Whitfield
- Vanessa Brown : Kay Amiel
- Paul Stewart : Syd Murphy
- Sammy White : Gus
- Elaine Stewart : Lila
- Ivan Triesault : Von Ellstein
[modifier] Récompenses
- Oscar du meilleur second rôle pour Gloria Grahame
- Oscar du meilleur scénario
- Oscar de la meilleure direction artistique (cat. Noir et blanc)
- Oscar de la meilleure photographie (cat. Noir et blanc)
- Oscar des meilleurs costumes (cat. Noir et blanc)
[modifier] Lien externe
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