Luftwaffe
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
La Luftwaffe (littéralement, arme de l'air) est le nom donné à l'Armée de l'Air allemande. Plus précisément, c'était le nom officiel de l'armée de l'air allemande sous le Troisième Reich entre 1935 et 1945, ainsi que le nom de celle de la République fédérale d'Allemagne (RFA) pendant la période de la Guerre froide entre 1955 et 1990. C'est également le nom courant pour l'armée de l'air de la RFA réunie depuis 1990. Le nom Luftstreitkräfte (littéralement, pouvoirs de combat aérien ou forces armées de l'air) apparaît également dans l'histoire des forces aériennes allemandes, puisque c'était le nom officiel en vigueur entre 1910 et 1918 ainsi que celui en vigueur pour l'armée de l'air de la République démocratique allemande (RDA) entre 1955 et 1990.
Sommaire |
[modifier] La Première Guerre mondiale
Le précurseur de la Luftwaffe, le service aérien de l'armée allemande impériale, est créé en 1910, quatre ans avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale (1914-1918) avec l'apparition de l'aviation militaire, bien que l'on ait l'intention d'utiliser les avions principalement pour la reconnaissance aérienne des lignes ennemies de la même manière qu'on a utilisé les ballons pendant la Guerre franco-prussienne en 1870-1871 et même pendant les guerres napoléoniennes. Ce n'est toutefois pas la première armée de l'air du monde, étant donné que l'Aéronautique Militaire de la France est fondée en 1910 aussi. La fondation de celle du Royaume-Uni, la Royal Flying Corps, aura lieu deux ans plus tard en 1912.
Durant la guerre, l'armée de l'air allemande utilise une grande variété d'avions: les avions de chasse (fabriqués par des usines telles que celles de l'Albatros-Flugzeugwerke et de Fokker), les avions de reconnaissance (Aviatik et DFW) et les avions de bombardement (Gothaer Waggonfabrik, mieux connus sous le nom plus simple de Gotha, et Zeppelin-Staaken). Mais ce sont les chasseurs qui passionnent le plus les enthousiastes d'aviation militaire, étant donné que ce sont eux qui produisent des « as » tels que Manfred von Richthofen, surnommé le « Diable rouge » par les Français et Red Baron par les Britanniques. D'autres « as » incluent Ernst Udet, Hermann Göring (le futur commandant en chef de la Luftwaffe), Oswald Boelcke (dit le premier tacticien aérien du soi-disant «dogfighting», Werner Voss et Max Immelmann. Ce dernier est le premier pilote allemand décoré de la médaille Pour le Mérite, à cette époque-là la distinction militaire la plus importante en Allemagne, après avoir abattu huit avions ennemis avec Oswald Boelcke. C'est pour cette raison que cette médaille est surnommée le «Max bleu» depuis lors. De même que la marine allemande, l'armée allemande utilise les dirigeables Zeppelin pour entreprendre des missions de bombardement sur des cibles militaires et civiles en France, en Belgique et au Royaume-Uni.
Tous les avions au sein de l'armée allemande jusqu'en 1918 - ainsi que ceux au sein de l'armée d'Autriche-Hongrie - portent l'insigne de la Croix de fer. Mais, dès 1918, les avions commencent à porter une croix formée de deux poutres droites (Balkenkreuz), un insigne qui deviendra très familier pendant le IIIème Reich. Après la chute de l'Allemagne en novembre 1918 à la suite de l'Armistice, l'armée de l'air allemande se dissout, comme prévu par le traité de Versailles, dont les termes exigent que tous les avions militaires allemands soient détruits.
[modifier] L'entre-deux-guerres
Le Traité de Versailles lui interdisant de maintenir une armée de l'air, l'Allemagne éprouve le besoin d'entraîner en secret ses pilotes pour une guerre future. Au début, on utilise les écoles d'aviation civile pour l'entraînement des pilotes pour faire croire qu'ils piloteront des avions de lignes aériennes civiles telles que la Lufthansa. Mais il n'est possible d'utiliser que les avions légers sur le territoire allemand. Pour que les pilotes puissent acquérir de l'expérience dans les nouveaux avions de combat, l'Allemagne sollicite l'aide de son futur ennemi, l'URSS. Un aérodrome secret est établi à Lipetsk en 1924, et il opère pendant neuf ans jusqu'à sa fermeture en 1933. L'école utilise des avions d'entraînement néerlandais et russes ainsi qu'allemands.
Le 26 février 1935, Adolf Hitler ordonne à Hermann Göring de rétablir la Luftwaffe, bien que le traité d'armistice soit toujours en vigueur. Mais ni la France ni le Royaume-Uni ni la Société des Nations ne font rien pour empêcher l'Allemagne d'entreprendre cette action ou d'autres violations du traité. Bien que la nouvelle Luftwaffe soit une organisation totalement indépendante de l'armée, elle continue néanmoins la tradition d'attribuer des grades militaires au personnel, une tradition maintenue même aujourd'hui par la Bundesluftwaffe (c'est-à-dire, l'armée de l'air de la RFA) et par beaucoup d'autres armées de l'air autour du monde. Et pourtant, il est à observer que le service aérien paramilitaire en vigueur avant la promulgation de la Luftwaffe portait le nom de la Deutscher Luftverband (DLV), dont le chef était Ernst Udet. Ses membres portaient l'uniforme avec l'insigne qui continue à apparaître sur l'uniforme de la Luftwaffe, bien que les noms des « grades » soient plus « civils » que militaires.
La Luftwaffe saisit l'occasion de tester l'efficacité de ses tactiques de combat et de ses appareils pendant la Guerre civile espagnole de 1936-1939 quand la Légion Condor va en Espagne pour y donner un appui aérien à la révolte conduite par Francisco Franco contre le gouvernement républicain. Les machines, dont les noms deviendront fameux dans le monde entier, incluent notamment le Junkers Ju 87 « Stuka », spécialisé dans le bombardement en piqué, offrant alors une bien plus grande précision que le bombardement en altitude, et le Messerschmitt BF109, l'avion de chasse le plus fameux en Allemagne. Mais en tant qu'armée de l'air attachée aux forces nationalistes de Franco, l'insigne de la Luftwaffe est remplacée sur le fuselage des avions pour donner au monde l'apparence fausse que l'Allemagne elle-même ne soutient pas activement la révolte. À sa place, la Croix balkanique sur le fuselage est remplacée par un disque noir et la swastika (c'est-à-dire la croix gammée) sur la dérive est remplacée par une sorte d'«X» en noir sur un fond blanc. Celle-ci apparaît depuis sur les avions militaires espagnols, bien que le disque noir soit remplacé par une rondelle (comme celle de l'Armée de l'Air française) mais en rouge-jaune-rouge. Les avions de la Légion sont affectés aux unités portant le numéro 88 ; par exemple, celles de bombardement sont assignées à la Kampfgruppe (groupe de bombardement) 88 (KG/88) alors que celles de chasse sont assignées à la Jagdgruppe (groupe de chasse) 88 (JG/88).
Les prémisses du bombardement systématique des cités durant la Seconde Guerre mondiale se manifestent le 26 avril 1937 lorsqu'une force de bombardement combinée des avions allemands et italiens détruit le plus gros de la ville basque de Guernica au nord-ouest de l'Espagne, une cible civile sans intérêt stratégique et dont la destruction frappe les esprits. Le monde entier ou presque condamne ce bombardement, et la mémoire collective de cet évènement se maintient depuis grâce à la peinture nommée comme la ville, exécutée par l'artiste Pablo Picasso, qui se spécialise dans l'art cubiste. À cette époque-ci, l'opinion publique a peur que toutes les futures guerres comportent de tels bombardements, étant donné que le général italien Giulio Douhet (qui est mort en 1930) formule des théories à l'égard du rôle de l'avion militaire en ce qui concerne ce que l'on nommera le « bombardement stratégique ». Voilà l'idée de Douhet : qu'une nation peut détruire une autre en portant un coup pulvérisant les cibles industrielles par les bombardements aériens. L'effet sera si foudroyant que le moral de la population civile plongera, et que le gouvernement n'aura pas d'autre choix que de solliciter la paix. C'est bien un mauvais présage de ce qui se passera - et pas seulement pendant la guerre qui se déclenchera quelques mois seulement après la fin de la guerre civile en Espagne.
[modifier] La Seconde Guerre mondiale
Pendant l'été 1939, à la veille du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, la Luftwaffe devient l'armée de l'air la plus puissante du monde. Résultat : elle joue un rôle significatif pendant les premières campagnes de la guerre et contribue beaucoup au succès final des forces armées allemandes pendant la période du 1er septembre 1939 jusqu'à la mi-juin 1940, prouvant aux armées ennemies l'efficacité des tactiques désignées sous le concept de Blitzkrieg formulé par la Wehrmacht pendant la période de l'entre-deux-guerres.
Avec d'autres pays, tels que l'Italie, le Japon, la Hongrie, la Bulgarie et la Roumanie, l'Allemagne nazie fait partie de l'Axe. En dix mois, elle est vainqueur de la Pologne, de la Norvège, du Danemark, du Luxembourg, de la Belgique et de la France grâce à l'étroite collaboration de la Luftwaffe avec les divisions blindées, les Panzer, coordonné par une radiotélégraphie innovatrice, cryptée. C'est donc une armée de l'air limitée dans un rôle tactique qui a fait gagner l'Allemagne, dans un premier temps. Mais le commandant en chef de la Luftwaffe, le Reichsmarschall Hermann Göring commence à surestimer la capacité de ses escadrilles à apporter une victoire rapide et complète à l'Allemagne nazie. Il se vante de pouvoir détruire en un mois l'aviation britannique avant le déclenchement de l'invasion prévue du Royaume-Uni, l'opération dont le nom de code est «Seelöwe» («Otarie»). Mais la Manche sépare la France occupée du Royaume-Uni et la Mer du nord sépare la Norvège occupée (où se trouvait la Luftflotte (flotte aérienne) V sous le commandement du Generaloberst (colonel-général) Hugo Sperrle). Cela contribue dans une grande mesure au maintien de la liberté du Royaume-Uni ainsi que l'emploi systématique du Radar et la résistance courageuse des pilotes de la RAF «Fighter Command», qui comporte non seulement des pilotes britanniques, mais aussi des pilotes de beaucoup d'autres nationalités, y compris des Français.
Ultérieurement, l'incapacité de la Luftwaffe à gagner la maîtrise du ciel pendant la Bataille d'Angleterre sera vue comme la conséquence d'un changement de tactique. Au lieu d'attaquer les aérodromes militaires, la Luftwaffe commence à bombarder des cibles industrielles et des villes telles que Londres après un raid aérien sur Berlin le 25 août 1940 des bombardiers du RAF Bomber Command. C'est un moment clé de la conduite de la guerre. La puissance aérienne allemande commence petit à petit à diminuer à la suite de l'entrée en guerre des États-Unis en décembre 1941. L'Allemagne nazie éprouves des difficultés grandissantes d'approvisionnement en matériaux stratégiques, surtout l'aluminium, sans lequel il devient de plus en plus difficile de construire des avions et d'autres armes pour les forces armées allemandes. Pire pour la Luftwaffe, la direction de Göring est vraiment défectueuse, bien que celui-ci réussisse toujours à rejeter la responsabilité de ses défaites sur d'autres comme Udet (qui se suicide en novembre 1941).
Contrairement à « l'U.S. Army Air Force » (USAAF), à cette époque-ci sous la direction du général Henry H. Arnold, surnommé «Hap», les Allemands ne développent aucune force de bombardement stratégique. Et pourtant, avant la guerre, la Lufthansa employait des quadrimoteurs à longue portée (les Focke-Wulf Fw 200) pour des vols transatlantiques vers les États-Unis. Si les Allemands en avaient construit beaucoup au lieu de se concentrer tant de ressources sur la construction des bimoteurs, il est vraisemblable que de tels quadrimoteurs auraient pu infliger beaucoup plus de dégâts sur les cibles du Royaume-Uni. Heureusement pour les Alliés, ils ne le feront pas, mais la Luftwaffe utilise quand même le Fw 200 pendant des missions sur l'Atlantique du Nord pour y détruire les navires de commerce qui portent les vivres vitaux aux îles britanniques assiégées. En revanche, les avions de bombardement lourds de l'USAF, accompagnés par des avions de chasse comme le P-51 «Mustang» équipés de réservoirs d'essence supplémentaires à larguer une fois commencé le combat aérien avec des chasseurs ennemis, ont une assez longue portée pour pouvoir voler à l'intérieur du territoire du Reich pendant les opérations conduites en pleine journée, pendant que leurs collègues de la RAF continuent à attaquer de nuit les cibles ennemies.
Néanmoins, la Luftwaffe reste forte et avec le renforcement de la Flak qui eu un effectif dépassant les 2/3 de l'ensembles de l'arme et continue à abattre de nombreux avions de bombardement alliés, y compris, ce qui est étonnant, quatre-vingt-quinze avions britanniques pendant une nuit unique (du 30 au 31 octobre 1944) quand la RAF la RAF attaque la ville de Nuremberg, fameuse en tant que lieu des ralliements du parti nazi pendant la période d'avant-guerre (et que scène du procès des criminels de guerre, y compris Göring, après la victoire des Alliés ).
On sent la supériorité aérienne allemande surtout sur le front de l'Est, car la Luftwaffe jouit d'un niveau de technologie supérieur à celui des Soviétiques, ainsi que de la présence de beaucoup d'«Experten», c'est-à-dire, des pilotes hautement expérimentés comme Erich Hartmann, qui sortira de la guerre avec un palmarès incroyable - 352 avions ennemis abattus, dont 345 soviétiques, un total qui est tout d'abord l'objet de disputes avant d'être ultérieurement admis. En revanche, le palmarès le plus élevé d'un pilote hors de la Luftwaffe n'est que de soixante-deux avions ennemis (y compris un exemplaire d'un Messerschmitt Me 262); il est revendiqué par un pilote soviétique, le colonel Ivan Kozhedub (qui finalement est promu au grade de colonel-général pendant les années 1960). Néanmoins, l'immensité du territoire russe permet aux Soviétiques de construire les usines à grande distance du front pour y faire construire des millierss d'avions et d'autres armes qui permettent aux forces armées soviétiques d'arrêter et de repousser l'armée allemande en lui infligeant deux grandes défaites à Koursk et à Stalingrad (Volgograd), et en empêchant la prise de Léningrad (Saint-Petersbourg).
La Luftwaffe est active sur beaucoup de fronts, y compris en Afrique du Nord où elle donne un appui aérien à « l'Afrika-Korps », qui est sous la direction du général Erwin Rommel, et également durant les offensives contre la Yougoslavie et la Grèce avant le déclenchement de l'invasion de l'Union des républiques socialistes soviétiques le 22 juin 1941. Beaucoup d'unités de la Luftwaffe se trouvent en Italie aussi, même après l'armistice italien avec les Alliés en septembre 1943, et elles restent dans le pays jusqu'à la fin de la guerre en Europe en mai 1945. Il existe aussi en Roumanie quelques escadrilles de chasseurs de la Luftwaffe, avec la mission de protéger les gisements de Ploësti, qui fournissent à la machine de guerre nazie le carburant vital pour son offensive contre l'URSS.
Une des particularités uniques de la Luftwaffe (contrairement à d'autres armées de l'air), est l'existence d'une force spécifique de troupes parachutistes d'élite - les Fallschirmjäger. Ces parachutistes sont actifs pendant 1940-1941, surtout pendant la prise du fort d'Ében-Émael (Wallonie, Belgique) en mai 1940 et celle de la Crète en mai 1941. Mais la perte de plus de 3 000 parachutistes pendant cette dernière opérationce horrifie Adolf Hitler. Désormais, les Fallschirmjäger ne participeront jamais plus aux grandes opérations, mais plutôt à de petites opérations spécialisées, telles que le sauvetage réussi du dictateur fasciste italien Benito Mussolini, qui est déjà déchu, en 1943.
Quoique les Allemands aient fait des tentatives pour combattre les bombardiers lourds britanniques pendant la Première Guerre mondiale, la force de chasseurs de nuit allemande - la Nachtjagd - doit réinventer les tactiques à utiliser contre eux quand ils commencent à attaquer puissamment des cibles situées dans le territoire du Reich. Une chaîne de stations radar est établie sur toute la longueur du territoire, de la Norvège jusqu'à la frontière suisse, sous le nom de « Chaîne de Kammhuber », ainsi nommée d'après le Generalleutnant (lieutenant-général) Josef Kammhuber. Les escadrons avoisinants de chasseurs de nuit, les Nachtjagdgeschwader (NJG), reçoivent l'alerte pour décoller et intercepter les bombardiers ennemis. Ces escadrons sont équipés d'avions tels que le Messerschmitt BF 110 et le Junkers Ju 88, qui seront fournis plus tard avec le système de radar connu sous le nom de Lichtenstein, installé dans le nez.
On considère le Heinkel He 219 « Uhu » (hibou) comme le meilleur des chasseurs de nuit allemands. Heureusement pour les Alliés, les Allemands ne les construisent pas en grand nombre. Les vagues de bombardiers larguent pendant chaque mission des centaines de bandes d'aluminium, connues sous le nom de «Window» (fenêtre), pour rendre inutile le système de radar défensif et presque aveugles les chasseurs de nuit allemands. Deux noms notables parmi les as des chasseurs de nuit : Helmut Lent, qui réussit à abattre 110 avions ennemis avant de perdre la vie dans un accident à l'atterrissage en octobre 1944, et Wolfgang Schnaufer, qui réussit à en abattre 102 et à survivre à la guerre, mais qui perdra la vie à la suite d'un accident de voiture en France en 1950.
Après avoir joué un rôle pionnier dans le développement des avions munis de turboréacteur («TL Triebwerke») avec des prototypes tels que le Heinkel He 178 et le Heinkel He 280, la Luftwaffe devient la première armée de l'air au monde à mettre en service - mais en hâte - un avion à réaction opérationnel - le Messerschmitt Me 262 dit Schwalbe (hirondelle). L'avion rencontre de nombreux de problèmes de fiabilité avec ses moteurs : malgré le fait que ceux-ci incorporent le dernier dessin d'écoulement axial, il leur manque néanmoins les matériaux stratégiques de haute qualité requis pour leur construction. C'est l'effet de l'offensive de bombardement alliée et de l'évolution négative de la guerre pour l'Allemagne. En plus du Me 262, l'industrie aérienne allemande produit d'autres appareils assez avancés tels que l'Arado Ar 234, un avion à réaction (soit bimoteur soit quadrimoteur) dédié au bombardement et à la reconnaissance, le Heinkel He 162 dit «Volksjäger» (chasseur populaire), un chasseur à réaction monomoteur (le moteur est un BMW 003), le Messerschmitt Me 163 dit «Komet» (comète), un chasseur propulsé par une fusée (la Walther 509), parmi d'autres. D'autres types d'avion avancés, tels que l'aile volante, le Horten Ho 229 (à l'origine le Horten Ho IX), que les Allemands produiront par l'usine de la Gothaer Waggonfabrik (Gotha), se trouvent soit à l'étape des essais, soit même sur le point d'entrer en production à la fin de la guerre en Europe. L'industrie d'aviation allemande développe également le premier missile de croisière du monde, le Fieseler Fi 103, baptisé le V-1 (Vergeltung = représailles), et le premier missile sol-sol (ou «missile balistique») baptisé le V-2.
Ces machines sont modernes, mais elles ne peuvent pas empêcher la défaite aérienne complète autant qu'inévitable du IIIe Reich. La Luftwaffe manque de carburant, de pilotes entraînés et expérimentés, d'organisation et d'aérodromes sûrs (c'est-à-dire, cachés). La dernière grande offensive lancée par la Luftwaffe a lieu le 1er janvier 1945 : l'opération Bodenplatte, dont le but est de détruire au sol autant d'avions ennemis que possible. Mais de leur côté, les Allemands perdent plus de 300 machines et sont désormais partout sur la défensive pendant que les Alliés occidentaux et les Soviétiques envahissent le territoire du Reich lui-même et s'approchent de Berlin pour y enfoncer le régime nazi. Les Alliés bénéficient des efforts de la technologie allemande en saisissant beaucoup d'avions abandonnés sur place après avoir été presque ou complètement détruits par l'ennemi pendant sa retraite vers l'intérieur de l'Allemagne. Par exemple, l'opération Paperclip (trombone), en 1944-45, a pour but la saisie d'informations de toutes sortes dans le domaine des technologies militaires allemandes innovantes ainsi que la capture de spécialistes et d'ingénieurs pour les « évacuer » aux États-Unis, au Royaume-Uni, en URSS ou en France.
Pendant que les programmes spatiaux des USA et de l'URSS n'en sont qu'à leurs débuts, on emploie non seulement des machines allemandes mais aussi des spécialistes et ingénieurs allemands, dont le plus fameux est Wernher von Braun, qui deviendra le chef de l'équipe de conception au sein du projet Apollo de la NASA qui enverra des fusées Saturn V vers la Lune. L'Armée rouge capture également beaucoup de spécialistes et ingénieurs aéronautiques allemands. Ceux-ci partent en Russie pour y dessiner et faire construire des avions pour l'armée de l'air et l'aéronavale soviétique.
Parmi ceux qui vont en Russie, on note le professeur Hans Wocke, responsable du dessin du premier bombardier à réaction aux ailes à flèche négative du monde, le Junkers Ju 287, dont le premier prototype, le Ju 287 V1, faisait des vols d'essai pendant la guerre. Le dessin du Ju 287 s'incorpore dans le dessin du prototype du Junkers EF (Erprobungsflugzeug = avion d'essai) 140. En tout cas, ni celui-ci ni aucun autre avion dessiné par les Allemands ne sera accepté au sein des forces armées soviétiques parce que les Allemands sont encore des prisonniers et que les autorités leur interdisent d'accéder aux installations modernes nécessaires pour dessiner et perfectionner les avions militaires. Les Russes permettent à la plupart des dessinateurs captifs de revenir en Allemagne, soit occidentale soit orientale, vers la fin de 1953.
Pendant le cours de l'histoire du IIIème Reich, la Luftwaffe n'a que deux commandants en chef, dont le premier est Göring. Mais Hitler le limoge à la fin de la guerre après avoir appris qu'il tentait de prendre contact sans autorisation avec les Alliés occidentaux dans le but de négocier un cessez-le-feu avant la chute de Berlin aux mains des Soviétiques. Hitler désigne donc le Generaloberst (colonel-général) Robert Ritter von Greim comme le second (et dernier) commandant en chef de la Luftwaffe. En même temps, il promeut celui-ci au grade de Generalfeldmarschall (général-maréchal). Ainsi, celui-ci devient le dernier officier allemand de la Seconde Guerre mondiale à recevoir une telle promotion au grade le plus haut.
Peu avant le déclenchement de la guerre, le Ministre de propagande nazi publie un magazine qui se spécialise dans les activités de la Luftwaffe. Il s'appelle «Der Adler» («L'Aigle») et est publié non seulement en allemand mais aussi dans d'autres langues, y compris ultérieurement celles des pays qui seront incorporés dans le territoire du Reich pendant la guerre elle-même, y compris le français. Tant que les États-Unis restent neutres (de septembre 1939 à décembre 1941), le magazine est également publié en anglais. Beaucoup d'images en couleurs prises à cette époque-ci viennent de cette publication.
[modifier] Organisation des unités opérationnelles
Les unités opérationnelles et d'entraînement de la Luftwaffe s'organisent approximativement de la même manière que l'«U.S. Army Air Corps» (qui devient les «U.S. Army Air Forces» plus tard). Les escadrons de chasseurs, les Jagdgeschwader (JG), se composent de tois ou quatre groupes (Gruppen), qui se composent eux-même de trois escadrilles (Jagdstaffel) chacune composée de douze avions. Donc l'escadre de chasseurs No.1 est la JG 1, le premier groupe de cette escadre est le I/JG 1 et la première escadrille est la 1./JG 1. (Il est intéressant de savoir que la JG 1 utilisait les Heinkel He 162 mentionnés ci-dessus vers la fin de la guerre en Europe. Pendant les deux derniers mois de la guerre, elle en perdit 22 ; dix pilotes trouvèrent la mort et six autres se blessèrent sérieusement.)
De même, la Luftwaffe appelle les escadres de bombardiers les Kampfgeschwader (KG), celles de chasseurs de nuit les Nachtjagdgeschwader (NJG), celles de bombardiers en piqué les Stukageschwader (StG) et celles ayant de patrouille maritime et de sauvetage des équipages abattus en mer les Küstenfliegergruppen (Kü.Fl.Gr.). On appelle les groupes de bombardiers spécialistes les Kampfgruppen (KGr).
À la tête d'une Geschwader est un Geschwaderkommodore, d'un Gruppe un Gruppenkommandeur et d'une Staffel un Staffelkapitän. Mais ces noms définissent des fonctions au sein de l'unité et non des grades d'officier dans la Luftwaffe. Généralement, c'est un Oberstleutnant (lieutenant-colonel) - ou, ce qui est exceptionnel, un Oberst (colonel) - qui est à la tête d'un Geschwader. Le Gruppe est en général commandé par un Major (commandant) ou un Oberstleutnant (lieutenant-colonel) mais il arrive aussi que ce soit un Hauptmann (capitaine). Et en théorie c'est un Hauptmann (capitaine) ou un Oberleutnant (lieutenant) et parfois même un Leutnant (sous-lieutenant) qui se trouve à la tête d'une Staffel. Un marquage spécifique sur le fuselage des avions identifie la fonction du pilote. Ainsi l'avion du Gruppenkommandeur comporte deux chevrons devant la Balkenkreuz alors que celui du Geschwaderkommodore comporte un chevron et deux barres horizontales qui entourent la Balkenkreuz.
[modifier] L'après-guerre
Après la fin de la guerre, l'aviation allemande est sévèrement restreinte. Les Alliés interdisent totalement aux Allemands de posséder une aviation militaire, jusqu'à ce qu'ils permettent à la nouvelle République fédérale de rejoindre l'OTAN en 1955, lorsqu'ils se rendent compte qu'ils ont désormais besoin de celle-ci à cause de la menace militaire grandissante de l'Union Soviétique et des autres pays du Pacte de Varsovie. Pendant les décennies suivantes, la Luftwaffe de la RFA utilise surtout des appareils d'origine américaine, qui sont construits localement sous licence. Tous les avions militaires allemands portent maintenant la Croix de fer sur le fuselage, comme pendant la Grande Guerre, et le drapeau national de la RFA sur la dérive.
Beaucoup d'anciens pilotes de chasse, qui luttaient contre les Alliés pendant la guerre, rejoignent la nouvelle armée de l'air d'après-guerre et vont aux États-Unis pour y bénéficier d'un stage de recyclage avant de revenir en Allemagne pour se familiariser avec les nouvelles machines fournies par les américains. Ces personnalités comprennent Erich Hartmann (352 avions ennemis abattus), Gerhard Barkhorn (301), Günther Rall (275) et Johannes Steinhoff (176). Steinhoff, dont le visage et le reste du corps portent de graves brûlures subies lors d'un accident au décollage aux commandes d'un Messerschmitt Me 262 vers la fin de la guerre en Europe, sera le commandant en chef de la Luftwaffe et Rall sera son successeur immédiat. Hartmann prendra sa retraite en 1970 - à l'âge de 48 ans. Josef Kammhuber, mentionné ci-dessus, rejoint la Luftwaffe d'après-guerre aussi et prendra sa retraite en tant qu'Inspekteur der Bundesluftwaffe en 1962.
La crise du Starfighter survient pendant les années 1960 à cause de nombreux accidents tuant quelques pilotes d'avions du type Lockheed F-104. Le grand public surnomme alors le jet le «Witwenmacher» (« faiseur de veuves »). Il est à noter que le F-104 n'a été utilisé au sein de l'USAF que quelques années.
On a appris par la suite que nombre de ces accidents étaient dus à une trop grande charge alaire (les autres armées de l'air du monde n'ont pas eu ce problème), car un des membres de l'état-major était un espion à la solde des soviétiques.
La République démocratique allemande (RDA) communiste décide d'utiliser le même nom - la Luftstreitkräfte - pour son armée de l'air que pendant la Grande Guerre. Au sein de cette force aérienne volent les avions construits par l'URSS tels que le Soukhoï Su-7 (codé «Fitter» par l'OTAN) ainsi que ceux du constructeur russe Mikoyan-Gourevitch, y compris les chasseurs MiG-21, MiG-23 et MiG-29. À l'inverse des avions de la Luftwaffe de la RFA, les avions de la RDA portent l'insigne du drapeau national et non pas la Croix de fer. En ce cas, les trois rayures du drapeau tricolore de la RDA (en vigueur de 1959 à 1990) s'orientent verticalement au lieu d'horizontalement et l'insigne lui-même prend la forme d'un diamant. On voit aussi sur l'insigne le symbole du communisme de la RFA : le marteau, le compas de charpentier (voir drapeau) et les épis de blé en forme de guirlande.
Après la réunification de la RFA et de la RDA en octobre 1990, les avions de l'ancienne Luftstreitkräfte volent au sein de la Luftwaffe. Voici une situation bizarre où les avions construits par l'ex-Union Soviétique font leur service avec une armée de l'air qui fait partie de l'OTAN. Mais cela ne durera pas longtemps, car le gouvernement de l'Allemagne réunie veut les retirer de l'inventaire avant d'en vendre beaucoup à d'autres pays, les nouveaux membres de l'OTAN en Europe centrale inclus. Les quelque 23 MiG-29 occidentalisés ont été finalement vendus en 2005/2006 pour 1 (un) euro symbolique à la Pologne.
La Guerre du Kosovo en 1999 au cotés des alliés de l'OTAN vit les premières missions de combat de la Luftwaffe depuis la seconde guerre mondiale
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
- Heinkel (constructeur aéronautique allemand)
- Junkers (constructeur aéronautique allemand)
- Messerschmitt (constructeur aéronautique allemand)
- Wehrmacht
- Liste des avions militaires
- Liste des constructeurs aéronautiques
[modifier] Liens externes
Portail de l'aéronautique – Accédez aux articles de Wikipédia concernant l’aéronautique. |
Portail de l'histoire militaire – Accédez aux articles de Wikipédia concernant l'histoire militaire. |