Nature humaine
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La nature humaine représente un ensemble de caractéristiques qui seraient communes à tous les membres de l'humanité. C’est-à-dire une définition de l'homo sapiens qui puisse distinguer enssentiellement l'humain du reste des vivants. La définition de la nature humaine demeure encore aujourd'hui l'enjeu de débats importants en sciences, en philosophie et dans les religions.
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[modifier] Approche historique
Avec une approche teintée d'anthropocentrisme, cette définition s'est progressivement construite autour de l'idée d'une particularité qui distinguerait l'Homme de la nature, en commençant par le règne animal. Cela à longtemps été l'âme puis, depuis la perte d'influence du sacré, la notion de culture a remplit par la suite cette fonction car l'on crû longtemps en science que le propre de l'Homme était "l'outil". L'homme possèderait donc une évolution culturelle propre, orientée par ses capacités de sociabilité et de partage des connaissances conservées historiquement par voies traditionnelles orales, écrites et gestuelles.
La définition d'une nature humaine a des enjeux moraux et légaux : si certains humains ne sont pas reconnus comme tels, il n'est pas nécessaire de les traiter avec les égards dus à une personne. La controverse de Valladolid opposa par exemple en 1550 le dominicain Bartolomé de Las Casas et le philosophe Sepulveda sur le statut des Indiens d'Amérique.
Certains courants philosophiques modernes ont nié l'existence d'une nature humaine. C'est le cas, par exemple, du marxisme pour lequel la nature se réduit à « l'ensemble des rapports sociaux » (Karl Marx). Dans une même perspective, pour l'existentialisme français, « l'existence précède l'essence » (Jean-Paul Sartre), de sorte que, au sens strict, la nature humaine n'existe pas. Plusieurs autres philosophes contemporains continuent de tenter de définir la nature humaine.
[modifier] Approche biologique et évolutionniste
Sous l'angle de la biologies et de la théorie de l'évolution, les capacités d'apprentissages et de socialisation semble provenir de l'ordre de la génétique permettant notre adaptabilité particulière. Afin d'illustrer cette position le cas des Homines Feri ou plus communément appellés "enfants sauvages" servira d'exemple. En effet, ce sont des enfants qui ont été perdus dans la nature dès leur plus jeune âge et qui ont donc reçu une très faible influence de la société. Il en ressort plusieurs caractéristiques communes : absence de pilosité ou au contraire hisurtisme (pilosité très importante), insensibilité au climat (pluit, froid), perte d'acuité des sens (par exemple,le toucher : Victor de l'Aveyron, un célèbre Homo Ferus ne sentait pas de piqûre lorsqu'il serait une bogue de chatâigne), vie la nuit, acuité visuelle accrue la nuit. Ils sont rarement omnivores : certains ont un régime alimentaire strictement carné et d'autres sont herbivores, selon l'"animal" auxquels ils sont apparentés, ils ne sont jamais bipède, ne parlent pas et ne ressentent pas certaines émotions : ils ne peuvent ni rire ni pleurer. Enfin, leur "âge mental" est bloqué à l'âge où ils ont été perdus : comme si le processus de formation mentale et psychologique s'était stoppé, voire avait régressé sous l'influence de cette absence de société. A cause de cela, ils ont été diagnostiqué débiles mentaux par les psychiatres du XIXème (époque où on a trouvé beaucoup de cas d'Homines Feri). Cependant, les études de Jean Itard, Mémoires sur les premiers développements de Victor de l’Aveyron, montre que cette débilité est réversible : à force d'exercices et de vie en société, l'enfant peut "grandir" jusqu'à un certains âge (vers 12-15 ans), mais qui est cette fois un seuil difficilement franchissable. Il peut aussi apprendre à manger de tout et proprement, à se tenir en société, à être bipède, même s'il est rare qu'un enfant sauvage retrouve l'usage de la parole. Ainsi, la nature humaine semble acquise et il semble que l'Homme ait besoin des autres et de ce qui l'entoure pour vivre. Cette idée de nature humaine de l'ordre de l'acquis, en opposition à ce qui est de l'ordre de l'inné souligne le rôle particulier de la culture chez l'espèce humaine tout en l'explicant via l'évolution biologique.
[modifier] Approche en paléoanthropologie
Cette perspective, développée par Yves Coppens et Pascal Picq se fonde sur l'étude des premiers hominidés. Elle soutient que l'Homo sapien n'a pas de toujours été humain, comme le laisse sous-entendre cette citation de Picq :
« Je ne pense pas que les premiers hommes, quelque part en Afrique vers 3 millions d'années, s'interrogeaient sur leur condition humaine en descendant chaque matin de leur arbre et avant de partir quérir quelques charognes dans les savanes arborées.[1] »
Pour les paléoanthropologue et une bonne partie des chercheurs dans le domaine en sciences sociales, l'évolution biologique a précédé l'évolution culturelle; c'est-à-dire que, selon ce paradigme, la culture est plus à même d'expliquer les transformations sociales et les différences entre Hommes que la génétique. Les paléoanthropologues sont en accord avec l'approche biologique, jusqu'à un certain point ; ils conçoivent eux aussi que la culture semble actuellement effectivement être un donné anthropologique (de l'ordre de la nature). Cependant ils ajoute une nuance particulière, la place de la culture dans la vie de notre espèce animal:
« Les origines de notre espèce Homo sapiens sont certainement africaines et remontent à 200 000 ans. Mais une révolution considérable arrive, portée par certaines populations d'Homo sapiens : la révolution symbolique, avec l'art qui apparraît sous toutes ses formes - musique, gravure, peinture, sculpture, sans oublier les parures et mobilier funéraire. [2] »
Afin de pouvoir comprendre dans quelle mesure l'Homo sapien n'a pas de toujours été humain, les paléoanthropologue ont dû chercher à comprendre ce phénomène particulier. Ils en sont venu à la conclusion provisoire mais actuelle que l'humanité est en fait une construction :
« C'est une construction de notre psychisme qui s'appuie néccessairement sur un susbtrat cognitif dont les origines remontent au-delà du dernier ancêtre commun que nous partageons avec le chimpanzé. Au cours de leur évolution, les chimpanzés ne sont pas devenus des hommes; quand aux hommes, il n'est pas certain qu'ils soient devenu humains. [3] »
En ce sens, ces chercheurs affirment que l'humain est loin d'être une notion qui va de soi et qu'il faut parvenir a distinguer l'espèce de l'idéal afin de saisir le propre de notre espèce. Sous cet angle d'analyse l'humain devient une création dans l'esprit de notre espèce. Le paléoanthropologue Pascal Picq pose ainsi la question :
« Le propre de l'humain n'est-il pas justement de se poser cette question : "Qu'est ce que l'humain ?" Et est-ce ce sens propre à notre espèce Homo sapiens ? Dans ce cas, les autres hommes, dits préhistoriques, étaient-ils des humains ?[4] »
Pour résumer, selon cette approche la culture humaine, comprenant la connaissance humaine et le fait "humain" constitue le propre de notre espèce.
En opposition à cette approche se pose celle d'Edward Osborne Wilson et son approche sociobiologique qui sous-tend que la culture modifie la génétique et que les facteurs explicatifs des comportements et de la spécificité humaine sont d'ordre purement biologiques. L'enjeu autour de la question demeure important et la dite réponse, non résolue.
[modifier] Citations sur la nature de l'Homme
- « L’homme est une histoire », Lucien Malson, dans les enfants sauvages
- « L’enfant, privé de vie sociale, ne peut être humain. », Lucien Malson, dans les enfants sauvages
- « l’homme n’est pas « né » mais « construit » », Lucien Malson, dans les enfants sauvages
- « l’homme avant l’éducation n’est pas né », Lucien Malson, dans les enfants sauvages
- « l’homme serait, sans la civilisation, un des plus faibles et moins intelligents des animaux », Jean Itard, Mémoires sur les premiers développements de Victor de l’Aveyron
[modifier] Voir aussi
- Jean-Jacques Rousseau, auteur du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
- David Hume, auteur du Traité de la nature humaine
- anthropologie.
- Nature
- Évolution
- Jean-Jacques Rousseau
- Charles Darwin
- Inné et Acquis
- Yves Coppens
- Pascal Picq
- Sociobiologie
- Edward Osborne Wilson
- Paléoanthropologie
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[modifier] Références
- ↑ PICQ P L'humain à l'aube de l'humanité p. 33 dans Qu'est ce que l'humain ?
- ↑ PICQ P L'humain à l'aube de l'humanité p. 59 dans Qu'est ce que l'humain ?
- ↑ PICQ P L'humain à l'aube de l'humanité p. 59 dans Qu'est ce que l'humain ?
- ↑ PICQ P L'humain à l'aube de l'humanité p. 33 dans Qu'est ce que l'humain ?
[modifier] Bibliographie
- SERRE M, PICQ P,VINCENT J-D (2003) Qu’est-ce que l’Humain ?, ed. Le Pommier et le Collège de la Cité des sciences, (ISBN 2746501309)
- CHAYEUX J-P (2003) Gènes et cultures - Symposium annuel, ed. Odile Jacob, 304 pages (ISBN 2-7381-1310-9)