Paul Aussaresses
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Paul Aussaresses, né le 7 novembre 1918 à Saint-Paul-Cap-de-Joux dans le Tarn, est un général de l'armée française à la retraite. Parachutiste, il est connu pour son utilisation de la torture durant la guerre d'Algérie, qu’il rendit publique après un entretien avec un journaliste du quotidien Le Monde en 2000.
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[modifier] Début de sa carrière d'officier
En 1941, Aussaresses est élève officier à Cherchell. L'année suivante, il se porte volontaire pour les services secrets en France, il intègre notamment les commandos Jedburghs. Sous la direction du Colonel Jacques Morlanne, il participe à la fondation, le 1er septembre 1946, du bras armé du Service Action du SDECE, le 11e bataillon parachutiste de choc (renommé 11e demi-brigade Parachutiste de Choc en octobre 1955) auquel il est affecté administrativement tout en restant en poste au 3e bureau de l'Etat-major. Il prend le commandement, officiel et effectif, du 11e Choc à partir du 1er mai 1947. Il sert ensuite en Indochine dans le Premier régiment de parachutistes coloniaux.
[modifier] Philippeville
En 1955, il est transféré à Philippeville en Algérie, dans le 41e bataillon comme officier de renseignement.
Il remet en place son unité de renseignement, qui avait été démantelée pendant la paix, mais se révélait à nouveau nécessaire à l'armée française, pour réduire l'insurrection des rebelles algériens.
Le 20 août 1955, le Front de libération national (FLN), met en place une attaque contre Philippeville. Aussaresses a dit avoir eu cette information bien avant l'attaque et avoir ainsi été capable d'empêcher beaucoup de pertes potentielles. Les membres du FLN avait convaincu des hommes, femmes et enfants de la campagne de se joindre à leur marche, sans armes. Dans son livre Aussaresses écrit que son bataillon a tué 134 personnes et en a blessé des centaines, contre 2 morts et une centaine de blessés parmi ses hommes.
[modifier] Préparation à l'opération du Canal de Suez
Pendant le printemps 1956, il assiste à un camp d'entraînement secret à Salisbury au Royaume-Uni, pendant un mois, pour préparer la Bataille du canal de Suez. En mai 1956, il retourne à Bône (aujourd'hui Annaba) en Algérie, pour continuer son entraînement avec les commandos de parachutistes partant pour le canal de Suez . Le 1er juin 1956, il se fait une fracture spinale durant un exercice, ce qui l'empêche de participer à l'opération du canal de Suez.
[modifier] Collaborateur de Jacques Massu à Alger
Le général Jacques Massu, qui avait remarqué le travail répressif d'Aussaresses contre les insurrections de Philippeville, a ordonné à Aussaresses de travailler sous ses ordres à Alger, pour contrôler le FLN.
Durant la Bataille d'Alger, c'est un proche du général Massu. Il brise notamment la manifestation du 28 janvier 1957, organisée par le FLN.
La même année, il fait pendre Larbi Ben M'hidi, un membre important du FLN, en déguisant ce crime en suicide. Il a également donné l'order de défenestrer Ali Boumendjel du 6e étage du bâtiment où il était détenu, prétendant également à un suicide (version que le gouvernement français de l'époque a soutenu).
[modifier] Après la fin de la guerre d’Algérie
Il continue sa carrière dans l’armée française : il est nommé colonel, à la tête du 1er RPC, autre unité para, en 1966-1968. Il est ensuite nommé général.
Il a fait partie des instructeurs envoyés par l'armée française former l'armée argentine aux techniques françaises de la guerre subversive, éprouvées en Indochine et en Algérie. Cette formation sera mise en pratique à la suite du coup d'État des généraux et dans le cadre du Plan Condor.
Il a ainsi enseigné à l'École Militaire des Amériques au Panama où les travaux pratiques s'effectuaient sur des prisonniers vivants de droit commun incarcérés au Panama.
[modifier] Ses livres et le débat du soutien du gouvernement français à la torture
Aussaresses affirme que le gouvernement (dirigé par Guy Mollet, sous René Coty) a insisté pour que l'armée française en Algérie liquide le FLN aussi vite que possible. La question courait en France pour savoir si la torture était, ou non, utilisée en Algérie. Quelques années plus tard, des photos parurent dans la presse montrant que c'était le cas. Depuis ce jour, les historiens se posent la question de savoir si le gouvernement avait soutenu cette pratique. Aussaresses soutient que c’est le cas, y compris les exécutions sommaires de milliers de personnes, des heures de tortures de prisonniers, et des répressions violentes de manifestations. Alistair Horne, historien britannique, spécialiste de l'histoire de France, dit de son côté qu'il y a toujours un doute pour savoir si les militaires agissaient de leur propre initiative, sans s'occuper des autorités civiles, pour torpiller les négociations de paix, ou si il y avait effectivement une complicité du gouvernement Guy Mollet.
Jacques Chirac a retiré à Paul Aussaresses sa Légion d'honneur.
Poursuivi par la Ligue des Droits de l'Homme pour "apologie de crimes de guerre", Aussaresses a été condamné à 7 500 euros d'amende par la 17ème chambre correctionnel du TGI de Paris, les éditeurs Plon et Perrin ont été condamnés à 15 000 euros d'amende chacun. Ce jugement a été confirmé en appel en avril 2003. La cour de cassation a rejetté le pourvoi en décembre 2004. En effet, le général justifiait à plusieurs reprises dans ce livre l'emploi de la torture qui permettrait de sauver des vies innocentes en poussant les terroristes présumés à révéler les détails de leurs projets et leurs complices.
Par contre, le général Aussaresses avait fait l'objet de plaintes pour les crimes de tortures qu'il avait reconnus dans son livre. Une autre procédure avait été ouverte mais la Cour de Cassation a rejetté, les poursuites intentées contre le général pour les crimes de tortures eux-mêmes, prescrits et amnistiés.
[modifier] Ses livres
- Pour la France : Services spéciaux 1942-1954 (27 novembre 2001)
- Services spéciaux Algérie 1955-1957 : Mon témoignage sur la torture (mai 2001)
[modifier] Documentaire
- Les escadrons de la mort, l'école française, qui décrit les enseignements français auquel a participé Paul Aussaresses auprès des armées des dictateurs en Amérique du Sud.
[modifier] Films
La figure de Paul Aussaresses apparaît en filigrane dans plusieurs récits : Dans "La Guerre d'Algérie" de Yves Courrières, il est le "commandant O"; dans "La Torture dans la République" de Pierre Vidal-Naquet, il est désigné comme le chef de file "de ce qu'il faut bien appeler une équipe de tueurs professionnels" et il est souligné que son nom "ne figurera guère que dans un seul dossier publié, celui de l'affaire Audin."; dans le roman de Robert Escarpit, "Meurtre dans le pignadar", il est "le barbu".
Dans le film "Les Centurions", de Jean Lartéguy, le général Aussaresses est présenté sous le nom de Boisfeuras.
[modifier] Voir aussi
- Guerre d'Algérie et Bataille d'Alger
- 10ème DP (10ème division parachutiste): Jacques Massu, Roger Trinquier, Marcel Bigeard
- Torture pendant la guerre d'Algérie
- Guerre subversive
- Escadron de la mort