Réunification allemande
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
La réunification allemande désigne les événements qui d'octobre 1989 à octobre 1990 ont conduit à l'intégration de la République démocratique allemande à la République fédérale d'Allemagne. En allemand, ces événements sont désignés par les mots Wiedervereinigung (réunification) ou encore Wende (tournant).
Sommaire |
[modifier] Division de l'Allemagne
Le territoire de ce qui deviendra les cinq nouveaux Länder, formant la zone d'occupation soviétique en Allemagne, était séparé depuis 1949 du reste de l'Allemagne, occupée alors par les forces américaines, britanniques et françaises. À partir de 1961 le gouvernement de la RDA construit à Berlin un mur destiné à empêcher la fuite des habitants de l'Allemagne de l'Est vers la RFA. Ce mur, symbole de la division de l'Allemagne, restera une frontière étroitement surveillée jusqu'au mois de novembre 1989.
[modifier] Chronologie de la réunification
[modifier] Mouvements populaires en RDA
En 1989, malgré les difficultés économiques et sociales auxquelles doit faire face le régime de la RDA, la perspective d'une réunification des deux Allemagnes parait encore lointaine. En juin 1989, le futur chancelier Gerhard Schröder déclare que les chances d'une réunification sont inexistantes[1] alors que le secrétaire général du comité central du SED, Erich Honecker, promet que le mur de Berlin durera encore 100 ans[2]. Pourtant, depuis le 2 mai, la frontière entre la Hongrie et l'Autriche est ouverte et de nombreux Allemands de l'Est utilisent cette possibilité pour rejoindre la République fédérale.
Dans ce contexte, le mécontentement populaire est-allemand grandit et le 4 septembre environ 1200 personnes défilent à Leipzig pour réclamer des réformes et notamment la liberté de circulation vers l'Ouest. C'est le début des « manifestations du lundi » (Montagsdemonstrationen) qui auront lieu dans plusieurs villes jusqu'en mars 1990. Mikhaïl Gorbatchev avait déjà indiqué le 6 juillet que l'Union soviétique n'interviendrait pas pour réprimer les mouvements qui agitent la RDA. Un tournant est atteint le 9 octobre 1989 avec la première véritable manifestation de masse qui réunit environ 70 000 personnes toujours à Leipzig. Peut-être pour ne pas prendre la responsabilité d'un bain de sang, les responsables locaux ordonnent aux différentes forces de sécurité (Stasi, Volkspolizei et NVA) de ne pas interrompre le défilé. Egon Krenz déclarera plus tard avoir personnellement donné cet ordre.
À partir de là le nombre des manifestants ne cesse d'augmenter pour atteindre 120 000 le 16 octobre et 320 000 le 23. Le 18 octobre 1989, peu après les célébrations du quarantenaire de la RDA, Honecker est contraint à démissionner par le Politbüro qui nomme Egon Krenz pour lui succéder. La démission d'Honecker ne suffit cependant pas à calmer les manifestants dont les revendications de réforme du système politique ont pris entre temps un tour de plus en plus nationaliste et incluent entre autres la réunification avec la République fédérale. Finalement le Conseil des ministres de la RDA démissionne le 8 novembre 1989, suivi par le Politbüro le 9 novembre.
[modifier] Chute du mur de Berlin
Dans la soirée du 9 novembre 1989, à la fin d'une conférence de presse suivie en direct par la télévision, Günter Schabowski, membre du comité central du SED, annonce à la surprise générale la levée de toutes les restrictions de voyage et l'ouverture des frontières. Au moment où la décision est diffusée à la télévision, la décision n'aurait en fait pas été définitivement arrêtée et les troupes chargées des controles n'était dans tous les cas pas prévenu de l'ouverture des frontières. Des milliers de personnes se massent aux postes de passage le long du mur de Berlin. Vers 23 h le premier poste frontière à ouvrir ses barrières est celui de la Bornholmer Straße. Les autres suivent rapidement.
[modifier] Le chemin vers l'unité
Le 13 novembre le parlement de la RDA (Volkskammer) élit Hans Modrow au poste de président. Gorbatchev déclare que la réunification est une question que les Allemands doivent régler entre eux. La mention du rôle particulier du SED est retirée de la constitution, ce qui ouvre potentiellement la voie à des élections libres et à un véritables pouvoir des autres partis politiques. À partir du 7 décembre le nouveau gouvernement dirigé par Modrow accepte de discuter avec les nouveaux groupes d'oppositions et les Églises dans une « table ronde centrale ». D'autres « tables rondes » sont formées à l'échelon communal. Les principales revendications des opposants portent sur la démocratisation du régime, la tenue d'élections libres et la dissolution du Ministerium für Staatssicherheit (Stasi). La réunification allemande n'est cependant pas à l'ordre du jour.
Dès le 18 mars 1990 se tiennent de nouvelles élections pour la Volkskammer de la RDA. Autant à l'Est qu'à l'Ouest de nombreuses discussions portent sur le calendrier et les modalités d'une réunification. La victoire des conservateurs de l’Allianz für Deutschland (Alliance pour l'Allemagne - coalition de trois partis conservateurs dont la CDU de l'Est) décide en faveur d'une réunification rapide en utilisant l'article 23 de la loi fondamentale de la République fédérale d'Allemagne. Cet article permit une déclaration unilatérale d'adhésion au domaine d'application de la loi fondamentale par un Land allemand ou celle-ci n'était pas mis en vigueur en 1949.
Dans la nuit du 22 au 23 août 1990, la Volkskammer décida la déclaration de l'adhésion avec effet le 3 octobre 1990. Il est à remarquer que cette date est unilatéralement décidée par le parlement de la RDA sans consultation avec le gouvernement ou le parlement de la RFA.
[modifier] Réunification
Les modalités de la réunification furent fixées par le traité d'unification (Einigungsvertrag) signé à Berlin le 31 août 1990 et ratifié le 20 septembre par la Volkskammer avec 299 contre 80 votes et par le Bundestag de l'Ouest avec 442 contre 47 votes.
Avec le Traité deux plus quatre, un traité de paix entre les deux États allemands et les quatre puissances victorieuses de la Seconde Guerre mondiale (États-Unis, France, Royaume-Uni, Union soviétique) signé à Moscou le 12 septembre 1990, l'Allemagne réunifiée reçut sa pleine souveraineté au moment de la réunification.
Enfin, un traité signé le 14 novembre 1990 à Varsovie fixa les limites de l'Allemagne réunifiée à la ligne Oder-Neiße, frontière effective depuis 1945. L'Allemagne renonça donc définitivement aux anciennes provinces de Prusse orientale, de Silésie, de Poméranie orientale et à la partie du Brandebourg situé à l'Est de ces deux rivières.
[modifier] Informations complémentaires
[modifier] Europe de l'Est
[modifier] Notes
Portail de l’Allemagne – Accédez aux articles de Wikipédia concernant l’Allemagne. |