Siège de Tripoli

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Le siège de Tripoli de Syrie, commencé en 1102 par Raymond de Saint-Gilles, prend fin le 12 juillet 1109 avec la prise de la ville et la contitution du comté de Tripoli.

[modifier] Contexte

Après la prise d'Antioche (juin 1098) et la destruction de Maarat (13 janvier 1099), les émirs syriens horrifiés s’empressent de livrer leurs villes aux Francs. Soultan Ibn Mounqidh, émir de Chayzar, dépêche une ambassade à Saint-Gilles, s’engage à approvisionner les Francs et à leur fournir des chevaux et des guides (14 janvier). La population de Syrie effrayée se réfugie dans les bois avoisinants, vers l’intérieur du pays ou dans les forteresses. Les paysans de la riche plaine de la Boukaya s’enferment dans Hosn-el-Akrad, « la citadelle des Kurdes ». Le 28 janvier, les Francs montent à l’assaut de la forteresse. Les paysans ouvrent alors subitement les portes pour laisser échapper une partie de leurs troupeaux. Oubliant le combat, les Francs s’emparent des bêtes. Les défenseurs, enhardis par la pagaille, opèrent une sortie. Ils atteignent la tente de Saint-Gilles qui échappe de peu à la capture. Les paysans profitent de la nuit pour quitter la citadelle, qui deviendra 40 ans plus tard le « Krak des chevaliers ». En février, elle devient le quartier général des Francs, et reçoit des délégations des villes et villages voisins, chargées de présents, qui font leur soumission. L’émir de Homs, Janah ad-Dawla, réputé pour sa bravoure devant Antioche, offre de nombreux chevaux à Saint-Gilles. Le cadi de Tripoli Jalal el-Moulk, de la famille des Banou Ammar, envoi de splendides bijoux et invite les Francs à lui envoyer une ambassade. Les émissaires francs sont émerveillés devant les richesses de la ville. Loin de conclure une alliance, Saint-Gilles met le siège devant Arqa (14 février 1099) qui résiste. Le 13 mai, les Francs lèvent le siège et marchent vers Jérusalem, sans s’attaquer à Tripoli ni aux possessions des Banou Ammar. Ils passent le Nahr-el-Kalb, le « Fleuve du Chien », et se mettent en état de guerre contre le califat fatimide d’Égypte (19 mai).

[modifier] Le retour de Saint-Gilles

En 1102, Raymond de Saint-Gilles, après sa défaite en Anatolie contre Kilij Arslan (1101), revient en Syrie. Il ne dispose plus que trois cent hommes. Fakhr el-Moulk, cadi de Tripoli, pense que c’est le moment d’en finir avec lui. Il appelle le roi Dukak de Damas et le gouverneur de Homs et affronte Saint-Gilles devant Tripoli. Après la défection de Damas et de Homs, le cadi de Tripoli est vaincu par deux cent chevaliers et perd sept mille hommes (début avril). Saint-Gilles prend Tortose, qui sera le noyaux du futur comté de Tripoli.

[modifier] Le siège

L'année suivante, Raymond de Saint-Gilles construit avec l’aide byzantine Mont-Pèlerin, le « Qalaat Saint-Gilles », forteresse destinée à bloquer Tripoli du côté de la terre. Raymond s’empare de Gibelet avec le Génois Hugues Embriaco.

Après la bataille de Harran au printemps 1104, le cadi de Tripoli Fakhr el-Moulk demande à Sokman, ancien gouverneur de Jérusalem, d’intervenir à Tripoli contre les Francs (juin). Sokman marche vers la Syrie, mais terrassé par une angine, il renonce.

Le cadi de Tripoliattaque alors la citadelle du « Qalaat Saint-Gilles ». Plusieurs guerriers francs sont massacrés et une aile de la forteresse est incendiée (septembre 1104). Saint-Gilles lui-même est gravement brûlé. Il meurt cinq mois plus tard et est remplacé par le comte de Cerdagne (février 1105). Dans son agonie, il demande à voir les émissaires de Fakhr el-Moulk et leur propose un marché : si les Tripolitains cessent d’attaquer la citadelle, les Francs s’engageront à ne plus gêner le trafic des voyageurs et des marchandises. Le cadi accepte.

En 1108, les vivres arrivent de plus en plus difficilement par voie de terre. Beaucoup de citadins cherchent à fuir la ville vers Homs, Tyr ou Damas. Des notables tripolitains, qui avaient trahis la ville en indiquant aux Francs ses derniers moyens de ravitaillements, sont égorgés à l’intérieur du camp des croisés. Le cadi Fakhr el-Moulk, lassé d’attendre les secours du sultan Saljûqide Muhammed Ier, se rend à Bagdad, escorté de 500 cavaliers et de nombreux serviteurs chargés de cadeaux (fin mars). Il passe par Damas, dominée à la mort de Dukak par l’atabek Toghtekin, qui l’accueille à bras ouvert. A Bagdad, le sultan le reçoit en grande pompe, mais préfère régler en premier lieu le problème de Mossoul. Fakhr el-Moulk, de retour à Damas en août, apprend que Tripoli a été donnée par les notables, las de l’attendre, au vizir d’Égypte al-Afdal.

L'année suivante, les Francs se rassemblent devant Tripoli : Baudouin Ier de Jérusalem, Baudouin d’Edesse, Tancrède d’Antioche, le comte de Cerdagne Guillaume Jourdain et le fils de Saint-Gilles, Bertrand, fraîchement arrivé avec des dizaines de vaisseaux génois et provençaux (mars). Les assiégés attendent vainement les renforts d’une flotte égyptienne.

Un compromis décidé au cours d’un plaid tenu sous les murs de la ville et présidé par Baudouin de Jérusalem permet la prise de la ville : le comté de Tripoli sera partagé entre les deux prétendants, Guillaume Jourdain, vassal d’Antioche, et Bertrand, vassal de Jérusalem.

La ville, assaillie dès le début de l’été, est prise le 12 juillet. Les croisés la mettent à sac. Les cent mille volumes de sa bibliothèque, Dar-em-Ilm, sont pillés et les ouvrages « impies » sont brûlés. Le fils de Saint-Gilles, qui a éliminé son rival le comte de Cerdagne (1110), obtient les deux tiers de la ville, les Génois le troisième tiers. La plupart des habitants sont vendus comme esclaves, les autres dépouillées de leurs biens et expulsés. La flotte égyptienne arrive huit jours trop tard.

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