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Việt Minh - Wikipédia

Việt Minh

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Sommaire

[modifier] Introduction

Issu de composantes nationaliste et communiste le parti Viet Minh, "Ligue pour l'indépendance du Viêt Nam" (Viêt Nam Doclap Dong Minh Hoi) réclama l'indépendance du Viêt Nam dès 1941. Au départ de l'occupant japonais en 1945, avec la Révolution d'août et la fondation de la République Démocratique du Viêt Nam, se constitua un gouvernement autonome que la France reconnut d'abord. Un différend surgit, cependant, au sujet de la dévolution de la Cochinchine au nouvel état. En 1946, c'est la guerre avec l'ancienne métropole qui est défaite à la Bataille de Diên Biên Phu en 1954 et consent aux accords de Genève, entérinant un clivage technique provisoire, pour le regroupement des forces militaires vietnamiennes au Nord et des forces militaires françaises au Sud avant leur évacuation complète du pays en 1955, à hauteur du 17e parallèle. Un referedum a été prévu pour la réunifucation en 1956. Le sabotage des Accords d'armistice de Genève a conduit à la Deuxième Guerre d'Indochine ou Guerre du Viêt Nam qui n'a jamais existé, du point de vue juridique, en droit international. Le mot "Viêt Minh" est une contraction de "Viêt Nam Doc Lap Dong Minh Hôi" signifiant "Ligue (Dong Minh Hoi) pour l'indépendance (Doc Lap) du Viêt Nam". La ligue Viêt Minh s'est présentée comme une union nationale pour l'indépendance du Viêt Nam. Une fois l'indépendance faite, elle s'est sabordée pour faire place au Parti du Travail "Lao Dong", comme auparavant le Parti Communiste Indochinois (PCI) s'est sabordé pour faire place à la ligue Viêt Minh, dans la "Révolution d'août".

(fr)http://etoilerouge.chez-alice.fr/documents/vietnam4.html

La ligue "Viêt Minh" se ramifie aussi en des "hiérarchies parallèles" d'une administration publique en "zone occupée", "zone libérée" et "zone contestée", qui ont beaucoup fait pour la victoire profonde et fondamentale. Elle a, selon Bernard B. Fall, mené à la bataille de Diên Biên Phu, qui n’aurait pas été possible sans cette organisation de toute une nation en lutte pour son indépendance.

http://www.claramoniak.com/siteVN/1ere%20guerre%20d'indochine.htm

[modifier] Nationalisme-communisme vietnamien

La reconnaissance en 1950 de la République Démocratique du Viêt Nam (RDVN) par la République Populaire de la Chine (RPC) inaugura la guerre froide en Asie du Sud-Est et réorienta les réseaux extérieurs de la RDVN vers l’Indochine intérieure et la Chine méridionale. C’est grâce au soutien du Parti Communiste Chinois (PCC) et de ses dirigeants que le Viêt Nam dirigé par le Parti Communiste indochinois (PCI) put entrer officiellement dans la communauté communiste sous la direction du Parti Communiste de l’Union Soviétique (PCUS). En effet, les communistes vietnamiens devaient beaucoup à leurs collègues chinois étant donné l’impasse dans laquelle ils se trouvaient entre 1945 et 1950. Bien entendu, tout cela est bien connu. Ce qui est moins connu, cependant, c’est que ce chemin menant à cette reconnaissance diplomatique en 1950 n’avait pas été facile du côté communiste. En fait, la victoire des communistes chinois en octobre 1949 était, tout compte fait, cruciale pour la survie diplomatique de la RDVN/PCI et pour la réintégration du Viêt Nam révolutionnaire dans un monde communiste européen qui se méfiait du communisme vietnamien, peut-être même de Ho Chi Minh lui-même (travaux de Christopher E, Goscha).

  • La "dissolution" du PCI en novembre 1945 pour la ligue Viêt Minh

Pendant toute sa vie, Ho Chi Minh dut montrer deux visages auprès de son peuple et du monde : l’un nationaliste, l’autre communiste. On sait à quel point afficher cette double personnalité allait énerver ses détracteurs anti-communistes. Mais ce que l’on sait moins, c’est qu’en montrant une double face, Ho Chi Minh allait susciter des doutes auprès des échelons supérieurs du mouvement communiste, même s’il fut l’un des communistes asiatiques les plus dévoués au communisme.

Au cœur du problème: l’"auto-dissolution" du PCI par Ho Chi Minh et ses partisans en novembre 1945. Dès le début de la prise du pouvoir du Viet Minh en août-septembre 1945, le contenu communiste de la RDVN était évident et posait d’épineux problèmes aux nationalistes vietnamiens non-communistes, aux Chinois occupant le Nord du pays et, à un degré moindre, aux Français. En effet, le Viet Minh, ou front national créé en 1941, était aux mains du PCI ou plutôt de son "Comité Directeur" (“Tong Bo”). Les nationalistes non-communistes du VNQDD (“Viet Nam Quoc Dan Dang”), proches des nationalistes chinois, s’opposèrent à la prise du pouvoir du PCI en menant des actions directes et en s’appuyant sur le Kuomintang (Parti nationaliste chinois ou KMT) de Tchang Kaï-chek. Ils mirent en place très habilement une campagne de presse démystificatrice, visant à montrer aux populations que Ho Chi Minh était un communiste, que le Viet Minh, le Tong Bo et le PCI ne faisaient en réalité qu’un. Entre-temps, Ho Chi Minh faisait son possible pour minimiser ses attaches communistes au public et maximiser son attrait nationaliste auprès des populations vietnamiennes, des pays asiatiques non-communistes mais farouchement anti-colonialistes et des Américains opposés au retour du colonialisme français en Indochine.

À la déclaration d'indépendance du Viêt Nam sur la Place Ba Dinh à Hanoi, le 2 septembre 1945, le Major Archimedes Patti du Détachement 101 de lOSS se tenait à côté de Vo Nguyen Giap . Au paravant, il a aidé Hô Chi Minh à rédiger la déclaration d'indépendance du Viêt Nam, en évoquant celle des USA dans l'ordre des libertés en préambule.

La situation au Nord du Viêt Nam était rapidement devenue très tendue. Tous les partis vietnamiens jouaient gros dans leur course au pouvoir durant la seconde moitié de 1945. Si bien que les nationalistes anti-communistes comptaient agir le 8 novembre 1945, exactement trois jours avant la dissolution du PCI. Nguyen Hai Than, chef du parti Dong Minh Hoi, réclamait la démission immédiate du président, la dissolution de son gouvernement, la suppression "de la dictature d’un seul parti" et la création d’un nouveau gouvernement. Cet ultimatum devait avoir l’approbation du général Lou Han, chef chinois au ViêtNam, avant son retour à Kunming, venu avec son armée pour désarmer les forces japonaises au Nord du 17ème parallèle. Nguyen Hai Than aurait déclaré aux Chinois qu’il déclinait toute responsabilité en cas d’incident entre le Viet Minh et les non-communistes si l’ultimatum était repoussé par Ho Chi Minh. Le Général Gracey était venu au Sud du 17ème parallèle pour désarmer les forces japonaises avec sa division indienne et dans ses bagages un détachement français du Général Leclerc qui voulait faire la reconquête coloniale par le Sud en 1945.

Cette action de l’opposition, apparemment soutenue par des officiers chinois, mettait Ho Chi Minh dans une situation périlleuse. Depuis août, le PCI craignait que le KMT ne renversât tout bonnement la RDVN pour installer un gouvernement pro-chinois et anti-communiste. En dépit des efforts remarquables de Ho pour gagner Lou Han et Siao Wen à sa cause, il ne pouvait jamais écarter la possibilité que survînt un changement dans la ligne chinoise. La propagande farouchement anti-communiste et ultra-nationaliste de l’opposition était efficace. À la mi-novembre, les communistes vietnamiens redoutaient même un véritable coup de force. La situation était tellement tendue que des communistes vietnamiens au Nord, dont Ho Chi Minh, prirent la décision extraordinaire de dissoudre le Parti communiste indochinois (PCI), le 11 novembre 1945, face aux menaces de Nguyen Hai Than et du VNQDD et à la suite de réunions secrètes tenues par le PCI. Il fallait à tout prix cacher la face communiste du Viet Minh afin de reprendre l’initiative nationaliste aux opposants VNQDD et DMH, autrement dit garder ainsi le pouvoir. L’auto-dissolution du PCI devait montrer le sacrifice ultime pour la patrie. Il fallait aussi rassurer les Chinois, les Américains et d’autres pays asiatiques non-communistes sur le contenu proprement nationaliste de la RDVN et du Viet Minh.

Cette manœuvre semble avoir désamorcé le conflit latent. Le coup de force non-communiste n’eut pas lieu. Selon l’historiographie officielle, le PCI n’avait pas été dissous en réalité ; il s’agissait d’une tactique pour garder le pouvoir dans un moment difficile. Dans ses mémoires, Hoang Van Hoan prétend qu’il fallait avant tout apaiser Lou Han, qui se méfiait de longue date des communistes vietnamiens et qui soutenait théoriquement les non-communistes. Selon ce témoigne vietnamien, la dissolution du PCI " a rendu la situation moins tendue ". Nos recherches montrent que même si le PCI fut reconverti en un " Groupe d’études marxistes ", le " Parti " continuait à exister clandestinement. Mais toute mention de son nom fut interdite, manœuvre visant à camoufler le contenu véritable du Viet Minh et de la RDVN. Les communistes vietnamiens durent attendre la victoire chinoise avant d’oser montrer leurs vrais couleurs idéologiques au peuple vietnamien et au monde.

Quoiqu’il en fût, cette dissolution fut une surprise pour beaucoup, et non seulement les Français. Insoupçonnable en novembre 1945, elle semble avoir pris au dépourvu les partis communistes en France, en Chine et surtout en Union Soviétique. Dans l’histoire du communisme, à l’exception du Parti Communiste Américain et de celui de la Yougoslavie, aucun parti communiste n’avait jamais été dissous. Il n’est même pas sûr non plus que tous les dirigeants du PCI avaient été consultés à l’avance, ni qu’ils avaient tous été d’accord. Vo Nguyen Giap, alors Ministre de l’Intérieur a fait une purge sanglante auprès des nationalistes opposants.

[modifier] Les métamorphoses

Cette dissolution du PCI a été une première étape des métamorphoses, en s’insinuant derrière la Ligue Viêt Minh pour l’indépendance, dans une configuration la plus large posible de toutes les tendances nationalistes en 1945. Le PCI, dans une deuxième étape, s’est transformé en “Parti du Travail du Viêt Nam” (Dang Lao Dong Viêt Nam) au Deuxième Congrès National du Parti tenu à Tuyen Quang en 1951, en “territoire libérée” au Nord du Viêt Nam, pendant que la Première Guerre d”Indochine pour l’indépendance tournait en faveur de la République Démocratique du Viêt Nam aux plans militaire et diplomatique, avec la reconnaissance diplomatique de la RDVN par les pays communistes et après la première série de défaites militaires françaises de Na San, Cao Bang et Lang Son, dans la “Bataille des Routes Coloniales”, le long de la frontière chinoise désormais aux mains de la République Populaire de Chine depuis 1949.

Le Parti “Lao Dong” rassure la Chine et l’URSS de la bonne teinte communiste du Viêt Nam pour avoir leur soutien diplomatique et matériel. En 1951, la ligue Viêt Minh prit le nom de "Front de la patrie" ("Liên Viêt" signifiant "unité vietnamienne) pour rassurer tous les patriotes non-communistes de toute tendance.

L’indépendance obtenue, avec l’Accord de Genève et au prix de la partition technique temporaire des forces armées, a entrainé la dissolution de la Ligue Viêt Minh qui n’avait plus lieu d’exister. Il appartient maintenant au Parti “Lao Dong” de construire le socialisme sur le territoire de la RDVN au Nord du Viêt Nam dans les luttes d’influence entre les tendances chinoise et soviétique, entre Truong Chinh et LeDuan, sous l’arbitrage de Hô Chi Minh.

Le Troisième Congrès National tenu à Hanoi en 1960 avait la tâche de construire, de renforcer le socialisme au Nord du Viêt Nam et de libérer le Sud du Viêt Nam pour la réunification. Le Quatrième Congrès National tenu à Hanoi en 1976 après la chute de Saigon et la réunification “de facto” par la force des armes a fait tomber les masques et les déguisements pour reprendre le nom d’origine de Parti communiste vietnamien.

(fr)http://www.lmvntd.org/avl/dossier/031010revolution.htm

[modifier] La navigation difficile entre Chine, URSS et USA

La reconnaissance en 1950 de la République démocratique du Viêt Nam (RDVN) par la République populaire de Chine (RPC) inaugura la guerre froide en Asie du Sud-Est et réorienta les réseaux extérieurs de la RDVN vers l’Indochine intérieure et la Chine méridionale. C’est grâce au soutien du Parti communiste chinois (PCC) et de ses dirigeants que le Viêt Nam dirigé par le Parti communiste indochinois (PCI) put entrer officiellement dans la communauté communiste sous la direction du Parti communiste de l’Union soviétique (PCUS). En effet, les communistes vietnamiens devaient beaucoup à leurs collègues chinois, étant donné l’impasse dans laquelle ils se trouvaient entre 1945 et 1950. Bien entendu, tout cela est bien connu. Ce qui est moins connu, cependant, est que ce chemin menant à cette reconnaissance diplomatique en 1950 n’avait pas été facile du côté communiste. En fait, la victoire des communistes chinois en octobre 1949 était, tout compte fait, cruciale pour la survie diplomatique de la RDVN/PCI et pour la réintégration du Viêt Nam révolutionnaire dans un monde communiste européen qui se méfiait du communisme vietnamien, peut-être même de Ho Chi Minh lui-même.

Le Parti Communiste Indochinois (PCI) était né en 1930 à Hong Kong au croisement des “réseaux” du Bureau d’Orient du Komintern et de ceux du PCC (Christopher E. Goscha, ‘Entremêlements sino-vietnamiens : Réflexions sur le Sud de la Chine et la révolution vietnamienne entre les-deux-guerres”, Approches-Asie, no. 16, (1999), pp. 81-108).

Dès le début, Ho Chi Minh se trouvait mêlé à ces mouvements. Membre du Parti Communiste Français (PCF), il avait débuté sa carrière internationaliste à Moscou en 1924 et avait travaillé avec les dirigeants communistes du Parti Communiste Chinois (PCC) à Guangzhou (Canton), tels Zhou Enlai et Liu Shaoqi, jusqu’à son arrestation à Hong Kong en 1931. Grâce à toutes ces connections, Ho présida à la création du "Parti communiste vietnamien" au début de 1930, rebaptisé sous l’égide Tran Phu le "Parti communiste indochinois" pour élargir au Cambodge et au Laos. Suite à sa libération de prison à Hong Kong en 1934, il retourna en Russie. Ho retourna dans le Sud de la Chine à la fin des années 30 sur les instructions du Komintern, en passant par le quartier général du PCC à Yan'an. Grâce à ses appuis chinois et soviétique, il espérait placer de nouveau le PCI sous la direction du Komintern quand il prit en main la direction du PCI en 1941 (Pour cette période, voir surtout: Sophie Quinn-Judge, ‘Nguyen Ai Quoc, the Comintern, and the Vietnamese communist movement, (1919-1941)’, thèse, Londres, The University of London, SOAS, 2001, chapitre 6).

Or, la Guerre sino-japonaise (1937-1945) et surtout la Seconde Guerre Mondiale rendaient ces liaisons très difficiles. Ce ne fut qu’à la suite de l’échec du soulèvement communiste des trotkistes dans le Sud-Viêt Nam en 1940 que Ho Chi Minh put affirmer à nouveau son influence sur le PCI à partir de la Chine méridionale, dans la province de Guangxi qui se trouvait en face de celle de Cao Bang. Cependant, les contacts de Ho Chi Minh avec l’Union Soviétique et le PCC devinrent de plus en plus difficiles à maintenir à cause de la guerre. Un représentant du Komintern était présent à Yan'an de 1942 à 1945 (Georges Boudarel, ‘L’idéocratie importée au Vietnam avec le Maoïsme’, dans “La bureaucratie au Vietnam”, Paris, L’Harmattan, 1983, p. 54). Il est invraisemblable que Ho Chi Minh restât en contact avec Moscou via Yan’an), mais cette capitale révolutionnaire de la Chine du Nord était loin de la frontière sino-vietnamienne et le Guomindang (GMD) Parti Nationaliste Chinois préférait souvent attaquer les communistes chinois plutôt que d’honorer une alliance pour se battre contre les Japonais. Même si le Komintern n’avait pas été véritablement dissous en 1943, les liaisons entre le PCI et Moscou étaient désormais très faibles (Le Komintern ne fut pas véritablement dissous en 1943, mais reconverti en d’autres organisations pour ne pas gêner les Américains pendant la Seconde Guerre Mondiale. Voir: Grant Adibekov, ‘The Comintern following its formal dissolution (1943-1944)’, “Voprosy Istorii, Voprosy Istorii”, no. 8, (1997).). L’autre voie de liaison avec le mouvement internationaliste pouvait se faire par le PCF. Mais là aussi, la Seconde Guerre Mondiale et l’interdiction du parti en France (depuis son soutien du pacte germano-soviétique entre Staline et Hitler en 1939) avait effectivement brisé bien de contacts avec ce parti en Europe occidentale.

La République Démocratique du Viêt Nam RDVN et ses dirigeants communistes demeuraient encore coupés des partis communistes à Moscou, en Europe et à Yan'an (Cependant, la reprise de la guerre civile en Chine éloignait le PCC et PCI. Sophie Quinn-Judge, ‘Nguyen Ai Quoc, the Comintern, and the Vietnamese communist movement’, chapitres 6-7). Au lendemain de la capitulation japonaise en 1945, Ho Chi Minh envoya des lettres à Staline, lui faisant part de l’existence de son nouveau gouvernement et de sa précarité devant le retour des Français. Dans une autre lettre, Ho demandait à l’Union soviétique de soumettre la question vietnamienne devant l’ONU. Mais ses lettres restèrent sans suite. Comme Truman, Staline ne répondit pas. Lorsque la demande de Ho Chi Minh arriva sur le bureau de S.P. Kozyrev, chef de la section européenne du Ministère des Affaires étrangères à Moscou, ce dernier écrivit simplement : "à ne pas répondre" (I.B. Bukharkin, ‘Kremli va Ho Chi Minh’ [Le Kremlin et Ho Chi Minh], Xua va Nay, no. 55, (septembre 1998), pp. 4-5. Ho écrivit une autre lettre à Staline en janvier 1946. Voir : ‘Lettre de Ho Chi Minh à Staline’, datée du 17 janvier 1946, d. 1004, APCUS.).

Entre 1945 et 1946, la RDVN avait peut-être plus de soutien, ou du moins de sympathie anticolonialiste, auprès des représentants américains après la Seconde Guerre Mondiale (Selon un journaliste américain de gauche et sympathisant de la RDVN, ni le PCF, ni les Soviétiques étaient prêts à aider le PCI en 1945 en raison des relations franco-soviétiques en Europe). Cela fut communiqué au PCI Harold R. Isaacs, “No Peace for Asia”, Cambridge, Etats-Unis, MIT, 1967 [première edition date de 1947], pp. 170-175. Voir aussi : Thai Quang Trung, ‘Staline et les révolutions nationales’, “Revue Française de Sciences Politique”, (octobre 1980), pp. 996-1000).

Dans un entretien à Moscou avec le Général Georges Catroux en janvier 1947, lors de la bataille de Hanoi, Molotov dit "qu’il espérait que la France et le Viêt Nam pourraient réaliser un accord satisfaisant pour les deux parties ", sans ré-instaurer " un régime de domination coloniale" (Entrevue avec Molotov sur l’Indochine’, Moscou, daté du 15 janvier 1947, signé Catroux, d. 1352, c. 153, Nouveau Fonds, Indochine, CAOM.).

Mais, étant donné l’encerclement de la RDVN, les communistes vietnamiens ne pouvaient pas attendre jusqu’en 1950 pour être miraculeusement sauvés par la victoire chinoise. Leur situation diplomatique était tout à fait critique. Derrière la diplomatie non-communiste de la RDVN en Asie, il existait un second ballet diplomatique tout à fait communiste. C’est avec le PCF, le PCC et le PCUS que les communistes vietnamiens voulaient mener la danse, en attendant une hypothétique victoire chinoise. Et voici le paradoxe : les communistes vietnamiens avaient fait de leur mieux pour convaincre les Américains, leurs voisins asiatiques et leur propre peuple de leur anticolonialisme et de leur nationalisme. Ils allaient désormais devoir convaincre les délégués soviétiques et le Parti communiste français (PCF) que la RDVN était véritablement communiste et digne de faire partie d’un monde internationaliste qui devait dépasser, justement, le nationalisme. L’échec de la voie occidentale vers le monde communiste (1945-1948)

Des liens existaient entre les délégués de la RDVN et les représentants soviétiques en poste à Bangkok. Dans un article s’appuyant sur des documents des archives du Ministère des Affaires étrangères de l’ex-URSS, Benoît de Tréglodé montre que des représentants vietnamiens en Thaïlande y rencontraient assez souvent le délégué soviétique. Des lettres interceptées par les Français confirment aussi que la légation soviétique avait apporté une assistance financière à la délégation de la RDVN à Bangkok. Mais elle restait limitée, voire insignifiante. Une lettre d’un cadre vietnamien en poste dans la capitale thaïe en novembre 1950 adressée à un collègue à Moscou indiquait que " nos relations avec la Légation russe ne sont ni commodes ni fructueuses".

La France représentait encore une autre voie pour contacter le gouvernement soviétique. Le 28 août 1945, A.E. Bogomolov, l’ambassadeur de l’URSS à Paris, exprimait l’opinion dans une lettre à ses supérieurs qu’il ne serait peut-être pas souhaitable de soutenir la réinstallation du colonialisme français en Indochine. Selon lui, le problème indochinois pouvait se régler en mettant l’Indochine sous une tutelle alliée, allusion sans doute aux idées du Président Franklin Delano Roosevelt. Or, pour les dirigeants chargés de la diplomatie européenne, dont Andrei Gromyko, une telle idée n’allait pas trouver d’échos favorables. Comme leurs homologues américains, les dirigeants de l’Union soviétique n’allaient pas risquer leurs intérêts européens en s’opposant au gouvernement français au sujet de l’Indochine. Bogomolov reçut des instructions allant dans ce sens.

Cependant, en 1946 la voie française demeurait toujours l’une des meilleures façons pour contacter les “amis” à l’extérieur. Ho Chi Minh se rendit lui-même en France en 1946 pour essayer de trouver une solution négociée au conflit franco-vietnamien. Ho Chi Minh aurait voulu contacter secrètement un représentant de l’URSS pour expliquer sa politique en Indochine et sans doute sa dissolution du PCI. Jacques Duclos avait lui-même publié en avril 1945 un article très critique sur la dissolution du parti communiste américain (Jaques Duclos, ‘La dissolution du Parti communiste américain’, “Cahiers du communisme”, (avril 1945), cité par Alain Ruscio, “Les communistes français et la guerre d’Indochine, 1944-1954”, Paris, L’Harmattan, 1985, p. 109), provoquant par la suite le licenciement de son secrétaire général, Ernest Browder. Lors de son voyage en France, Ho Chi Minh devait expliquer les motivations de son choix, ses circonstances et pourquoi il ne méritait pas de subir la même désapprobation que celle du parti américain. Selon Alain Ruscio, "l’équivoque avait alors été levée".

La formation d’une délégation vietnamienne à Paris à la mi-1946 offrait la possibilité d’avoir des contacts plus continus avec le PCF et l’ambassade soviétique. Avant de quitter la France pour rentrer au Vietnam en 1946, Ho nomma Hoang Minh Giam et Tran Ngoc Danh à la direction de son bureau diplomatique à Paris, officiellement intitulé la " Délégation permanente de la République Démocratique du Viet-Nam ". Ho Chi Minh lui aurait accordé "par virement bancaire, une première dotation de 10 millions d’anciens francs". La police métropolitaine estimait que la délégation générait mensuellement deux millions de francs grâce à ses cotisations parmi les Vietnamiens de France. En février 1948, le compte bancaire de la délégation se chiffrait à 15 millions de francs. Comme les délégations à New Delhi, Rangoon et Bangkok, le bureau de Paris faisait de la propagande et de l’espionnage pour le nouvel Etat vietnamien, mobilisait les populations vietnamiennes en France à sa cause, sondait les ministères français et rencontrait des diplomates et personnages étrangers.

Comme en Asie, on peut se demander si la délégation vietnamienne à Paris servait pareillement de relais pour faciliter les relations du PCI avec les partis communistes de l’Europe orientale et de l’Union soviétique. Après tout, Tran Ngoc Danh était le petit frère de Tran Phu, le fondateur du Parti communiste indochinois à la fin de 1930. Tran Ngoc Danh avait été lui-même formé à Moscou avant d’être arrêté au début des années 30. Il passa plus de 10 ans en prison jusqu’à sa libération en 1945, date à laquelle on le retrouve comme un membre du Comité central du PCI. Etant donné les relations étroites du PCF avec l’aile ‘occidentalisée’ du PCI depuis le début des années 30, il semble impossible de croire que les Vietnamiens ne voulaient pas contacter le monde communiste via les bons soins du PCF et/ou l’ambassade soviétique à Paris. Une source de provenance américaine, rapporta en 1947 que l’ambassadeur soviétique à Paris, M. Bogomolov, reçut le 22 novembre 1946 un représentant de la RDVN. Grâce à ce contact, les Vietnamiens purent rencontrer plus régulièrement le directeur de l’information soviétique chargé de la question vietnamienne. Entre-temps, " à la fin de 1946 ", Nguyen Luong Bang, un dirigeant très haut placé du PCI, put rencontrer un représentant de l’ambassade soviétique en Chine, mais, malheureusement, on ne connaît pas le contenu de cette rencontre.

[modifier] Conclusion

Instrumental pour un nationalisme fondamental et plus pragmatique qu’idéologique, comme lont déjà fait remarqué Bernard B. Fall, Jean Lacouture et Paul Mus (chapitre XIV ‘Descartes et Confucius’ de “Viêt Nam. Sociologie d’une guerre”, Seuil, Paris, 1952), le communisme vietnamien s”est présenté sous divers déguisements, dans ses métamorphoses, et sur différentes voies dans la difficile navigation entre la Chine, l’URSS et les USA, en premier lieu avec la politique anticolonialiste de Franklin Delano Roosevelt.

À la Révolution d'août 1945, la constitution de la ligue Viêt Minh correspondait à la lutte administrative, diplomatique, militaire et politique pour l'indépendance du Viêt Nam et sa dissolution correspondait à l'indépendance acquise, pour faire place au Parti "Lao Dong" dans l'établissement du socialisme dans la RDVN réduite au Nord du Viêt Nam et dans l'effort de guerre pour la réunification achevée en 1975.

Après la réunification et la Troisième Guerre d’Indochine ou Guerre sino-vietnamienne pour liquider l’antique contentieux sino-vietnamien, le communisme vietnamien est devenu folklorique sur l’autel des ancêtres, dans un développement économique rapide d’une économie libérale qui n’a plus rien à voir avec le marxisme-léninisme et les réformes agraires musclées du maoisme des années 1955-1965.

[modifier] Références bibliographiques

  • Georges Boudarel, ‘L’idéocratie importée au Vietnam avec le Maoïsme’, dans “La bureaucratie au Vietnam”, L’Harmattan, Paris 1983
  • Joseph Buttinger, “The Smaller Dragon: Apolitical History of Vietnam”, Frederick A, Praeger, New York, 1958.
  • Philippe Devillers, “Histoire du Vietnam de 1940 à 1952”, Seuil, Paris, 1952.
  • Philippe devillers, “Paris-Saigon-Hanoi: Les archives de la Guerre, 1944-1947”, Gallimard/Julliard, Paris, 1988.
  • Bernard B. Fall
    • The Vietminh Regime (1954), Le Vietminh (1960, traduction française, Colin)
    • The Two Vietnams (1963), Les deux Viêt Nam (1962, traduction française, Payot)
    • Indochine 1946-1962 (1962, Laffont)
    • Vietnam Witness, 1953-66 (1966)
  • Jean Lacouture, "Hô Chi Minh", Seuil, col. Politique, Paris, 1967
  • Paul Mus, "Viêt Nam. Sociologie d'une guerre", Seuil, Paris 1852
  • Thanh H. Vuong, “Théorie des contextes et relations internationales: départ de la première Guerre d’Indochine", dans Études Internationales, Vol. XVII, No. 3, pp, 571-597, septembre 1986
  • Thanh H. Vuong & Jorge Virchez, "Communauté Économique de l’Asie Pacifique. Essai d’anthropolgie économique et de géographie politique", Presses Inter Universitaires, Cap Rouge, Québec, QC, 2004

[modifier] Liens connexes

Révolution d'août

[modifier] Liens externes

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