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Biodiversité - Wikipédia

Biodiversité

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Diverse espèces épiphytes dans une forêt humide en Amérique centrale. Les écosystèmes de la zone intertropicales hébergent une grande partie de la biodiversité actuelle.
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Diverse espèces épiphytes dans une forêt humide en Amérique centrale. Les écosystèmes de la zone intertropicales hébergent une grande partie de la biodiversité actuelle.

Le mot biodiversité est un néologisme et un mot-valise construit à partir des mots biologie et diversité. La biodiversité désigne la diversité du monde vivant au sein de la nature.

L'expression biological diversity a été inventée par Thomas Lovejoy en 1980[1] tandis que le terme biodiversity lui-même a été inventé par Walter G. Rosen en 1985 lors de la préparation du National Forum on Biological Diversity organisé par le National Research Council en 1986 et apparait pour la première fois dans une publication en 1988 lorsque l'entomologiste E.O. Wilson en fait le titre du compte rendu[2] de ce forum[3]. Le mot biodiversity avait été jugé plus efficace en terme de communication que biological diversity.

Depuis 1986, le terme et le concept sont très utilisés parmi les biologistes, les écologues, les écologistes, les dirigeants et les citoyens. L'utilisation du terme coïncide avec la prise de conscience de l'extinction d'espèces au cours des dernières décennies du XXe siècle.


Sommaire

[modifier] Définitions de la biodiversité

Biodiversité, contraction de « diversité biologique », expression désignant la variété et la diversité du monde vivant. Dans son sens le plus large, ce mot est quasi synonyme de « vie sur terre ».

[modifier] Les trois niveaux de la Biodiversité

Biodiversité intraspécifique observée sur ces épis de maïs
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Biodiversité intraspécifique observée sur ces épis de maïs

La diversité biologique est la diversité de toutes les formes du vivant. Elle est habituellement subdivisée en trois niveaux :

  • La diversité génétique, qui correspond à la diversité des gènes au sein d'une espèce (diversité intraspécifique).
  • La diversité spécifique, qui correspond à la diversité des espèces (diversité interspécifique).
  • La diversité écosystémique, qui correspond à la diversité des écosystèmes présents sur Terre.

Le gène est l'unité fondamentale de la sélection naturelle, donc de l'évolution, et certains, comme E.O. Wilson, estiment que la seule biodiversité utile est la diversité génétique. Cependant, en pratique, quand on étudie la biodiversité sur le terrain, l'espèce est l'unité la plus accessible.

[modifier] Biodiversité et approches

En fonction des définitions données ci-dessus, on constate que les approches sont différentes :

  • pour les biologistes, la biodiversité est la diversité des organismes et des espèces, mais aussi de la façon dont les organismes fonctionnent. Les espèces apparaissent et disparaissent ; les sites sont colonisés par les organismes de la même espèce ou par une autre, etc. Les organismes et les espèces n'utilisent pas les mêmes stratégies de reproduction, qui peuvent changer en fonction de l'environnement. Certaines espèces développent des organisations sociales pour améliorer leurs objectifs de reproduction ou utilisent les espèces voisines vivant en communautés.
  • pour les écologistes, la biodiversité est aussi la diversité des interactions durables entre espèces. Ces dernières font référence aux espèces, mais aussi à leur environnement immédiat (biotope) et à l'écorégion colonisée. Dans chaque écosystème, les organismes vivants (biocénose) font partie d'un tout, ils interagissent les uns avec les autres, mais aussi avec l'air, l'eau et le sol qui les entourent (facteurs abiotiques).

[modifier] Les origines de la vie, et l’évolution de la biodiversité

Voir les articles échelle des temps géologiques et origines de la vie.

[modifier] L'apparition de la vie

Il existe de multiples hypothèses pour expliquer son apparition il y a environ 3,5 milliards d'années, mais la paléontologie, la stratigraphie et la biochimie convergent vers une origine terrestre de la vie.

Le premier être vivant (appelé éobionte, protobionte, ou biogénote) serait apparu à partir des nombreuses molécules organiques présentes dans le milieu, issues des réactions chimiques de l'océan primordial. Dès ce moment (et peut-être même avant), la sélection naturelle, moteur de l'évolution, va entraîner l'apparition de formes de vies multiples, certainement d'abord hétérotrophes, puis photosynthétiques. Les trois grands domaines du monde vivant (eubactéries, archéobactéries et eucaryotes) sont mis en place, structurant la diversité de la vie telle que nous la connaissons actuellement.

Ces procaryotes, communément appelés bactéries, bien que d'organisation très simple, représentent la base fondamentale de la biodiversité, tant au point de vue fonctionnel (diversité des métabolismes) que génétique (la séparation des lignées des archéobactéries et des eubactéries pourrait être la plus profonde de l'arbre du vivant).

[modifier] La sortie des eaux

C'est au silurien que des bactéries, des cyanobactéries, des algues, des lichens (association d'algues et de champignons) et des mousses, ont gagné le milieu terrestre et ont commencé à participer à la formation des premiers sols. Les sols, résultants de l'interaction entre êtres vivants, roches mères et climat, sont d'une très grande diversité; ils ne sont pas uniquement un support physico-chimique, mais un milieu de vie, où la biodiversité est très grande, et différente d'un endroit à un autre.

Par exemple, un sol de région tempérée contiendra en kilogrammes par hectare

  • 1000 à 7000 kg de bactéries
  • 100 à 1000 kg de champignons
  • 10 à 30 kg d'algues
  • 5 à 10 kg de protistes
  • 1000 kg d'arthropodes
  • 350 à 1000 kg de vers de terre (lombrics)

En comparaison un sol tropical pourra contenir 10% de fourmis, 33% de vers de terre, 6% de myriapodes, 4% de coléoptères, 4% de termites.

Des évolutions majeures se sont produites lors du passage de la vie aquatique à la vie terrestre. Elles concernent en particulier les appareils respiratoire, circulatoire et squelettique.

En effet, il y a 400 millions d'années, les animaux aquatiques ont dû :

  • s'adapter aux gaz atmosphériques (oxygène et dioxyde de carbone). La teneur en oxygène du milieu aérien est plus élevé qu'en milieu aqueux, requiérant moins d'énergie.
  • s'adapter à la viscosité et à la densité du milieu, avec les adaptations en terme de squelette et de circulation sanguine Ces contraintes ont limité le développement des animaux terrestres (le plus gros mammifère terrestre, le mammouth faisait jusqu'à 20 tonnes alors que la baleine bleue atteint 200 tonnes).
  • et enfin faire face aux problèmes de dissipation d'énergie calorifique et de déshydratation. En effet, l'air constitue un bon isolant thermique : certains des animaux devinrent au Mésozoïque des homéothermes comme les reptiles, alors que les animaux aquatiques demeurèrent poïkilothermes.

Les animaux ont donc dû s'habituer au cours des ères géologiques aux modifications de leurs milieux de vie, que les contraintes soient d'ordre climatique (changement climatique) ou biologique (maladies, prédation). Ils ont donc lentement évolué jusqu'au monde vivant actuel.

[modifier] Rôles de la biodiversité

L'industrie pharmaceutique est l'une des premières bénéficiaires de la biodiversité. De nombreux principes actifs de médicaments ont été mis au point à partir de molécules naturelles.
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L'industrie pharmaceutique est l'une des premières bénéficiaires de la biodiversité. De nombreux principes actifs de médicaments ont été mis au point à partir de molécules naturelles.

La biodiversité a contribué de nombreuses façons au développement de la culture humaine, et, en retour, les communautés humaines ont joué un rôle majeur en terme d'évolution de la diversité aux niveaux génétiques, spécifiques et systémiques.

Pour les hommes, la biodiversité est avant tout une ressource naturelle pour la vie quotidienne, fournissant de la nourriture (cultures vivrières, bétail, poissons...), des fibres pour l'habillement, du bois pour le chauffage et la construction d'habitations, des médicaments et de l'énergie. Les usages de la biodiversité associés à l'agriculture et à la transformation en aliments sont aussi appelés agrobiodiversité.

Les écosystèmes fournissent également des supports de production (fertilité du sol, prédateurs, décomposition des déchets...) et des services tels que la purification de l'air et de l'eau, la stabilisation et la modération du climat, la diminution des conséquences des sécheresses, inondations et autres désastres environnementaux.

Si les ressources biologiques représentent un intérêt écologique pour la communauté, la valeur économique de la biodiversité est également de plus en plus mise en avant. De nouveaux produits sont développés grâce aux biotechnologies, et de nouveaux marchés créés. Pour la société, la biodiversité est aussi un secteur d'activité et de profit, et demande une gestion appropriée des ressources.

Finalement, le rôle de la biodiversité est d'être un miroir de nos relations avec les autres espèces vivantes, une vue éthique avec des droits, des devoirs, et une nécessité éducative. L'aspect éducatif est souvent assuré par l'école (lors de sorties d'éducation à l'environnement par exemple) ou par des organisations de protection de la nature, telles que le WWF [1].

Voir également : Écotourisme

[modifier] Évaluer la biodiversité

[modifier] Comment mesurer la biodiversité ?

Relation entre le nombre d'espèces et la taille des organismes
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Relation entre le nombre d'espèces et la taille des organismes[4]

Selon le point de vue précédemment défini, il ne peut y avoir de mesure unique objective de la biodiversité, mais uniquement des mesures relatives à des objectifs précis d'utilisation ou d'application.

Pour les conservationistes, cette mesure doit quantifier une valeur, qui est à la fois largement reconnue par les personnes pour lesquelles ils font cette estimation, mais aussi être considérée comme ayant besoin de protection. Pour d'autres, une définition plus large et plus facilement défendable d'un point de vue économique est une mesure qui permet de garantir le maintien de son utilisation, de soutenir les possibilités d'évolution de cette biodiversité, de garantir son usage pour les générations futures, tout en assurant la protection de l'environnement dans un monde en constante évolution. En conséquence de quoi, les biologistes soutiennent que cette mesure doit être associée à la notion de variété des gènes. Cependant, comme il est difficile d'indiquer quels gènes sont les plus susceptibles d'être bénéfiques, le meilleur choix de conservation de la biodiversité consiste à assurer la sauvegarde du plus grand nombre de gènes possible.

Les écologistes considèrent cette approche comme étant souvent inadéquate et trop restrictive.

Une étude récente[5] montre que le déclin des papillons dans une zone donnée est lié à celui de la biodiversité dans cette même zone. La présence ou l'absence de papillons serait donc un bon indice de mesure de la biodiversité.

[modifier] Les différentes dimensions de la biodiversité

L'arbre du vivant selon Ernst Haeckel (1874). L'Homme est en haut, au centre.
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L'arbre du vivant selon Ernst Haeckel (1874). L'Homme est en haut, au centre.

La biodiversité peut d'une part être considérée selon sa dimension temporelle : elle n'est pas statique. La biodiversité est un système en évolution constante, du point de vue de l'espèce autant que celui de l'individu. La demi-vie moyenne d'une espèce est d'environ un million d'années et 99% des espèces qui ont vécu sur terre sont aujourd'hui éteintes.

Elle peut aussi être considérée dans sa composante spatiale : la biodiversité n'est pas distribuée de façon régulière sur terre. La flore et la faune diffèrent selon de nombreux critères comme le climat, l'altitude, les sols ou les autres espèces.

[modifier] L'inventaire des espèces

La systématique est une manière d'analyser la biodiversité dans sa capacité à distinguer un organisme d'un autre. Cette méthode est confrontée aux problèmes de temps et de nombre : 1,75 millions d'espèces ont été décrites, cependant, les estimations du nombre véritable d'espèces vivantes vont de 3,6 à plus de 100 millions. À côté de cela, certains disent que la connaissance des espèces et des familles est devenue insuffisante et doit être complétée par une plus grande compréhension des fonctions, interactions et collectivités.

Tableau 1. Quelques études estimant le nombre d'espèces décrites (d’après WCMC, 1992).
Groupe Mayr et al. (1953) Barnes (1989) May (1988) May (1990) Brusca & Brusca (1990
Protozoaires[6] 260 000 32 000 35 000
Porifères 4 500 5 00 10 000 9 000
Cnidaires 9 000 9 000 10 000 9 600 9 000
Platyhelminthes 6 000 12 700 20 000
Rotifères 1 500 1 500 1 800
Nématodes 10 000 12 000 1 000 000[7] 12 000
Ectoproctes 3 300 4 000 4 000 4 500
Echinodermatas 4 000 6 000 6 000 6 000 6 000
Urochordata 1 600 1 250 1 600 3 000
Vertébrés 37 790 49 933 43 300 42 900 47 000
Chélicérates 35 000 68 000 63 000 65 000
Crustacés 25 000 42 000 39 000 32 000
Myriapodes[8] 13 000 10 500 13 120
Hexapodes 850 000 751 012 1 000 000[9] 790 000 +827 175
Mollusques 80 000 50 000 100 000 45 000 100 000[10]
Annélides 7 000 8 700 15 000 15 000


Graphique 2 : comparaison de l'importance des différents taxons entre ce que nous savons (à gauche) et ce qui existe probablement (à droite) (D'après WCMC, 1992).
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Graphique 2 : comparaison de l'importance des différents taxons entre ce que nous savons (à gauche) et ce qui existe probablement (à droite) (D'après WCMC, 1992).
Pour plus d'information sur la la biodiversité des insectes.

[modifier] Les estimations du nombre d'espèce

Certains groupes, comme les virus, les bactéries et les algues sont très mal connus. Faire des estimations, même prudentes, est alors très délicat.

Tableau 2. Estimation du nombre d'espèces des principaux groupes taxinomiques (d’après WCMC, 1992).
Groupe Espèces déjà décrites Espèces à décrire
estimation la plus haute[11] estimation probable[12]
Virus 5 000 500 000 500 000
Bactéries 4 000 3 000 000 400 000[13]
Champignons 70 000 1 500 000 1 000 000
Protozoaires 40 000 100 000 200 000
Végétaux 250 000 500 000 300 000
Vertébrés 45 000 50 000 50 000
Nématodes 15 000 1 000 000 500 000
Mollusques 70 000 180 000 200 000
Crustacés 40 000 150 000 150 000
Arachnides 75 000 1 000 000 750 000
Insectes 950 000 100 000 000 8 000 000

[modifier] Le rythme des découvertes

Le nombre des espèces à découvrir, comme nous venons de le voir, est extrêmement important. Mais le rythme de ces découverte est différent en fonction des groupes zoologiques. Ainsi, chez les oiseaux (graphique 3, voir ci-dessous), il a fallu 87 ans pour découvrir la moitié des espèces aujourd'hui connue et 125 ans pour l'autre moitié. Ce qui indique que les espèces sont de plus en plus difficile à découvrir. Dans le cas des arachnides et des crustacés (graphique 4, voir ci-dessous), on a découvert en seulement dix ans (de 1960 à 1970), autant d'espèces que depuis 1758, soit 202 ans. Cela indique qu'il existe encore de nombreuses espèces communes encore inconnues mais aussi que d'en découvrir de nouvelles sera de plus en plus difficile.

Graphique 3 : rythme des découvertes d'espèces d'oiseaux (d'après WCMC, 1992, May , 1990, et Simon, 1983)
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Graphique 3 : rythme des découvertes d'espèces d'oiseaux (d'après WCMC, 1992, May , 1990, et Simon, 1983)
Graphique 4 : rythme des découvertes d'espèces d'arachnides et de mollusques (d'après WCMC, 1992, May , 1990, et Simon, 1983)
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Graphique 4 : rythme des découvertes d'espèces d'arachnides et de mollusques (d'après WCMC, 1992, May , 1990, et Simon, 1983)

[modifier] Exemples de pays riches en biodiversité

  • Le Brésil est considéré comme représentant d'un cinquième de la biodiversité mondiale, avec 50 000 espèces de plantes, 5 000 vertébrés, 10 à 15 millions d'insectes et des millions de micro-organismes.
  • L'Inde représenterait 8% des espèces connues, avec 47 000 espèces de plantes et 81 000 animales.


[modifier] Quel prix accorder à la biodiversité ?

Voir les articles valeur de la biodiversité et évaluation économique de la biodiversité.

Les écologues et les environnementalistes ont été les premiers à insister sur l'aspect économique de la protection de la diversité biologique. Ainsi, Edward Wilson écrivait en 1992, que la biodiversité est l'une des plus grandes richesses de la planète, et pourtant la moins reconnue comme telle. Nombreux sont ceux qui aujourd'hui considèrent la biodiversité comme un réservoir de ressources utilisables pour fabriquer des produits agro-alimentaires, pharmaceutiques, cosmétiques… Cette notion de mise en valeur des ressources est à l'origine des craintes de disparition des ressources liée à l'érosion de la biodiversité, mais aussi des nouveaux conflits portant sur les règles de partage et d'appropriation de ladite richesse.

Un préalable à toute discussion sur la répartition des richesses est nécessaire : celui de l'évaluation économique de la biodiversité. Cet objectif doit aussi permettre de déterminer les moyens financiers à consacrer à sa protection.

[modifier] La biodiversité est-elle menacée ?

Emoia caeruleocauda
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Emoia caeruleocauda

Durant les dernières décennies, une érosion de la biodiversité a pu être observée : on estime que plus de la moitié de la surface habitable de la planète a été modifiée de façon significative par l'espèce humaine[14]. La majorité des biologistes estiment qu'une extinction massive est en train de se produire. Bien qu'il y ait désaccord sur les nombres, la plupart des scientifiques pensent que le taux actuel de disparition d'espèces est plus élevé qu'il n'a jamais été dans les temps passés. Plusieurs études montrent qu'environ une espèce sur huit de plantes connues est menacée d'extinction. Chaque année, entre 17 000 et 100 000 espèces disparaissent de notre planète. Certains avancent également qu'un cinquième de toutes les espèces vivantes pourrait disparaître dans les 30 ans. La plupart disent que ces pertes sont dues aux activités humaines, en particulier causées par la destruction des écosystèmes abritant certaines plantes et animaux.

Dans le cas des mers et océans, une étude statistique de plusieurs biologistes en 2006 [15] montre que les espèces actuellement pêchées (poissons et crustacés) pourraient quasiment toutes disparaître en 2048 si aucune mesure de préservation n'est prise. Pour aboutir à ces conclusions, ils ont analysés pendant quatre ans des données sur une période de mille ans, 48 zones de pêches à travers le monde. A l'heure actuelle (2006), le constat est assez inquiétant, car 29% des espèces pêchés sont quasiment sur le point de disparaître. La réduction importante de la biodiversité marine entraîne dérèglement de son écosystème et par voie de conséquence, celui de la planète toute entière, car les mers et océans sont essentiels pour le maintien des différents cycles biogéochimique, comme celui de l'oxygène.

Certains expliquent cette situation non par la sur-exploitation des espèces ou une dégradation de leur écosystème, mais plutôt par la conversion des écosystèmes anciens en des écosystèmes standardisés (e.g. par exemple, déforestation suivi de monoculture). D'autres ont mis en avant l'absence de droits de propriété ou de règles d'accès aux ressources amenant les ressources naturelles a être utilisées de façon anarchique.

Parmi ces détracteurs, quelques-uns affirment que des extrapolations abusives sont faites, et que le rythme actuel de disparition des espèces ou de destruction des forêts tropicales, des récifs coralliens ou des mangroves (trois sortes d'habitat riches en biodiversité) n'est pas suffisant pour parler d'extinction de masse. Ainsi, la majorité des extinctions ont été observées sur des îles.

Néanmoins, la quasi-disparition de plus de 200 espèces de poissons dans le lac Victoria (seulement 129 espèces d'eau douce pour toute l'Europe), suite à l'introduction de la perche du Nil en 1954 démontre la possibilité, dans un temps très bref, d'une extinction de masse d'origine humaine. Le film documentaire Le Cauchemar de Darwin (2005) illustre également cet aspect.

[modifier] Gestion de la biodiversité : conservation, préservation et protection

La conservation de la biodiversité est devenue un motif de préoccupation mondiale. Bien que tout le monde ne soit pas forcément d'accord sur le fait qu'une extinction massive soit en cours, la plupart des observateurs admettent la disparition de nombreuses espèces, et considèrent essentiel que cette diversité soit préservée, selon le principe de précaution.

Il existe deux grands types d'options de conservation de la biodiversité  : la conservation in-situ c'est-à-dire dans le milieu naturel et la conservation ex-situ. La conservation in-situ est souvent vue comme la stratégie idéale. Toutefois, sa mise en place n'est pas toujours possible. Par exemple, les cas de destruction d'habitats d'espèces rares ou d'espèces en voie de disparition requièrent la mise en place de stratégies de conservation ex-situ. Certains estiment que les deux types de conservation sont complémentaires.

Un exemple de conservation in-situ est la mise en place de zones de protection. La conservation de gènes dans des banques de semences est un exemple de conservation ex-situ, lequel permet la sauvegarde d'un grand nombre d'espèces avec un minimum d'érosion génétique.

L'érosion de la biodiversité était un des sujets les plus discutés lors du Sommet pour le développement durable, à Rio de Janeiro, dans l'espoir de la mise en place d'un fond de conservation global pour le maintien des collections. C'est également lors de ce sommet en 1992, que le 22 mai a été déclaré Journée internationale de la biodiversité. Cette convention engage ses Parties membres à prendre des mesures de conservation et d'utilisation durable de la biodiversité ainsi qu'au partage équitable des bénéfices découlant de l'utilisation des ressources génétiques.

La convention de 1972 de l'Unesco sera utilisée pour aboutir sur un accord juste sur le partage des bénéfices résultant. La bioprospection peut devenir ce qui a été appelé biopiraterie quand ces règles ne sont pas respectées.

Perspectives pour une bonne gouvernance de la Biodiversité : L'ONU a mis en place la FAO pour répondre aux questions d'agriculture et d'élevage et l'OMS pour les questions de santé, mais il n'y a pas d'Agence mondiale pour la Biodiversité. Une démarche consultative ([[2]] qui signifie « International Mechanism Of Scientific Expertise on Biodiversity ») envisage en 2006 la création d'un organismes scientifique de type IPCC sur le thème de la biodiversité, suite aux recommandations d'un groupe de travail international (Leipzig workshop) sur les interfaces Science-Décideurs pour une bonne gouvernance de la biodiversité ( International Science-Policy Interfaces for Biodiversity Governance)

Voir aussi : w:Convention on Biological Diversity | ITPGRFA | w:Fair trade | Principe de précaution

[modifier] Notes

  1. Lovejoy (1980).
  2. Edward O.Wilson, (directeur de publication), Frances M.Peter, (directeur de publication associé), Biodiversity, National Academy Press, march 1988 ISBN 0-309037832 ; ISBN 0-309037395 (pbk.), édition électronique en ligne
  3. Global Biodiversity Assessment. UNEP, 1995, Annex 6, Glossary. ISBN 0-521564816, utilisé comme source par "Biodiversity", Glossary of terms related to the CBD, Belgian Clearing-House Mechanism, site consulté le 26 avril 2006.
  4. d'après Stork (1997) et May, (1978 et 1988)
  5. (2006)
  6. Le terme de protozoaire, bien que paraphylétique est utilisé ici dans son sens zoologique classique.
  7. Cette estimation très haute de May (1988) reflète plutôt une estimation des espèces existantes plutôt que celles uniquement décrites.
  8. Les myriapodes sont ici considérés comme l'ensemblage des chilopodes et des diplopodes
  9. Cette estimation très haute de May (1988) reflète plutôt une estimation des espèces existantes plutôt que celles uniquement décrites.
  10. Ce chiffre très important n'est pas expliqué par les auteurs, Brusca et Brusca (1990).
  11. L'estimation la plus haute est disponible pour de nombreux groupes mais reste très spéculative et doit être prise avec beaucoup de précautions.
  12. Ces chiffres sont volontairement modérés (WCMC, 1992).
  13. Estimation très difficile à donner du fait de la faiblesse de nos connaissances.
  14. Hannah et Bowles (1995).
  15. (en) Impacts of Biodiversity Loss on Ocean Ecosystem Services, dans Science magazine du 3 novembre 2006

[modifier] Références

  • Richard C. Brusca & Gary J. Brusca (1990). Invertebrates. Sinauer : 922 p.
  • R.D. Barnes (1989). Diversity of organisms : how much do we know ? American Zoologist, 29 : 1075-1084.
  • L. Hannah et I. Bowles (1995). Letters : Global priorities. Bioscience, 45 : 122.
  • T.E. Lovejoy (1980). Foreword. In : Conservation Biology : An evolutionary-ecological perspective (M.E. SOULÉ et B.A. WILSON, dir.), Sinauer Associates (Sunderland) : v-ix.
  • R.M. May (1978). The dynamics and diversity of insect faunas.? in Diversity of insect faunas (Mound L.A. & WALOFF N., dir.), Blackwell (Oxford) : 188-204.
  • R.M. May (1988). How many species are there on earth ? Science, 241 : 1441-1449.
  • R.M. May (1990). How many species ? Philosophical Transactions of the Royal Society, B 330 : 293-304.
  • MAYR Ernst, E.G. Linsley et R.L. Usinger (1953). Method and principles of systematic zoology, McGraw-Hill (New York).
  • H.R. Simon (1983). Research and publication trends in systematic zoology. Ph. D. thesis. The City University (Londres).
  • Nigel E. Stork (1996). Measuring global biodiversity and its decline. in Biodiversity II. Understanding and Protecting our biological Resources (REAKA-KUDLA M.L., WILSON D.E. & WILSON E.O., dir.), Joseph Henry Press (Washington) : 41-68.
  • World Conservation Monitoring Centre (WCMC) (dir.) (1992). Global Biodiversity. Status of the Earth's living resources. Chapman & Hall (Londres) : xix + 585 p. ISBN 0-412-47240-6

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

[modifier] Orientation bibliographique

  • FADY Bruno & MÉDAIL Frédéric (2006). Peut-on préserver la biodiversité ?. Le Pommier (Paris) : Les Petites Pommes du savoir,  : 64 p. (ISBN 2-7465-0272-2)
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