Conséquences du génocide au Rwanda
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[modifier] Les séquelles traumatiques du génocide
[modifier] L'ethnisme post-génocidaire
Le génocide a radicalisé les relations entre une partie des Rwandais. Un fossé s'est creusé, dans une fracture silencieuse, entre les rescapés du génocide généralement d'ancienne dénomination Tutsi et les génocidaires d'ancienne dénomination Hutu.
Le nombre de ces génocidaires actifs a probalement tourné autour du million de Rwandais et sont plus nombreux que les rescapés dont le nombre doit être de quelques dizaines de milliers. Beaucoup sont aussi en exil. Les anciens exilés Tutsi revenus au Rwanda après le génocide ont rempli le vide laissé par les victimes.
Les relations publiques entre ces nouveaux venus qui apportent de nouvelles cultures et les autres Rwandais, même entre ceux qui sont d'ancienne dénomination Tutsi, sont parfois tendues. Si les uns étaient dans des pays francophones, et d'autres dans des pays anglophones, cet aspect n'est pas si important car tous les Rwandais parlent une seule langue le Kinyarwanda.
La vraie différence entre les uns et les autres vient de leur situation pendant le génocide et de la façon dont ils l'ont vécu. Il peut y avoir de grands périls à plus ou moins long terme dans cette nouvelle structuration des sensibilités collectives rwandaises qui s'est commplexifiée. Mais ce peut aussi être une source de génération de comportements nuancés et salvateurs, si politiquement le Rwanda ne retombe pas dans l'ancienne idéologie. Ce risque là est loin d'être écarté.
[modifier] Une population destructurée
[modifier] Un très grand nombre d'orphelins et de veuves
Les hommes, qui transmettaient seul l'ethnie selon les lois en vigueur, étaient la cible prioritaire des tueurs. Les femmes sont donc majoritaires parmi les rescapés et souvent seules survivantes de leur clan. Leur situation financière est aujourd'hui très précaire dans un pays où la sécurité sociale est exclusivement prise en charge par la famille. La situation des femmes dont les maris sont emprisonnés en raison de leur participation au génocide, ou toujours en exil, n'est pas meilleure.
Peu d'orphelins ont pu être pris en charge par l'État, pour les mêmes raisons que ci-dessus. À la fin du génocide, il n'était pas rare que des orphelins se regroupent et que l'aîné assume le rôle des parents manquants.
[modifier] Les rescapés doivent vivre parmi leurs tueurs
La majorité silencieuse, essentiellement d'ancienne dénomination Hutu, n'a pas lutté contre l'idéologie génocidaire. Elle accepte en son sein les génocidaires en liberté, commes les rescapés qui essayent de faire le deuil de leurs proches et de surmonter leurs souffrances. Tout le monde se côtoie. Quelques assassinats de témoins du génocide sont régulièrement signalés notamment dans le sud-ouest du Rwanda.
[modifier] Le sida
L'une des armes de prédilection contre les femmes tutsi a été le viol. Des milliers de femmes et de petite filles ont été violées avant d'être tuées. Les violeurs ont donc fait proliférer le sida. Certaines sont rescapées de la mort mais pas du sida. Des jeunes filles de 18 ans sont aujourd'hui contaminées parce qu'elles ont été violées à 7 ans par les Interahamwe ou des soldats des Forces armées rwandaises.
Les associations de rescapés ont déploré que les femmes contaminées qui témoignent au Tribunal pénal international pour le Rwanda ne recevaient aucun soin, alors que des violeurs en cours de jugement ont droit à une trithérapie payée par l'ONU.
[modifier] Les associations de rescapés
Tous ces rescapés se sont regroupés dans des associations dont les deux plus importantes sont IBUKA, « souviens-toi », et AVEGA l'association des veuves.
[modifier] Les déplacements de population au Rwanda et dans les pays voisins
[modifier] La lutte contre les infiltrations de génocidaires au Rwanda
[modifier] La crise de la « région des grands lacs »
[modifier] Le renversement de Mobutu et la déstabilisation du Congo démocratique
[modifier] Le retour au Rwanda des réfugiés
Les réfugiés qui avaient fuient en juillet 1994 au Zaïre et dans les autres pays, sont revenus en masse en 1996, découvrant que « l'ogre » FPR ne les mangerait pas. On a assisté à un apaisement des paniques générées par la propagande génocidaire de « radio machette ». Mais certains silences politiques sont pesants dans la société. Tout n'est pas réglé.
Certains avancent aujourd'hui le chiffre de 3 millions de réfugiés revenus au Rwanda si l'on compte aussi les anciens exilés tutsi.
[modifier] La réintégration dans l'armée rwandaise de certains membres des anciennes FAR
[modifier] La constitution d'une diaspora rwandaise dans le monde
[modifier] des réfugiés fuyant les régimes successifs du Rwanda
[modifier] Des génocidaires devenus réfugiés et pas toujours poursuivis
[modifier] Une opposition politique aux origines variées
[modifier] Un pays à reconstruire
[modifier] Une réconciliation problématique
[modifier] Un chantier juridique considérable
Au lendemain du génocide les structures juridiques du Rwanda sont complètement détruites. Il ne reste que deux ou trois juges et quelques avocats. Les rescapés font pression pour que justice soit faite. Le Tribunal pénal international pour le Rwanda se constitue très lentement et l'ONU engage des sommes considérable au regard du budget rwandais de la justice.
[modifier] La justice rwandaise
[modifier] 130 000 prisonniers pour 7 millions d'habitants
Les évaluations du nombres de personnes à juger varient selon les sources dans une fouchette de plusieurs dizaine de milliers à plusieurs million de personnes. Le personnel juridique qualifié manque cruellement. La neutralité des juges ne peut guère être assurée, la plupart de ceux qui étaient en exercice avant le génocide se trouvent être soit des rescapés, soit d'anciens tueurs ou des complices de ces derniers. « Avocats sans frontières » organise des missions d'assitance mais en 1999, seuls 6000 dossiers ont pu être traités sur les 130'000 en attente. À ce rythme, il aurait fallu près de deux cents ans pour juger tous les prisonniers inculpés. L'idée de réhabiliter les gacaca (prononcer gatchatcha) germe.
[modifier] La réhabilitation de la justice traditionnelle : les « Gacaca »
Voir article détaillé Gacaca
Les Gacaca ont été réintroduites par l'État pour résoudre le problème des innombrables jugements de génocidaires à rendre. Au rythme de la justice de l'État, il aurait fallu deux cent ans pour juger tous les suspects emprisonnés, sans compter un plus grand nombre de coupables encore totalement libres. Contrairement aux justices populaires spontanées qu'on a pu connaître dans certains conflits dans le monde, les Gacaca sont organisées par l'État et ont donné lieu à des expériences pilotes avant d'être mise en route en mars 2005. Elles ne jugent que certaines catégories de crimes.
[modifier] Au niveau international
[modifier] Le TPIR
Voir Tribunal pénal international pour le Rwanda
[modifier] La « compétence universelle » de justices nationales
Les justices nationales de tous les pays membres de l'ONU doivent adapter leur droit pour juger des crimes qui relèvent de la compétence du Tribunal pénal international pour le Rwanda.
Le 30 avril 1999, la justice militaire suisse a condamné Fulgence Niyonteze, bourgmestre de Mushubati, accusé de s'être compromis dans le génocide. Niyonteze a d'abord été condamné à la réclusion à perpétuité, assortie de 15 ans d'explusion du territoire, pour meurtre, tentative de meurtre, instigation au meurtre et divers crimes de guerre (infractions contre les Conventions de Genève et protocole additionnel II). Les chefs d'accusation de génocide et crime contre l'humanité n'ont pas été retenus car le droit suisse ne connaissait pas de tels délits à l'époque des faits (le crime de génocide a été introduit à l'article 264 du Code pénal suisse le 15 décembre 2000). Niyonteze a fait appel de sa condamnation et a vu sa peine réduite à 14 ans de réclusion. Le tribunal d'appel militaire a en effet rejeté le chef d'accusation de meurtre pour lequel la Suisse n'était pas compétente, les faits s'étant déroulé hors du territoire national et n'ayant impliqué aucun ressortissant suisse. Le tribunal a cependant confirmé la condamnation pour crimes de guerre et instigation aux crimes de guerre, infractions que la Suisse est habilitée à poursuivre en vertu des Conventions de Genève et du protocole additionnel II).
La Belgique a jugé quatre Rwandais accusés d'avoir participé au génocide.
Une loi du 1 mars 1994 rend la justice française compétente pour des crimes contre l'humanité et des crimes de génocide ou de complicité de génocide commis éventuellement par des Français. Ces crimes sont imprescriptibles.
Le législateur français a adapté ses dispositifs juridiques par la loi 96-432 du 22 mai 1996[1] qui la rend compétente pour les mêmes crimes que ceux qui relèvent du statut du Tribunal pénal international pour le Rwanda, celui-ci gardant un droit de préemption s'il estime que la justice française a failli à sa tâche.
La justice française instruit un procès contre un prêtre Rwandais suspecté de participation au génocide. Elle a été condamnée en 2004 par la Cour européenne des Droits de l'Homme pour la lenteur de ce procès. En février 2005, des plaintes ont été déposées par des Rwandais devant le Tribunal aux Armées à Paris pour complicité de génocide.
[modifier] Une période politique de transition de 1994 à 2003
[modifier] La lutte contre la division ethnique
- Le Front patriotique rwandais a développé son idéologie anti-ethniste et citoyenne. La carte d'identité ethnique a été rapidement abolie. Pour les intellectuels de l'ancien régime, persuadés que l'ancienne majorité ethnique est légitime, cette idéologie est perçue comme un camouflage d'un pouvoir minoritaire. La constitution rwandaise votée par référendum en 2003 a aboli les références ethnistes . Si on analyse les anciennes références des personnes au pouvoir ou dans les différentes instances politiques et administratives, on s'aperçoit que l'ancienne répartition n'a guère changé. Ce qui a changé c'est que la république rwandaise n'est plus « mono-ethnique ». Elle devient cahin caha citoyenne, les sensibilités et les pesenteurs idéologiques n'évoluant pas aussi vite que les lois.
[modifier] Une nouvelle constitution et des élections en 2003
[modifier] Le « devoir de mémoire »
Une nouvelle culture se développe au Rwanda, qui rappelle la façon dont les Juifs ont découvert aussi le « Devoir de mémoire ». On essaie de faire prendre conscience de l'horreur de ce qui a été fait au cœur de la population. Tout le monde sait, tout le monde a vu, beaucoup ont participé.
Il semble que la majorité silencieuse subisse quelque peu les manifestations de mémoire du génocide qui sont très présentes et fréquentes dans la société rwandaise. Les mots Tutsi, Hutu et Twa sont devenus tabou. On évite de les employer, même dans les cérémonies du souvenir.
Au mois de décembre 2004, 640 victimes exhumées d'une fosse commune à Nyundo près de Gisenyi ont été enterrées. Pendant trois ou quatre heures de cérémonie religieuse catholique et de discours politiques, le mot Tutsi n'a été prononcé qu'une seule fois. La grande église était pleine, essentiellement de cette majorité silencieuse dont les leader participent même à l'animation des célébrations. C'est en quelque sorte, au-delà des sentiments religieux, un passage politique obligé, ces deux aspects étant toujours très mêlés au Rwanda.
Ce type de cérémonie est quasi hebdomadaire à l'échelle du pays depuis dix ans. De nombreux mémoriaux ont ainsi été érigés. Certains sont plus célèbres que d'autres. Les églises de Nyamata et Ntarama, l'école de Murambi, le mémorial de Gisozy à Kigali, celui de Bisesero près de Kibuye sont incontournables.
[modifier] L'économie sinistrée
[modifier] La communauté internationale secouée
[modifier] L'aide internationale
[modifier] Les USA, la Belgique et l'ONU demandent pardon au Rwandais
[modifier] Le génocide au Rwanda devenu référence dans toutes les crises à caractère génocidaire
[modifier] Les rescapés de la Shoah, et leurs amis, partagés sur le génocide au Rwanda
On doit noter la naissance d'une sympathie historique entre des Juifs et des Tutsi à cause du génocide. Ce mouvement n'est pas partagé par tous les Juifs, dont certains considèrent encore que le seul vrai génocide est la Shoah.
Ce rapprochement n'a pas un caractère religieux mais reste purement sociologique et historique. Des événements similaires, la souffrance des rescapés, le devoir de mémoire sont autant de sujets qui leur semblent pouvoir être mis en commun.
Ce mouvement ne doit pas être confondu avec un courant extrémiste Tutsi très minoritaire qui revendique, à la suite d'hypothèses hasardeuses des premiers historiens du Rwanda et du Burundi, une ascendance juive pour les Tutsi.
[modifier] Le négationnisme du génocide
[modifier] Autres chapitres
[modifier] Liens internes
[modifier] Liens externes
[modifier] Notes
- ↑ Legifrance : DISPOSITIONS NON CODIFIEES RELATIVES AUX VIOLATIONS GRAVES DU DROIT INTERNATIONAL HUMANITAIRE : Chercher crime contre l'humanité dans les accès thématiques ; DE LA PRADELLE Géraud, Imprescriptible, l'implication française dans le génocide tutsi portée devant les tribunaux, Les arènes, 15 février 2005, 187 p.