Hippie
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Les hippies (hippie au singulier, ou parfois hippy) étaient les membres d'un mouvement de contre-culture des années 1960 et des années 1970 qui avaient pour but un style de vie marginal, communautaire ou nomade, renonçant au nationalisme corporatiste. Ceux-ci s'étaient opposés à la Guerre du Viêt Nam, avaient pour certains embrassé des aspects du bouddhisme, de l'hindouisme, et/ou de la culture religieuse américaine indigène, et étaient en désaccord avec les valeurs occidentales traditionnelles de la bourgeoisie. Ils virent dans l'autorité gouvernementale, le paternalisme et les mœurs qu'il prescrivait, l'industrie de corporation, et les aspects sociaux traditionnels autant d'éléments d'un establishment unifié auquel ils ne reconnaissaient aucune légitimité authentique.
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[modifier] Le mouvement
Le mouvement hippie, bien que peu structuré, portait en lui les germes d'un renouvellement inventif de la culture et du mode de vie des années d'après-guerre, qui, par la réussite même de ses buts matérialistes arrivait à un essoufflement particulièrement perceptible par la jeunesse. Dans différents domaines des idées nouvelles perçaient, l'autogestion, l'écologie, le rejet des religions traditionnelles. Dans les arts, la musique psychédélique et le pop-art marquèrent les esprits. Le slogan Flower Power (le pouvoir des fleurs) était le symbole de la non-violence.
Le morceau « God » de John Lennon exprime les sentiments de beaucoup de ceux qui ont pensé que leurs rêves idéalistes des années 1960 ne s'accompliraient jamais.
Le mouvement hippie s'enracine dans une tradition américaine qui prend naissance avec le courant transcendantaliste (Thoreau, Emerson) et la poésie de Walt Whitman, que vont remettre au goût du jour les individualités solaires du groupe Beat (Jack Kerouac, Allen Ginsberg, William S. Burroughs, Neal Cassady, Gary Snyder, Philip Whalen, Gregory Corso, Lawrence Ferlinghetti…). S'ils ne forment pas à proprement parler une école tant leur personnalité et leur œuvre diffèrent, les Beats sont l'expression première de la rupture avec la société de masse. Une vie « à la cool » faite de sexe, de musique et de route. Une évasion hors de l'Amérique post-nucléaire (après 1945) et consommatrice bien-pensante, principalement sous l'influence du Jazz et du mouvement surréaliste dont les membres ont trouvé refuge à New York pendant la guerre. La technique du cut-up propre à Burrough viendra directement de cette source, et plus généralement le goût de la prose spontanée dont Kerouac s'avérera le meilleur représentant. Élève d'Alan Watts, introducteur de la pensée orientale à San Francisco, Gary Snyder, rejoint par Kerouac puis plus tard par Ginsberg, vont populariser la pratique de la méditation, et plus généralement du Tao et du bouddhisme zen.
Reprenant ce flambeau culturel, principalement sous ces aspects si fortement dionysiaques, les hippies naissent du baby-boom (en 1965, 50% de la population américaine est âgée de moins de 25 ans), et de la découverte en 1948 dans le laboratoire suisse Sandoz d'une substance qui va rester légale jusqu'en 1967 : le LSD. L'esthétique psychédélique est directement liée aux visions provoquées par l'acide (autre nom du LSD).
La guerre du Viêt Nam va devenir le catalyseur global du « mouvement » : les doux hippies vont trouver là matière à réflexion politique. Un discours contestataire structuré dont les conséquences ont des répercussions encore aujourd'hui : pacifisme, écologie, internationalisme…
Loin d'un simple « laissez-aller » de jeunes bourgeois oisifs, le mouvement hippie secrète une esthétique complète, musicale d'abord (Grateful Dead, Jimi Hendrix, Crosby, Stills & Nash (and Young), Jefferson Airplane…), avec les premiers festivals de la pop : Monterey, Woodstock, l'Île de Wight ; mais aussi picturale, théâtrale, etc. La violence que les États comme les bien-pensants ont cru devoir déchaîner contre ce mouvement essentiellement pacifiste démontre que l'on ne touche pas impunément au pouvoir, même au sein des démocraties avancées. Toutes les leçons de cette nouvelle vision de nos organisations sociales et politiques n'ont pas encore toutes été tirées… Si ce vaste mouvement international a échoué en grande partie à « changer le monde », force est aujourd'hui de constater qu'il a, à jamais, entrouvert pour chaque individu le champ du possible .
[modifier] Voir aussi
[modifier] Bibliographie
- L'aventure hippie, par J.-P. Bouyxou et P.Delannoy - 2004 - (Poche, 10/18)
- La tentation des Dehors, par Gérard Larnac (Ellipses, 1999).
- Sur la route, Jack Kerouac (Gallimard).