Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples
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Le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) est une association française dont l'objet statutaire est de lutter contre le racisme.
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[modifier] Histoire et actions
En 1941, le MNCR (Mouvement national contre le racisme) est créé par un certain nombre de résistants qui estimaient qu'une lutte spécifique contre le racisme devait être menée dans le cadre général du combat pour libérer la France. Son activité était à la fois d'essayer de sauver le plus possible d'enfants juifs de la déportation, en liaison avec les Églises catholique et protestante, et de contrecarrer l'idéologie raciste de l'occupant et du régime de Vichy, notamment grâce à deux journaux clandestins : J'accuse en zone Nord et Fraternité en zone Sud.
Le 22 mai 1949, le MRAP se crée autour d'anciens membres du MNCR et de diverses personnalités telles que le peintre Chagall ou le leader catholique Marc Sangnier. Il prend le nom de Mouvement contre le racisme, l'antisémitisme et pour la paix, à une époque où les questions dominantes sont le néonazisme, le regain d'antisémitisme et la guerre froide.
Les guerres coloniales et le recours à une main d'œuvre immigrée durant les « 30 Glorieuses » ont changé les données de la lutte contre un racisme qui prenait des formes diverses.
Le MRAP soutient alors les luttes de décolonisation, notamment en Algérie. Il est une des rares organisations à condamner les méthodes du préfet Papon et le massacre d'Algériens à Paris le 17 octobre 1961.
En 1972, le MRAP obtient le vote de la loi du 1er juillet, dite « loi Pleven », qui sanctionne les incitations à la haine raciale et permet aux associations anti-racistes d'engager des poursuites judiciaires.
En 1977, le MRAP devient le Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples, appellation qu'il conserve encore aujourd'hui.
Très sensible aux questions internationales, le MRAP milite notamment contre l'apartheid en Afrique du Sud, le racisme anti-noir aux États-Unis (en défendant notamment le journaliste membre des Black Panthers Mumia Abu-Jamal, dont la condamnation à mort pour meurtre a fait débat au sujet d'une éventuelle erreur judiciaire).
En France, il continue à s'exprimer contre l'antisémitisme (bien qu'il supprime de son appellation la mention « contre l'antisémitisme »), défend les droits des travailleurs immigrés, des gens du voyage, et plus généralement toutes les formes de racisme. Il combat aussi l'extrême droite, la droite et même le Parti socialiste lorsque Ségolène Royal annonce son programme en matière de sécurité, estimant qu'elle se lance « dans le populisme le plus dangereux » [1].
En 1998, le MRAP s'est engagé comme personne morale dans la création d'Attac, et ainsi dans le mouvement altermondialisme.
Le mouvement concentre actuellement son action contre les lois en matière d'immigration et pour les droits des immigrés, dans la dénonciation du racisme sur internet[2] et contre le négationnisme (procès à Bruno Gollnisch). Il estime par ailleurs que l'islamophobie [3] est une forme de racisme et doit être combattue au même titre que l'antisémitisme.
[modifier] Controverses
[modifier] Sur les prises de position
Depuis l'an 2000, des orientations du MRAP ont été désapprouvées par une partie de ses membres. Sa position en faveur de la libération pour motif humanitaire de Maurice Papon, partagée par Robert Badinter, a été critiquée. Le MRAP est ensuite revenu sur cette position. Il avait supprimé en 1977 de son appellation la mention « contre l'antisémitisme » déclarant que l'antisémitisme était une des formes du racisme et qu'il devait lutter contres toutes les formes de racisme, sans en privilégier ou exclure. Des adversaires du MRAP ont estimé que cette suppression indiquait une négation ou une minimisation de l'antisémitisme.
Un ancien président du MRAP, démissionnaire en l'an 2000 au moment où s'amorce ce tournant, Alain Callès, déclarait à propos du MRAP « il est évident qu'il a abandonné dans son combat antiraciste, ses références aux principes fondamentaux qui constituaient sa colonne vertébrale. En obscurcissant les principes laïques à l'ombre du voile puis en développant le concept d'islamophobie, il ouvrait la voie à un communautarisme à l'anglo-saxonne et perdait progressivement pied avec les principes d'égalité et de citoyenneté. La citoyenneté n'est plus le combat du MRAP » (Charlie-Hebdo n° 713 du 15/2/06) Deux anciens présidents, François Grémy et Albert Lévy ont au contraire apporté leur soutien aux orientations actuelles du MRAP à la même période.
Sur ces points, lors du congrès de 2004, la ligne de la direction de Mouloud Aounit a été vivement contestée par un certain nombre de ses fédérations. Finalement Mouloud Aounit a réussi à conserver une majorité de 61% des exprimés.
Le MRAP a été accusé par un certain nombre d'intellectuels, par diverses associations dont l'Union des familles laïques (UFAL) ou encore par le Mouvement des Maghrébins Laïques de France de vouloir réintroduire un délit de blasphème, disparu avec la laïcité, et d'œuvrer ainsi contre la liberté d'expression. Ces accusations ont notamment été proférées lorsque le MRAP a voulu intenter un procès à Louis Chagnon, professeur d'histoire, pour avoir évoqué dans des termes contestables devant des élèves de 5ème les activités guerrières de Mahomet dans un cours sur l'islam. Le MRAP a également poursuivi en justice, sans obtenir gain de cause, avec la Ligue française pour la défense des droits de l'Homme et du citoyen et des associations musulmanes, l'écrivain Michel Houellebecq, celui-ci ayant déclaré : « La religion la plus con c'est quand même l'islam».
Le président du MRAP, Mouloud Aounit, déclare au journal télévisé de 13h00 de France 3 dans une réaction aux propos de Jean-Marie Le Pen [1]: « la liberté de blasphémer et la liberté d'ouvrir le champ au racisme doit être condamnée avec la plus grande fermeté ». Sous l'effet des critiques de l'UFAL, Mouloud Aounit se ravisa dans une autre déclaration. Au sujet de ce propos, Mouloud Aounit précisera en 2006 sur le site du Nouvel Observateur : « Après les propos de Jean-Marie Le Pen sur les chambres à gaz et le doute qu’il a émis sur le nombre de juifs exterminés, j'ai estimé que cette déclaration était une offense blasphématoire à la mémoire des victimes de la Shoah. Le sens que je donnais à blasphème, c'était le caractère sacré de la protection de cette mémoire. C'est cela qui a été transféré en campagne. ».[2].
En 2004, lors du débat sur le port du voile dans les établissements publics français, le MRAP soutient les sœurs Levy, filles d'un des avocats du mouvement, lycéennes qui refusent d'enlever leur voile islamique dans leur lycée . Il est alors encore une fois sujet d'autres critiques qui l'assimilent à un mouvement pour l'unique défense et de prosélytisme de l'islam. Au journal de France 2 le 6 janvier 2005, Mouloud Aounit intervient sur le cas d'élèves exclus de la cantine parce qu'ils avaient refusé de manger des plats non "hallal" et il suggère que les élèves puissent avoir le choix entre plusieurs plats. Cette intervention,qui peut être critiquée quant à sa faisabilité pratique a été aussi présentée comme une défense de l'islam.
Le mouvement s'est aussi associé dans des déclarations et conférences à l'intellectuel controversé Tariq Ramadan, notamment au Forum Social Européen à Ivry sur Seine. Selon l'essayiste et polémiste Caroline Fourest, c'est Tariq Ramadan qui a apporté au mouvement le concept de lutte contre l'islamophobie pour faire condamner le blasphème et les critiques de l'islam en France. En 2003, la section de Paris du MRAP prendra la défense de Tariq Ramadan à la suite de son article controversé sur notamment certains intellectuels juifs [3].
En 2006, suite à la publication des Caricatures de Mahomet du journal Jyllands-Posten dans le journal France-Soir, le MRAP est la seule association avec le Conseil français du culte musulman à porter plainte contre ce journal. Répondant à des internautes inquiets de ce qu'ils perçoivent comme une dérive identitaire et religieuse, Mouloud Aounit répond: « J’estime que le droit au blasphème fait partie intégrante de cette exigence démocratique ». [4] Cette notion de lutte contre l'islamophobie, chère au président du mouvement Mouloud Anounit, est contestée au sein même du mouvement et a provoqué des conflits et des démissions. Emmanuelle Le Chevallier, ancienne présidente de la fédération de Paris estime que ce « ce concept va à l'encontre du principe d'universalité et confond défense de l'homme et défense d'une religion ».
Pour Gérard Kerforn, président de la fédération des Landes, la promotion de ce concept d'islamophobie est « un tiers-mondisme primaire, qui conduit à tolérer dans les religions dites "des pauvres" ce que l'on n'aurait pas toléré pour d'autres religions ».[4]
Certains de ses détracteurs voient ses prises de positions en faveur d'un islam radical.
Plus généralement, le mouvement est critiqué concernant ses prises de positions clairement contre Israël dans le conflit israelo-palestinien, ainsi que par certains mouvement et intellectuels dont Alain Finkielkraut pour son mutisme quand il s'agit de dénoncer le racisme anti-blanc.
[modifier] Conflits avec SOS Racisme
Du fait des positions du Mrap en ce qui concerne ce qu'il appelle la « lutte contre l'islamophobie » et le conflit du Proche-Orient, le mouvement a rapidement été en conflit avec la plus connue des associations anti-racistes, SOS Racisme.
Le 23 novembre 2003, Malek Boutih alors encore président de SOS Racisme déclare à propos du MRAP : « Il faut dire par exemple que si je prends la société française que je connais, il y a des formes d’antiracismes différentes : il y a celui du MRAP qui défile aux cris de "Mort aux Juifs", celui de la Ligue des Droits de l’Homme qui écrit le texte justifiant la présence de Tariq Ramadan au FSE. Mais il y a aussi celui de SOS Racisme qui lui organise des débats contre l’antisémitisme et qui l’assume. »[5] Le MRAP a porté plainte contre Malek Boutih, les cris incriminés ayant été prononcés par des éléments incontrôlés en marge de la manifestation. Le 14 septembre 2006, la 17ème chambre du Tribunal Correctionnel de Paris a décidé de condamner Malek Boutih pour diffamation à l’encontre du MRAP. Il devra, comme le MRAP l’avait demandé, verser un euro de dommage et intérêt pour le MRAP, 1000 d’amende, et 2500 au titre 475-1 du code pénal.
En février 2006, suite au meurtre crapuleux avec des prégugés antisémites d'Ilan Halimi, une manifestation est organisée en mémoire du jeune juif assassiné, à l'appel de SOS Racisme, de la LDH, de l'UEJF et de la LICRA et avec la participation de partis politiques UDF, UMP, PS, Verts et le MPF. Le MRAP retire son soutien à cette manifestation, au motif de « la participation annoncée du Front National [...] et celle du MPF de Philippe de Villiers [...] Le soutien de ces deux organisations d’extrême droite met en lumière le caractère ambigu de cette manifestation et son instrumentalisation politique. » [5] .
Interviewé par le journal 20 minutes à ce sujet, le vice-président de SOS Racisme Patrick Klugman déclare que de la part du MRAP « cet argument est crapuleux » et qu'il « n’est pas nouveau qu'il y a un malaise au sein de ce mouvement sur les questions de l'antisémitisme ». Le vice président de SOS Racisme dit aussi se réserver « le droit d’attaquer le MRAP et son dirigeant, Mouloud Aounit, en diffamation ».[6]
Au sujet de l'antisémitisme, Maya Vigier, membre du conseil d'administration du MRAP, estime qu'au sein du mouvement « au prétexte de ne pas les stigmatiser, on ne peut plus parler du racisme antisémite en banlieues ». [7]
[modifier] Affaire Louis Chagnon
Louis Chagnon est un professeur d'histoire. Alors que ce dernier relatait des faits avérés de la vie de Mahomet, affirmant dans son cours d'histoire que « Mahomet va se transformer en voleur et en assassin (...) Il va imposer sa religion par la terreur (...) Il a fait exécuter 600 à 900 juifs en une journée » (en faisant allusion au massacre de la trive juive des Banou Kouraïza de Médine en 627 et aux pillages de caravane), il a été accusé par le MRAP, qui a déposé une plainte contre lui en octobre 2003, de tenir des propos « incitant à la haine raciale envers des personnes de confession musulmane » à ses élèves.
Le 12 octobre 2004, une fois l'enseignant sanctionné d'un blâme par le rectorat[8], le MRAP retire sa plainte. Ce qui n'empêche pas le professeur d'être victime d'une agression verbale directement liée à ces calomnies[9].
En retour, ce dernier a alors déposé une plainte à l'encontre du MRAP pour diffamation, et a vu sa plainte aboutir à la reconnaissance du caractère diffamatoire des propos du MRAP contenu dans la citation à comparaître, mais également à la relaxe des prévenus au bénéfice de la bonne foi[10]. Il a fait appel du procès, appel qu'il a perdu, et s'est pourvu en cassation.
Une nouvelle plainte a également été déposée à l'encontre du MRAP pour « faux et usage de faux », concernant la présentation de preuves falsifiées[11].
Monsieur Chagnon a reçu de nombreux soutiens de la part d'autres professeurs, mais aussi d'historiens, d'islamologues et du Mouvement des Maghrebins Laïques de France, venus témoigner en sa faveur à la barre du tribunal; tous ont exprimé leur soutien et mis en évidence la difficulté dans laquelle les enseignants sont placés quand la religion est au programme et qu'un regard critique lui est porté.
L'« affaire Chagnon » a été évoquée à plusieurs reprises dans le bloc-notes tenu par Ivan Rioufol dans Le Figaro. M. Chagnon a été soutenu par (entre autres) l’UFAL et Res Publica, [6], la Libre pensée, [7], l’Observatoire du communautarisme, [8] le MMLF, [9], Primo-Europe[10], auteur d’un ouvrage d’histoire [11], a donné des interviews à Primo-Europe,[12]. Voir les informations sur [13], [14] et [15]. Il a écrit également plusieurs articles ou donné des interviews [16]Dans ces écrits, il insiste sur « la guerre civile qui s’y installe actuellement dont les causes incombent à la politique criminelle d’immigration massive appliquée depuis trente ans par les partis de gouvernement » et « La façon la plus facile pour les islamistes d’acquérir une capacité nucléaire serait, en fait, de conquérir le pouvoir politique en France, le discrédit de la classe politique est telle que cela ne devrait pas présenter un obstacle insurmontable d’autant plus que la situation actuelle paraît être entrée dans une phase pré-révolutionnaire et surtout si l’évolution démographique se poursuit sur les tendances actuelles ». L'un d'entre eux est même reproduit sur un site considéré comme d'extrême-droite [12].
[modifier] Affaire Robert Redeker
Robert Redeker est un professeur agrégé de philosophie qui a écrit un article critique sur l'islam, le coran et Mahomet [17]. Il a été menacé de mort par divers groupuscules islamistes et vit désormais caché. Le MRAP et Mouloud Aounit ont à la fois critiqué les propos de Robert Redeker et condamné les menaces de mort à son encontre. [18][19]
[modifier] Publications du MRAP
- Collectif, Chronique d'un combat inachevé (50 ans contre le racisme), éd. Le temps des cerises/MRAP 1999 ; livre édité à l'occasion du 50e anniversaire du MRAP
- Marie-Agnès Combesque, Racisme, de l'injure au meurtre, éd. Syros/MRAP, 1996
- Jeunes Israéliens et Palestiniens ensemble contre l'occupation et pour la paix, MRAP
[modifier] Voir aussi
[modifier] Liens externes
- Le site officiel
- atheisme.org, le procès opposant le MRAP à Louis Chagnon
- Prochoix : le livre de Caroline Fourest, Frère Tariq, quelques allusions aux rapports entretenus entre le MRAP et Tariq Ramadan
[modifier] Références
- ↑ http://www.atheisme.org/mrap-islam.html
- ↑ http://www.nouvelobs.com/forum/archives/forum_497.html ; « Mouloud Aounit contre le droit au blasphème »
- ↑ http://www.naros.info/article.php3?id_article=258
- ↑ Article du Monde, 06.06.06 intitulé « L'"islamophobie" secoue le MRAP »
- ↑ http://www.mrap.asso.fr/communiques/haine-malek
- ↑ « Sos Racisme se réserve le droit d'attaquer le MRAP », 20 minutes, 24 févier 2006.
- ↑ Article du Monde, 06.06.06 intitulé « L'"islamophobie" secoue le MRAP »
- ↑ Le MRAP use de méthodes autoritaires pour dissimuler les absurdités et horreurs de l'islam
- ↑ Suite à la diffamation du Mrap, Louis Chagnon est victime d'une agression
- ↑ Le MRAP enfin devant ses pratiques diffamatoires au procès intenté par Louis Chagnon
- ↑ Procès de Louis Chagnon contre le MRAP - État des lieux au 12 février 2006
- ↑ http://www.occidentalis.com/article.php?sid=2593